Avec le Covid-19, les grands déménagements d’entreprise ont dû s’adapter

Avec le Covid-19, les grands déménagements d’entreprise ont dû s’adapter

« Les entreprises dont le déménagement a coïncidé avec l’épidémie ont été pionnières malgré elles dans ce questionnement avant-gardiste. »

Camions et pelles mécaniques s’affairent à l’entrée d’Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine). Un paquebot de 56 000 mètres carrés a surgi en face de l’île Saint-Germain, et s’apprête à accueillir, d’ici juillet 2021, près de 3 000 collaborateurs. Une esthétique brute, tout en bois, métal, pierre et béton ; des balcons à foison, une terrasse à perte de vue et une grande halle Eiffel réhabilitée…

Pour son nouveau siège social – le projet Bridge –, Orange met les petits plats dans les grands. L’immense atrium – 22 000 mètres carrés parsemés de ficus et inondés de lumière par de larges verrières – est conçu comme une place de quartier, où collaborateurs et visiteurs pourront discuter de façon informelle : autour d’un café, installés sur un canapé, ou même posés sur les grandes marches des escaliers, équipées de prises électriques.

En musardant dans l’auditorium de 280 places où s’invite le frénétique brouhaha des ouvriers sur un des plus grands chantiers franciliens, on en oublierait presque la pandémie de Covid-19, et son corollaire de pronostics apocalyptiques sur l’avenir des bureaux. « Mettre 7 000 personnes dans un immeuble pourrait être du passé », alerte ainsi Jes Staley, le patron de la banque britannique Barclays, cité par Reuters. Jack Dorsey, le patron de Twitter, autorisera certains de ses salariés à travailler depuis leur domicile de façon permanente, et cela même une fois que l’épidémie ne sera plus qu’un mauvais souvenir. La conception pré-Covid des immeubles de bureau a dû être adaptée.

Les entreprises dont le déménagement a coïncidé avec l’épidémie ont été pionnières malgré elles dans ce questionnement avant-gardiste. « Si c’était à refaire, je choisirais une tour plus haute encore ! », ose Régis Blugeon. En effet, selon le DRH France de Saint-Gobain, « les salariés auront plus que jamais envie de retrouver leur environnement professionnel, il faut donc prévoir de grands espaces. Voilà la leçon du Covid-19 ». L’entreprise a troqué en pleine pandémie l’ancienne tour des Miroirs à La Défense, occupée par 1 100 employés, pour un nouveau gratte-ciel qui peut en accueillir plus du double : 2 700 personnes.

Distanciation sociale

Le déménagement avait débuté au dernier trimestre 2019, « et patatras, le Covid est arrivé. Une partie des collaborateurs s’était installée, les autres sont restés au milieu du gué. Le déconfinement nous a enfin permis d’installer tout le monde », raconte le DRH. Si l’ancien immeuble comptait de nombreux bureaux individuels, c’est tout l’inverse dans la nouvelle tour Saint-Gobain. Quarante pour cent des tables sont « collaboratives », à savoir en forme de boomerang, rondes ou ovales ; et 60 % des postes sont individuels, détaille le directeur des affaires sociales du groupe : « Je pense que dans le futur, on ira vers 90 % de tables partagées. On viendra au bureau pour se retrouver. »

Il vous reste 59.83% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.