Aux Etats-Unis, crise obligataire sur fond d’inflation et de troubles politiques

Aux Etats-Unis, crise obligataire sur fond d’inflation et de troubles politiques

Sur le parquet de la Bourse de New York, le 3 octobre 2023.

Les taux d’intérêt à dix ans ont dépassé, mardi 3 octobre, les 4,8 % aux Etats-Unis, un record jamais connu depuis août 2007. Les investisseurs de Wall Street se demandent désormais si la barre des 5 % sera franchie d’ici à la fin du mois. C’est déjà le cas pour les taux à deux ans, qui sont à 5,15 %. Le taux des emprunts hypothécaires à trente ans, lui, a dépassé 7,7 %, un record depuis l’an 2000, ce qui renchérit considérablement l’achat d’un logement.

Six mois après la faillite de plusieurs banques régionales, mal protégées contre la hausse des taux et mal surveillées par la Fed, la banque centrale américaine, le phénomène pourrait plonger les Etats-Unis dans une crise financière et immobilière.

Cette flambée des taux a été alimentée par la publication, dans la matinée de mardi, des offres d’emploi, qui ont bondi fin août à 9,6 millions, contre 8,9 millions fin juillet. Meilleure que prévue, cette statistique indique un marché de l’emploi toujours trop tendu, qui risque de nourrir l’inflation. Cette tendance, si elle était confirmée par le chiffre de l’emploi de septembre, attendu vendredi 6 octobre, devrait conforter la Fed dans son intention de remonter ses taux à court terme avant la fin de l’année – ils sont aujourd’hui compris entre 5,25 % et 5,5 % – et, surtout, de maintenir le loyer de l’argent à un niveau élevé pendant toute l’année 2024.

Perte de crédibilité de l’Etat fédéral

Si l’inflation est retombée d’un plus haut de 9,1 % en rythme annuel en juin 2022 à 3,7 % en août 2023, un rebond est probable. L’obsession de la Fed, qui veut retrouver une inflation de 2 %, est d’éviter les erreurs des années 1970 et 1980, lorsqu’elle relâcha trop tôt la pression monétaire, laissant filer la hausse généralisée des prix. Le contexte incite à la méfiance. La grève des syndiqués de l’automobile chez General Motors, Ford et Stellantis, qui ont le soutien des responsables politiques et des candidats à la présidentielle américaine Joe Biden et Donald Trump, va mener à des augmentations salariales de plus de 25 % sur quatre ans. Après le mouvement de grève de scénaristes de Hollywood, Netflix va augmenter le prix de ses abonnements.

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Le baril de pétrole texan tourne autour de 90 dollars (86 euros), contre 70 dollars au début de l’été, et devrait alimenter les pressions inflationnistes. Le prix du gallon de l’essence vaut en moyenne 3,80 dollars, contre un peu plus de 3,50 il y a trois mois. Le découplage avec la Chine et la démondialisation renforcent les coûts, alors que l’Amérique est engagée dans un processus de rapatriement des moyens de production.

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