Les pistes du gouvernement pour rééquilibrer la concurrence entre taxis et VTC

Des chauffeurs de taxi bloquent l’autoroute A1 afin de protester contre la concurrence des voitures privées avec chauffeur et contre des changements proposés dans le financement des services de transport médical, à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), le 21 mai 2025.

Après les organisations de conducteurs de véhicules de tourisme avec chauffeurs (VTC), lundi, et les représentants des plateformes (Uber, Bolt, Heetch), mardi, c’est aux syndicats de taxis que le gouvernement a présenté, mercredi 4 juin, les pistes à l’étude pour améliorer les « conditions d’exercice » dans le secteur, et lutter contre la fraude.

Ce cycle de trois réunions avec divers ministères (transports, travail, économie…) et services de l’Etat est l’une des réactions gouvernementales à la grève nationale des taxis, lancée le 19 mai.

Les taxis avaient d’abord demandé plus de contrôles et de sanctions : ce sera chose faite, notamment par la généralisation, au 1er juillet, de trois nouvelles amendes, dont le défaut d’inscription au registre des VTC et la prise en charge d’un client sans réservation.

Une rémunération en baisse

Fabian Tosolini, délégué national livreurs-VTC du syndicat Union-Indépendants, a néanmoins observé un changement de ton : « Les ministres ont acté le fait que la problématique dans le secteur ne venait pas de la fraude des chauffeurs, car la majorité du secteur est en règle, mais bien d’une structuration des plateformes, qui crée un déséquilibre d’offre et de demande qui pousse à accepter les courses les moins rémunératrices, et engendre le développement de gestionnaires de flotte peu regardants des conditions de travail. »

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Deliveroo à nouveau contraint à la requalification de ses livreurs en tant que salariés

Un livreur Deliveroo, à Toulouse, le 18 mars 2025.

C’est une nouvelle victoire pour les livreurs contre les plateformes : 46 coursiers autoentrepreneurs de la plateforme Deliveroo ont récemment été requalifiés comme salariés. Vingt-quatred’entre eux ont obtenu ce jugement en première instance en janvier, décision admise de fait par la plateforme puisqu’elle a abandonné son appel faute de conclusions envoyées à temps. Les 22 autres livreurs ont gagné en appel fin mai.

Deliveroo avait déjà été condamnée, par le passé, aux prud’hommes et en appel pour le même motif, mais c’est la première fois qu’un groupe de livreurs aussi conséquent l’emporte. Ces derniers ne travaillent plus pour la plateforme et sont indemnisés comme s’ils avaient été licenciés. Une soixantaine de dossiers supplémentaires sont en attente de décision d’ici début juillet.

Les tribunaux ont donc reconnu les preuves avancées par les livreurs, confirmant l’existence d’un lien de subordination entre eux et Deliveroo. « La cour d’appel a épluché chaque dossier, et remarqué que l’absence de réelle indépendance était une constante : on leur donne des procédures précises pour la livraison des boissons alcoolisées, on leur interdit pendant des années de livrer en vélo-cargo… », décrit Kevin Mention, l’avocat de tous ces livreurs.

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Papeterie Chapelle-Darblay : le projet de relance obtient le soutien de l’Etat, « étape-clé » dans un dossier industriel à rebondissements

L’usine de Chapelle-Darblay, à Grand-Couronne (Seine-maritime), le 22 septembre 2022.

La route est encore longue jusqu’à la reprise de l’activité de la papeterie Chapelle-Darblay à Grand-Couronne (Seine-Maritime), mais ses soutiens veulent croire qu’une « étape-clé » vient enfin d’être franchie. Après des mois de lobbying de la CGT et des collectivités locales, et un ultimatum de l’industriel Fibre Excellence menaçant de jeter l’éponge d’ici au mardi 10 juin, l’Etat s’est finalement engagé par écrit à soutenir financièrement ce projet emblématique à plus d’un titre, lors d’une énième réunion à Bercy, vendredi 6 juin.

Une « magnifique victoire », preuve que « la lutte syndicale paie », a salué la CGT dans un communiqué, rappelant « le temps qu’il aura fallu pour éviter la destruction de ce fleuron industriel » : « 2 096 jours, soit 5 ans, 8 mois et 26 jours ».

Le projet est en effet porté depuis l’origine par les représentants CGT de l’usine, seuls rescapés de la fermeture du site annoncée fin 2019 par son propriétaire UPM (228 licenciements). L’usine nonagénaire qui produit alors du papier 100 % recyclé à partir de 480 000 tonnes de déchets de papier par an – l’équivalent de ce que rejettent 24 millions d’habitants – n’est pas jugée assez compétitive, et la demande de papier journal décline. Alors qu’un consortium d’acheteurs propose une reconversion dans l’hydrogène vert, la CGT bâtit un plan alternatif et en fait le projet phare de son alliance « Plus jamais ça » avec les organisations Attac et Greenpeace, pour une réindustrialisation respectueuse de l’environnement.

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« Mon père a tout donné à sa carrière. Il a fini par faire un gros burn-out et une dépression » : comment des jeunes ont construit leur rapport au travail en fonction de celui des parents

Mathéo n’a pas encore mis les pieds dans un bureau qu’il est déjà désenchanté du travail. Adolescent, il observe sa mère rentrer du boulot, année après année, toujours plus accablée. « Elle a été pendant plus de vingt ans à La Poste. Elle a toujours travaillé très dur pour pouvoir évoluer, partant sans qualification. Mais elle a vu son travail perdre son sens », raconte le jeune homme (qui a demandé à garder l’anonymat), aujourd’hui âgé de 25 ans et résidant en Bretagne. Dans un contexte de rationalisation des services publics, elle subit « des changements de postes forcés, des objectifs chiffrés inatteignables, des tensions grandissantes avec la clientèle », relate Mathéo, qui a vu ces difficultés peser sur le moral de sa mère.

De ce premier aperçu, lui est restée la solide conviction que le « monde du travail est un piège, résume-t-il. J’ai bien constaté que les efforts qu’on peut faire, comme salarié, se heurtent à des murs ». A l’heure où Mathéo fait désormais son entrée sur le marché de l’emploi, après des études en médiation culturelle, il peine à se projeter dans un horizon professionnel serein. « Surtout que j’ai déjà l’impression de subir. J’ai enchaîné les stages et j’ai encore dû me contenter d’un contrat ultraprécaire, en service civique. Quand je pense à l’avenir, c’est l’incertitude », témoigne-t-il. Pour lui, pas de doute : il est plus raisonnable de « trouver du sens ailleurs que dans la vie professionnelle ».

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Le Conseil d’orientation des retraites suggère un recul de l’âge de départ

Lors d’une manifestation pour, notamment, la revalorisation des pensions de retraites, à Paris, le 20 mars 2025.

Le Conseil d’orientation des retraites (COR) vient d’ajouter une petite pointe de piment dans le débat déjà très épicé sur notre système de pensions. Vendredi 6 juin, cette instance, présidée par l’économiste Gilbert Cette, a diffusé à l’ensemble de ses membres une version quasi définitive de son rapport annuel. Le contenu du document, qui doit encore donner lieu à une discussion, le 12 juin, avant d’être approuvé et officiellement rendu public, penche implicitement en faveur d’une option pour assurer l’équilibre financier des régimes : le recul de l’âge légal de départ. Critiquée par plusieurs syndicats, cette contribution intervient alors que les partenaires sociaux se trouvent dans l’ultime ligne droite d’une difficile négociation sur le sujet.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Retraites : les négociations se compliquent

D’après le COR, notre système par répartition devrait être déficitaire en 2030 à hauteur de 6,6 milliards d’euros, soit 0,2 point de produit intérieur brut (PIB). Ce solde négatif pourrait ensuite se dégrader plus encore, représentant un montant égal à 1,4 point de PIB en 2070.

Pour combler le trou, le rapport examine les « leviers mobilisables » : revaloriser les pensions à un rythme moins rapide que l’inflation, accroître les « contributions » vieillesse payées par les salariés, relever les cotisations des employeurs, repousser l’âge d’ouverture des droits à la retraite (comme dans la loi de 2023 qui l’a fait passer de 62 à 64 ans).

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Les syndicats croisent le fer avec le président du Conseil d’orientation des retraites

Lors d’une manifestation contre la réforme des retraites, à Paris, le 5 juin 2025.

Copie à revoir. C’est ce que les syndicats vont réclamer, jeudi 12 juin, lorsque le Conseil d’orientation des retraites (COR) débattra de son rapport annuel avant que celui-ci ne soit rendu public, le même jour. La version quasi définitive du document, qui a été récemment transmise en amont de la réunion, est critiquée par les organisations de salariés, car elle tend à suggérer que le report de l’âge légal d’ouverture des droits à une pension est la meilleure voie pour garantir l’équilibre financier de notre système par répartition. Une fois de plus, l’instance de réflexion pénètre dans des eaux agitées en raison d’une querelle opposant son président, l’économiste Gilbert Cette, aux représentants des travailleurs.

La polémique a commencé à poindre peu après que le COR a envoyé, vendredi 6 juin, son projet de rapport annuel aux membres de l’institution – dont font partie les syndicats. Le document examine les mesures permettant de résorber le déficit des régimes, pris dans leur globalité : revaloriser les retraites à un niveau inférieur à celui de l’inflation, augmenter les cotisations vieillesse des salariés, majorer celles qui sont payées par les employeurs, reporter l’âge légal de départ, comme dans la réforme de 2023, qui a décalé ce paramètre de 62 à 64 ans.

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Retraites : le Medef refuse de toucher à l’âge légal, mais propose des avancées sur « l’usure professionnelle » et la carrière des femmes

Le président du Mouvement des entreprises de France (Medef), Patrick Martin, arrive à l’Elysée, à Paris, le 5 juin 2025.

Le Medef, principal représentant du patronat, n’entend pas toucher à l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans, alors que le « conclave » sur ce dossier entre dans sa phase finale, affirme-t-il dans un document recensant ses propositions communiquées mardi 10 juin à l’Agence France-Presse (AFP). Le Medef se dit en revanche prêt à avancer « sur l’usure professionnelle » et « faire en sorte que la maternité n’impacte pas le déroulement de carrières des femmes ».

Il ne reste plus que trois sessions du « conclave » entre patronat et syndicats, mercredi et jeudi cette semaine, puis le 17 juin, pour rediscuter de la réforme contestée de 2023 qui avait repoussé de 62 à 64 ans l’âge légal du départ en retraite. « Dans un esprit de responsabilité pour notre pays », le Medef préconise « le maintien de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans ».

Pour l’avenir, « et en s’inspirant de ce qui se passe chez nos voisins européens », le Medef propose par ailleurs « d’indexer de manière automatique l’âge de départ (âge légal et durée d’assurance) sur l’évolution de critères objectifs relatifs à la démographie et au marché du travail », sans donner d’illustration chiffrée.

Concernant l’usure professionnelle, le Medef mesure « que l’attente est forte du côté des organisations syndicales ». Le représentant du patronat se dit prêt « à avancer », conscient « qu’il y a des situations professionnelles plus exigeantes que d’autres, pouvant avoir un impact sur la santé ».

« Faire en sorte que la maternité n’impacte pas » les carrières

Le Medef propose notamment de revoir le compte professionnel de prévention pour que celui-ci prenne en compte la manipulation de charges lourdes, les postures pénibles ou les vibrations mécaniques. Il propose ainsi de modifier le dispositif de l’inaptitude/invalidité « qui concerne aujourd’hui près d’une personne sur sept qui liquide sa retraite » pour que l’âge de départ passe à 61 ans, et non 62 comme aujourd’hui.

Au « sujet des femmes », le Medef dit avoir pour « priorité » de « faire en sorte que la maternité n’impacte pas le déroulement de carrières ». Le Medef suggère de « permettre aux femmes ayant acquis des trimestres supplémentaires liés à la maternité de bénéficier d’une amélioration de leur niveau de pension en modifiant le calcul du salaire annuel moyen ».

Ce dernier serait « calculé non plus sur les 25 meilleures années, mais sur 23 ou 24 années, ce qui mécaniquement améliorera leur niveau de pension ». Pour financer le surcoût, « la surcote parentale à partir de 63 ans, instaurée par la réforme Borne, serait supprimée (neutralisation de l’impact financier) », propose le Medef.

Le « conclave » sur les retraites, qui a commencé le 27 février et devait à l’origine s’achever le 28 mai, a connu son lot de portes qui claquent, avec les départs précoces de FO et la CGT, côté syndicats, et de l’U2P, côté patronat pour les artisans. Il ne reste plus que cinq participants : Medef et CPME (petites et moyennes entreprises) pour le patronat, CFDT, CFTC et CFE-CGC côté salariés.

Le Monde avec AFP

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Budget 2026 : la piste des réductions du nombre de fonctionnaires fait son retour

Les ministres de l’économie et des finances, Eric Lombard, et des comptes publics, Amélie de Montchalin, lors d’une conférence de presse, à Paris, le 16 avril 2025.

Comme souvent lorsqu’un gouvernement est à la recherche d’économies, la réduction du nombre de fonctionnaires revient à l’ordre du jour. Alors que les principaux arbitrages du budget 2026, actuellement en préparation, doivent être présentés avant le 14 juillet, deux ministres de poids se sont positionnés en faveur d’une baisse des effectifs dans la fonction publique.

La ministre des comptes publics, Amélie de Montchalin, a plaidé, dans Le Journal du dimanche du 8 juin, pour « revoir la tendance » de l’augmentation du nombre de fonctionnaires afin de tenir l’objectif fixé de 40 milliards d’euros d’économies pour réduire le déficit public. Le ministre de l’économie, Eric Lombard, s’est montré, lui, encore plus ferme. Le patron de Bercy a ainsi annoncé, sur France Inter le même jour, « qu’il faut engager la baisse du nombre de fonctionnaires ».

Si un calme relatif avait prévalu sur le sujet ces dernières années, l’idée n’est pas nouvelle. Le précédent gouvernement, mené par Michel Barnier, avait déjà évoqué d’éventuelles suppressions de postes à l’automne 2024, avant d’être censuré par les députés.

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Le Forum des images, à Paris, compresse son personnel et sa programmation

Des élèves de l’école Tumo Paris, intégrée au Forum des images, à Paris, en juin 2024.

Marasme au Forum des images à Paris. Claude Farge, directeur général de cette association, créée par la Ville de Paris en 1988, qui gère trois salles de cinéma dans le Forum des Halles, a annoncé, mercredi 4 juin, une salve de mesures d’économies. La programmation sera divisée par deux à partir de septembre et seules huit ou neuf séances par semaine seront conservées, contre 16 aujourd’hui. Si la direction a promis qu’en janvier 2026, la programmation reviendrait à 17 ou 18 séances par semaine, le personnel en doute.

Par ailleurs, M. Farge a confirmé la réduction de plus de 20 % des effectifs, qui proviendra du non-remplacement des départs de salariés en contrat à durée indéterminée (CDI) et du non-renouvellement des contrats de 25 stagiaires, apprentis et services civiques – ces derniers ne coûtent pourtant que 125 euros par mois à l’employeur. Selon le délégué syndical SUD-Culture Solidaires Raphaël Henriot, membre du « collectif » composé des 42 salariés en CDI qui refusent que « ce lieu historique devienne un lieu sans âme », « l’objectif de la direction est de ne conserver que 85 CDI l’an prochain et six postes CDD pérennes », sur un total de 135 salariés. La Ville de Paris se félicite, pour sa part, qu’il n’y ait « aucun licenciement ».

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