A l’hôpital, les professions des femmes demeurent des chemins plantés d’épreuves
Plafond de verre, ségrégations, harcèlement… Une étude de l’intersyndicale Actions praticiens hôpital, diffusée jeudi 7 mars, dresse un bilan des inégalités.

Ce jour-là, Lamia n’a pas été certainement surprise. Lorsque le chef du service de réanimation d’un grand hôpital parisien lui a notifié, au cours de son entretien d’embauche, en novembre 2016, qu’il ne faudrait pas qu’elle tombe enceinte au cours des deux années de son clinicat, cette anesthésiste-réanimatrice de 32 ans ne s’est pas révoltée. Elle se dit en revanche « en colère » de la façon dont les choses se sont passées dix-sept mois plus tard, lorsqu’elle a éclairci qu’elle attendait un enfant.
« Mes supérieurs hiérarchiques m’en ont requis. Pour eux, c’était inimaginable que je leur fasse ce coup-là », exprime Lamia, qui est seulement la deuxième femme de toute l’histoire du service. Alors qu’elle a réalisé des gardes jusqu’à son cinquième mois de grossesse, lorsqu’elle se met à achever ses journées à 19 h 30 et non plus à 21 h 30 ou à 22 heures, une partie de sa hiérarchie le perçoit comme un « désinvestissement » de sa part. « Je passais mon temps à m’excuser auprès de mes collègues », se souvient-elle.
Obstacles liés à la maternité
Le cas de Lamia n’a rien d’inhabituel au sein de l’hôpital public. Plafond de verre, discriminations, harcèlement… S’appuyant sur les réponses apportées par 3 100 médecins et pharmaciens hospitaliers (dont deux tiers de femmes), l’enquête diffusée jeudi 7 mars par l’intersyndicale Action praticiens hôpital vient annoncer les pénuries pour les femmes de conduire une carrière hospitalière à l’égal des hommes.
Les freins aperçus sont nombreux. En début de carrière, ils sont surtout liés à la maternité. Près d’une femme ayant des enfants sur trois (29 %) qui ont riposté au questionnaire considère que sa carrière a été pénalisée par sa grossesse. Plus de deux répondantes sur trois (77 %) disent par ailleurs n’avoir pas eu d’aménagement de poste pendant cette période.
Si le monde hospitalier n’arrête de se féminiser (les femmes représentent plus de la moitié des praticiens hospitaliers), près de 10 % des femmes ayant eu des enfants disent ne pas avoir bénéficié d’un congé maternité, soit parce que le statut de l’époque ne l’acceptait pas, soit pour des raisons reliées à leur carrière ou de pression ressentie.
Les médecins hospitaliers nécessitent par ailleurs tous garantir de fortes amplitudes horaires : plus d’un sur deux (56 %) dit travailler plus de cinquante heures par semaine. Suite : 58 % des femmes médecins (et 46 % des hommes) ayant répondu au questionnaire se déclarent régulièrement en épuisement chronique au travail. Les horaires punissent les femmes, davantage emmenées à s’employer de la sphère familiale (70 % disent par exemple s’occuper du linge à la maison, contre 14 % des hommes ; 58 % disent s’occuper des repas, contre 25 % des hommes).
Jusqu’à maintenant, costume, cravate, tailleur et souliers briqués étaient de rigueur pour les salariés de l’institution, qui fête cette année son 150e anniversaire. Un premier effort à cette convention avait seulement permis, dès 2017, aux ingénieurs des divisions technologiques et numériques du groupe de s’habiller de façon plus détendue.
Aussitôt, tous les salariés pourront arranger « un code vestimentaire flexible ». La note interne, dévoilée par l’agence Reuters, ne dresse pas la liste des vêtements qui seront qualifiés dans les bureaux de la banque.
« Caractère changeant des lieux de travail »
« Nous savons tous ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas sur le lieu de travail », souligne le mémo, précisant tout de même que « bien sûr, une tenue décontractée ne convient ni pour tous les jours ni pour tous les types d’interactions. Nous vous faisons confiance pour faire preuve de discernement en la matière. »
Pourquoi l’illustre maison remise-t-elle l’uniforme du banquier et de la banquière d’affaires au placard ? La nouvelle administration de l’établissement évoque le « caractère changeant des lieux de travail dans leur ensemble, allant vers un environnement plus informel ».
L’entreprise, qui se décrit depuis quelques années comme une « Tech company », doit en effet octroyer des gages de modernité. Il s’agit particulièrement d’attirer les meilleures recrues, lourdement aspirées par les géants de l’Internet de la Silicon Valley (Californie), où règne le look jean tee-shirt, symbolisé par le patron de Facebook, Mark Zuckerberg.
La banque était l’une des dernières maisons à conserver la tradition du complet sur mesure en toutes circonstances. JPMorgan Chase autorise depuis trois ans ses employés à changer le costume pour le polo, en posant toutefois quelques limites : pas de tongs ni de sweats à capuche au bureau. Pour en parvenir là, il aura fallu que Goldman Sachs se dote d’un nouveau patron, David Solomon, banquier et… DJ la nuit – sous le nom de « D.J. D-Sol ».