Quelques astuces pour réussir son entretien d’embauche

Dress-code, langage, communication non-verbale… Au-delà de votre parcours professionnel et votre habilité à bien le présenter, les recruteurs prennent en considération de même à votre attitude durant l’entretien.

1. Pensez bien avant de parler

Nous avons tous des tics de langage. Mais il y a une grande différence entre une discussion informelle entre amis et un entretien d’embauche. Les « hein », « heu », « quoi » qui ponctuent les phrases sont à bannir. De même que les fautes de français : plus jamais de « si j’avais su, j’aurais pas venu » !

2. La forme, c’est le fond qui remonte à la surface

Votre CV est parfait, votre parcours professionnel colle parfaitement à l’annonce à laquelle vous postulez. Mais le jour de l’entretien, vous n’arrivez pas à convaincre le recruteur ? Pour qu’un discours soit entendu, qu’importe le fond, il faut y mettre les formes. En clair, il est nécessaire de maîtriser l’intonation de sa voix pour mieux vendre votre présentation. En effet, il est difficile de croire qu’un candidat est dynamique s’il le dit d’une voix trop « molle »… Pensez aussi à la manière dont vous vous tenez face à votre interlocuteur, à votre jeu de mains ainsi qu’à votre regard. Même si cela peut paraître secondaire, le recruteur sera forcément sensible à la manière dont vous vous comportez.

3. Victime d’un mauvais dress code ?

Durant l’entretien vous êtes jugé à « 55% sur votre apparence, à 38% sur votre gestuelle et à seulement 7% sur vos propos », explique Virginie le Cozic, directrice d’une agence de conseil en image. Si on peut regretter ce « diktat de l’apparence », une tenue adaptée en entretien est cependant un prérequis attendu du recruteur. A moins de travailler dans le milieu de la mode, le protocole veut que vous vous présentiez sous votre meilleur jour en entretien d’embauche.

4. Soyez inflexible avec la ponctualité

Jamais, ô grand jamais, vous ne devez pas être en retard à un entretien d’embauche, même si votre interlocuteur vous laisse ensuite poireauter. En cas d’imprévu, prévenez l’entreprise et faites votre mea culpa. Cela est considéré comme la moindre des politesses…

5. De l’art de discourir spontanément

Pour réussir son entretien d’embauche, il est nécessaire de l’avoir bien préparé. Sur la forme comme nous l’avons évoqué précédemment mais aussi sur le fond. Cela vous permettra d’être cohérent lors de votre présentation et de répondre du tac au tac aux questions du recruteur. Vous ne serez pas déstabilisé et vous pourrez alors lâcher vos fiches pour afficher un discours plus spontané. La confiance en soi est toujours payante : elle rassurera votre interlocuteur. Un bon point pour l’étape d’après !

6. Parlez-moi de vous…

Cette question piège demeure un classique de l’entretien d’embauche. Rien ne sert de se paniquer : le recruteur n’attend pas de vous un grand monologue depuis votre naissance à aujourd’hui. Au contraire, le but est de tester votre capacité à synthétiser un discours clair en lien avec le poste et votre présence en entretien. Alors n’en faites pas un long discours, soyez concis mais clair et vendeur…

7. Mon ancienne entreprise :

S’il est une chose à ne jamais faire, c’est bien de dire du mal de votre ancienne entreprise, ou de vos anciens collègues, hiérarchiques ou non. Même si c’est une des raisons pour lesquelles vous cherchez à changer d’entreprise, vous devrez légitimer votre actuel choix de carrière par un argument professionnel. Personne n’aime être critiqué et encore moins savoir qu’il pourra l’être…

8. Au revoir, et merci

Dernier point important lors d’un entretien d’embauche, la manière dont vous y mettez un terme. Si un recruteur vous demande à la toute fin si vous avez des questions, il est vital d’avoir noté – par écrit – dans un coin de votre tête les points que vous souhaitez approfondir. Cela signifie que vous vous projetez déjà dans le poste et que vous prenez les choses au sérieux. Enfin, pour conclure l’entretien, il est important de remercier votre interlocuteur, de lui dire au revoir et, encore mieux, de saluer les autres personnes qui vous ont accueilli. Sinon, le ou la personne à l’accueil aura vite fait de vous tailler un costard…

 

De l’école jusqu’au lycée, les profs en grève contre les suppressions de postes

C’est une première depuis 2011 : tous les syndicats des personnels de l’éducation appellent à la grève lundi 12 novembre pour dénoncer les suppressions de postes. Ce mouvement risque de perturber la journée de classe dans les écoles, collèges et lycées. A Paris, un cortège s’élancera à 14 heures de Luxembourg pour rallier le ministère et des manifestations sont prévues dans les grandes villes.

Le budget 2019, dont le volet éducation nationale sera discuté en plénière mardi à l’Assemblée nationale, prévoit de supprimer 2 650 postes dans les collèges et lycées publics, 550 dans le privé, 400 dans l’administration. Quelque 1 800 postes seront créés au primaire, en vertu de « la priorité au primaire » voulue par le ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer.

Pour réclamer l’annulation de ces suppressions de postes, les syndicats des fédérations FSU, CFDT et UNSA, dans le primaire (écoles maternelles et élémentaires) et le secondaire (collèges et lycées), ont appelé à la grève, dans le public et le privé.

Les syndicats de l’éducation nationale d’autres fédérations (CGT, SUD, FO) ont eux aussi appelé au mouvement, contre les suppressions de postes mais aussi contre la réforme de l’enseignement professionnel, la réforme du lycée et plus largement contre « la casse du statut général de la fonction publique ». Enfin, le syndicat Snalc s’est associé aux deux plates-formes.

Lire l’entretien avec Laurent Frajerman :   « M. Blanquer est en train d’associer l’image d’une réforme à l’austérité budgétaire »

Poussée démographique

Selon Stéphane Crochet, à la tête du SE-UNSA, c’est la première fois depuis 2011 qu’un appel à la grève sur une thématique éducation rassemble toutes les organisations syndicales, de la maternelle au lycée, dans le public et dans le privé.

En 2011, les enseignants s’étaient mobilisés contre une réforme des carrières et de l’évaluation des professeurs, mesure qui avait ensuite été supprimée après la victoire de François Hollande à la présidentielle. Les personnels « ne comprennent pas » les réductions d’effectifs dans le secondaire, au regard de la poussée démographique attendue en collèges et lycées, souligne Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du SGEN-CFDT. Laurent Berger, secrétaire national de la CFDT, a évoqué lundi sur Franceinfo l’exaspération « extrêmement profonde » des enseignants, qui « n’en peuvent plus ».

L’agence des statistiques du ministère de l’éducation, la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance, prévoit une hausse de 40 000 élèves à chaque rentrée entre 2019 et 2021.


Mais ce choix est assumé par le gouvernement. « Ça fait trente ans qu’on explique (…) que nous avons trop de monde au lycée et qu’on sous-investit chroniquement dans le primaire. Nous, on a décidé de mettre le paquet au départ sur l’éducation dans le primaire », a justifié lundi sur Europe 1 le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux.

Mais ces suppressions annoncées passent d’autant moins après le mouvement #PasDeVague suscité par le braquage, avec une arme factice, d’une enseignante par un lycéen, au sein d’un établissement de Créteil en octobre, ajoute Frédérique Rolet, secrétaire générale du SNES-FSU, premier syndicat dans le secondaire.

Le fact-checking :    Non, il n’y a pas de « réductions d’effectifs d’élèves » justifiant 1 800 suppressions de poste

« Une école de la défiance »

Le nombre des suppressions de postes peut paraître faible par rapport à la totalité des agents de l’éducation nationale (environ un million), mais les syndicats s’attendent à ce qu’elles soient suivies d’autres réductions d’effectifs.

Emmanuel Macron a expliqué vouloir supprimer 50 000 postes dans la fonction publique d’Etat d’ici à 2022. L’éducation nationale, qui représente la moitié des effectifs de cette branche de la fonction publique, risque d’être largement mise à contribution, estime Frédérique Rolet.

Le SNUipp-FSU, premier syndicat dans le primaire, s’agace d’« une pseudopriorité » donnée au primaire, affirmant que les postes créés sont loin de couvrir les besoins nés du dédoublement des classes de CP et CE1 en zone d’éducation prioritaire. Plus généralement, le syndicat critique la politique de Jean-Michel Blanquer, qui donne « le tournis » et créé « une école de la défiance », à l’encontre de « l’école de la confiance » voulue par le ministre.

L’entretien avec Jean-Michel Blanquer :   « L’ensemble des mesures prises sont des mesures sociales »

Women’s Forum : la parité en entreprise, un vœu toujours pieux

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SEVERIN MILLET

La parité en entreprise tient du mirage. Les débats qui auront cours du 14 au 16 novembre, à Paris, dans le cadre du Women’s Forum for the Economy and Society, tenteront vraisemblablement de prouver le contraire. Mais force est de constater que, depuis 1946, année durant laquelle l’égalité entre les hommes et les femmes a été inscrite dans le préambule de la Constitution, plus de 10 textes de lois et décrets se sont succédé pour en réaffirmer le principe, sans qu’elle ne devienne une réalité dans le monde du travail. A ces textes législatifs se sont ajoutés depuis 2004 des accords paritaires, donnant naissance dans les entreprises, à des « directions de la diversité » dont le respect de la parité est une des missions principales. Pas suffisant non plus.

Les femmes restent moins bien payées que les hommes, dès le premier emploi. En moyenne, elles gagnaient 15,7 % de moins que les hommes en 2015, selon Anne Boring, chercheuse affiliée à Sciences Po. Certes, les femmes travaillent souvent à temps partiel. Certes, leurs métiers, ces fameuses fonctions du « care », de l’attention à l’autre, sont en moyenne moins payés que ceux exercés par des hommes. Mais ces arguments ne tiennent pas lorsqu’il s’agit de comparer des salaires à temps plein dès l’entrée sur le marché du travail et au même poste. Pas plus que l’affirmation selon laquelle les femmes demanderaient moins souvent que les hommes à être augmentées. Une étude de trois chercheurs en management et comportement des organisations, publiée le 25 juin, dans la Harvard Business Review, prouve qu’il n’en est rien.

Plus difficilement promues

En fait, les stéréotypes perdurent depuis le 30 juillet 1946, date à laquelle l’arrêté Croizat supprima l’abattement de 10 % appliqué aux revenus féminins, au motif que les femmes étaient plus faibles physiquement. « Les stéréotypes, légitimeurs d’inégalités, figent femmes et hommes dans la cire des préjugés et nous paralysent dans des injonctions inexorables », explique Brigitte Grésy, secrétaire générale du Conseil supérieur de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes.

« J’ai l’impression que nous sommes au début d’un nouveau cycle, avec des initiatives innombrables et l’injonction de réussir, cette fois », affirme Marie-Christine Mahéas, coordinatrice de l’Observatoire de la mixité

« Décrocher un double diplôme en commerce et en luxe »

Maxime Oury, 21 ans, étudiant à ICN Artem Business School

ICN Artem Business School n’occupe que le milieu de tableau dans les classements. Elle a pourtant obtenu les faveurs de Maxime Oury, 21 ans. Pour son double diplôme en commerce et en luxe d’abord. La plupart des autres écoles ne proposant que des spécialisations. Pour sa localisation ensuite.

« Originaire de Metz, je ne voulais pas trop m’éloigner de mon entourage familial », confie-t-il sans ambages. Les locaux tout neufs ont été la cerise sur le gâteau.

Lire aussi :   Comment les étudiants choisissent-ils leur école de commerce ?

« A la rentrée 2017, nous avons rejoint le campus d’excellence Artem qui regroupait déjà, sous sa grande verrière rose et bleu, les Mines de Nancy et l’Ecole nationale supérieure d’arts et de design. Ce rapprochement nous permet, en tant qu’étudiants, de développer une vraie pluridisciplinarité. Concrètement, nous avons des ateliers communs dans lesquels nous partageons nos connaissances et nos idées pour résoudre des problématiques d’entreprise. C’est très enrichissant. »

Les masters professionnels et recherche en développement durable disponibles

Après la licence, beaucoup d’étudiants choisissent de compléter leurs parcours par un master (M1 et M2). Cette option est bien conseillée dans la mesure où l’enseignement en licence est assez généraliste. Une spécialisation est donc préférable. Le choix est rigoureux et se fait sur dossier.
Une pré-spécialisation est opérée en M1 et achevée en M2. Dans ce dernier cas, les formations se fragmentent en deux groupes : les formations à finalité professionnelle (master professionnel) et à finalité recherche (master recherche).

Les masters liés à l’environnement

Master professionnel Evaluation des risques environnementaux – risques chimiques à l’Université du Havre.
Cette spécialité a comme objectif d’apporter à l’étudiant des connaissances au même temps théoriques et pratiques selon trois axes :
Identification des sources et de la nature des risques chimiques pour l’environnement ainsi que les méthodes chimiques et biologiques d’analyse
Modalités de quantification des risques
Une grande quantité de directives et procédures permettant la maîtrise et la prévention des risques liés aux contaminations chimiques.
Un stage professionnel de six mois vient compléter des enseignements théoriques en toxicologie, en droit de l’environnement, en prévention des risques, en gestion de l’environnement, etc. Attention, seulement 16 étudiants par an sont admis après étude de leur dossier.

Master professionnel Conservation et restauration des écosystèmes à l’Université de Nancy I.

Les cours sont sur des thématiques comme la gestion des agrosystèmes et des écosystèmes forestiers, les stratégies d’échantillonnage et de traitements des données écologiques, la génétique et l’amélioration des plantes et des animaux, les systèmes d’information géographique et leurs applications ou encore les acteurs et la législation en environnement. Après un stage de longue durée est intégré au cursus.
Une fois les étudiants ont  obtenu le diplôme, les étudiants pourront se diriger vers des agences et organismes gestionnaires de l’environnement afin de trouver un travail.

Master professionnel Management environnemental et développement durable à l’Université de Troyes.

Ce master forme des spécialistes de la gestion de l’environnement. Il propose, avant un stage de six mois, un semestre d’enseignements spécifiques (écoconception de produits et de services ; écologie industrielle et animation territoriale ; gestion intégrée des ressources et intelligence énergétique, etc.). Il s’appuie sur les compétences du Centre de Recherches et d’Etudes Interdisciplinaires sur le Développement Durable (CREIDD) et de ses partenaires.

Les masters liés à l’aménagement urbain, à l’architecture et aux transports

Master professionnel Développement durable, management environnemental et géomatique à l’Université Paris I.
Ce M2 est accessible, sur dossier, aux titulaires d’un M1 (géographie, droit, économie) ou d’un diplôme de niveau au moins équivalent. Il est axé sur la formation à la maîtrise d’ouvrage, tant du point de vue des collectivités que des entreprises, plus particulièrement dans les domaines suivants :
de l’intégration paysagère des aménagements, des équipements et des établissements
de la prise en compte de l’environnement dans la commande publique
d’une gestion préventive des risques.
Il donne la possibilité au jeune diplômé pour se diriger vers des métiers comme ingénieur subdivisionnaire de la fonction publique territoriale, maîtrise d’ouvrage, Chargé de mission, etc.

Master professionnel Transport et développement durable (TraDD) en association à L’Ecole polytechnique, l’Ecole des Mines de Paris et l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées.
Cette formation est dédié aux étudiants qui disposent au minimum d’un niveau bac + 4, et qui possèdent des  connaissances solide en sciences de l’ingénieur ou en sciences économiques et témoignant d’un niveau en mathématiques équivalent à celui d’une licence scientifique.se sont associées.

Master professionnel et recherche Développement agricole durable : économie internationale et sécurité alimentaire à l’Université Paris XI.
Cette spécialité constitue une poursuite de formation pour des étudiants issus des M1 principalement de sciences économiques, sciences du végétal et agronomie.
Dans le parcours professionnalisant, l’objectif est de former des spécialistes du développement durable sachant
Concevoir et mettre en oeuvre des projets et des programmes de développement,
Concevoir et mettre en application des programmes de sécurité alimentaire et nutritionnelle,
Conseiller et porter assistance aux institutions de développement des pays du Nord comme des pays du Sud (développement agricole durable)
Négocier des contrats sur les marchés agricoles mondiaux.
Pour le parcours recherche, l’objectif fixé est de permettre aux étudiants de se former dans les domaines du développement agricole durable, de l’économie agricole internationale et de la sécurité alimentaire des pays du Sud.

« L’opinion publique a une conception de l’inégalité qui diffère des indicateurs les plus courants »

Tribune. L’opinion publique semble percevoir l’inégalité comme en augmentation continuelle. Cette impression a même tendance à se renforcer. Selon le baromètre d’opinion du ministère des solidarités et de la santé (« En 2017, des Français moins inquiets et davantage demandeurs d’intervention publique », Drees, mars 2018), la proportion de Français qui pensent que l’inégalité s’est accrue au cours des cinq années précédentes a fortement crû au cours des années 2000 : ils sont aujourd’hui 77 % à partager cette opinion.

Qu’en est-il en réalité ? Qu’il s’agisse des niveaux de vie individuels ou de la part des 1 % ou 10 % les plus riches dans le revenu total des ménages avant impôts et transferts, l’inégalité a en réalité très peu varié en France au cours des quinze dernières années. Le coefficient de Gini des niveaux de vie, une mesure standard qui varie de 0 (parfaite égalité) à 1 (parfaite inégalité), était en moyenne de 0,284 durant les trois premières années du millénaire. Quinze ans plus tard, il était de 0,289 : l’augmentation est infime. De même, la part du 1 % des foyers les plus riches est passée de 12 % du revenu total des ménages en 2000 à un peu plus de 11 % aujourd’hui. Des fluctuations ont bien eu lieu entre deux, mais elles ont été de courte durée et de faible ampleur.

La réalité statistique est donc que la France est un pays où l’inégalité a été stable dans la période récente, à la différence d’autres pays, comme les Etats-Unis, où l’inégalité est sur une tendance ascendante depuis plus de trente ans, ou l’Allemagne.

Beaucoup de dimensions dans le concept d’inégalité

Comment expliquer ce divorce entre perception et réalité ? Une première possibilité est que, bien que couramment utilisées par les spécialistes, les statistiques citées plus haut ne reflètent que deux aspects particuliers des inégalités économiques. L’une résume l’inégalité dans l’ensemble de la distribution des niveaux de vie, et l’autre…

Le « CDD d’usage », angle mort de la précarité

L’hôtellerie-restauration a recours à de nombreux CDDU.

Combattre « la précarité » : c’est l’un des thèmes fixés par le gouvernement que les partenaires sociaux vont aborder durant les négociations sur une nouvelle convention d’assurance-chômage. Alors que les discussions devaient s’ouvrir, vendredi 9 novembre, la logique voudrait que le patronat et les syndicats mettent la focale sur une des formes d’emploi les plus instables : le CDD d’usage (CDDU). Peu connu du grand public, ce dispositif, très souple, a joué un rôle important dans l’envolée des contrats de travail de courte durée. Or, le thème n’est, pour le moment, guère mis en avant par les protagonistes.

« La question des CDDU est traitée dans le cadre de la “permittence” », se contente-t-on d’indiquer au ministère du travail. Une réponse laconique qui fait allusion au « marché » imposé par l’exécutif : les organisations d’employeurs et de salariés doivent prendre des dispositions (à l’échelon national et au niveau des branches), qui permettent de réduire le nombre de personnes alternant des CDD chez un même employeur et des périodes d’inactivé indemnisées par l’assurance-chômage. Si aucune solution n’est trouvée, le législateur sortira l’artillerie lourde : le bonus-malus, qui majore les cotisations des entreprises dont la main-d’œuvre tourne fréquemment.

3,7 millions de contrats

« Un recours mieux organisé au CDDU peut faire partie » des options pour résorber la précarité, complète une autre source gouvernementale. Mais le sujet est absent du document que Matignon a transmis au patronat et aux syndicats pour cadrer leurs pourparlers.

Pourtant, il y a là une problématique qui mérite d’être examinée. A la différence du CDD « ordinaire », le CDDU peut être renouvelé à l’infini et ne prévoit aucune prime de précarité lorsqu’il prend fin. Une seule limite : le champ du dispositif, qui ne s’applique qu’à une trentaine de secteurs. Cinq d’entre eux « représentent à eux seuls près des trois quarts des embauches…

Quand le maire de Chartres refuse 2 000 emplois

La cathédrale de Chartres (Eure-et-Loir), en février 2017.

L’affaire a de quoi surprendre, alors que l’emploi figure en tête des préoccupations des élus locaux. Elle remonte au printemps mais vient d’être portée sur la place publique par Jean-Pierre Gorges, maire sans étiquette de Chartres (Eure-et-Loir).

L’ancien élu Les Républicains, qui est aussi président de Chartres Métropole, a révélé, mercredi 7 novembre, à un parterre de chefs d’entreprise qu’il avait rejeté l’offre d’implantation d’une plate-forme logistique au printemps 2018. Le nom du porteur du projet n’a pas été communiqué. L’offre en question portait pourtant sur la création de 2 000 emplois sur un site de 20 hectares dans une ville où le taux de chômage atteint 9 %.

Le groupe en question envisageait de s’installer sur un terrain situé dans la zone d’activité du Jardin d’entreprises, au nord-est de Chartres, à faible distance d’un accès à l’autoroute A 11, de la RN 10 et d’une sortie possible de la future A 154, dont la mise en service pourrait intervenir en 2022. La ville préfecture d’Eure-et-Loir se trouve à un nœud routier reliant la Normandie à l’Ouest et au Sud-Ouest de la France. Ceci à 85 kilomètres de Paris.

« Je veux stimuler un développement endogène »

Pour justifier son choix qui peut étonner dans une agglomération dont nombre d’habitants vont travailler à Paris, l’élu a fait référence aux nuisances causées par la circulation de 50 000 poids lourds par mois, à l’équilibre sociologique de sa ville et à la fragilité du type de créations d’emplois envisagées.

« J’aurais dit oui si j’étais à la recherche d’un coup, pour pouvoir dire : regardez, je viens de créer 2 000 emplois ! Je préfère raisonner en pensant à la démographie et à la sociologie de Chartres. J’ai envie de vivre dans une ville où il y a une vraie mixité sociale (…), et je veux stimuler un développement endogène. A Chartres, on s’occupe d’abord des entreprises qui sont en place et qui se développent », a expliqué le maire, assurant que les 2 000 créations de postes envisagées portaient sur des « emplois non qualifiés, faiblement payés et travaillant en 3×8. » Et l’édile ajoute : « Nous avons connu ce type de situation dans le département. Dreux a profité pendant longtemps de créations importantes de ce type d’emplois dans l’automobile, puis par Philips. Aujourd’hui, les entreprises se sont toutes retirées. Et Dreux qui était en avance, vit maintenant une crise de l’emploi. »

Le maire de Chartres estime que les postes de travail en jeu risquaient fort, à moyen terme, d’être laminés par l’automatisation. C’est cette perception de l’économie et du développement qu’il a exposée, mercredi, à 450 chefs d’entreprise réunis dans le cadre de ses échanges avec les milieux économiques. Il n’a pas craint de dire que s’il n’avait pas été sûr de cette orientation, il n’aurait pas pris la décision de se présenter aux élections municipales de 2020 pour briguer un quatrième mandat. « C’est un choix politique. Je pense à Chartres dans quarante ou cinquante ans ! »

Dreux était prête à sauter sur l’occasion

Mais ce qui n’est pas jugé opportun en terre beauceronne peut sembler attractif plus au nord du département. Maire LR de Dreux, en poste depuis 1995, Gérard Hamel ne cache pas qu’il était prêt à sauter sur l’occasion quand il a eu connaissance du projet de plate-forme logistique. « C’était lors d’un repas, il y a six mois, après avoir expliqué pourquoi il ne donnait pas suite, Jean-Pierre Gorges m’a demandé si ça m’intéressait. Je me suis rapproché des services du comité de développement économique de la région où je siège pour monter un dossier. Ils avaient déjà connaissance de ce projet. Mon équipe a proposé un terrain de 24 hectares. Notre proposition a été transmise, mais pas retenue », déplore l’édile.

Le taux de chômage est de 13 % à Dreux. Entre 2008 et 2013, les bassins d’emploi des deux villes ont perdu 16 000 postes. Elles échangent près de 7 000 navetteurs chaque jour.

Plus de 13 000 résidents de la zone d’emploi de Dreux vont travailler quotidiennement dans les zones d’emploi de Paris et des Yvelines. Ils sont 25 000 à faire de même depuis la région de Chartres. L’histoire ne dit pas ce qu’ils pensent de l’initiative de M. Gorges…

Syndicats et patronat entament une difficile négociation sur l’assurance-chômage

Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger – ici le 20 novembre 2015 à l’hôtel Matignon –, refuse « l’approche budgétaire » de cette négociation.

Syndicats et patronat entament, vendredi 9 novembre dans l’après-midi, une discussion difficile sur l’assurance-chômage, destinée à trouver plusieurs milliards d’euros d’économies à la demande du gouvernement. A la fin de septembre, l’exécutif a annoncé la couleur aux partenaires sociaux. Il faudra faire entre 3 milliards et 3,9 milliards d’euros d’économies sur trois ans. Objectifs principaux affichés : accélérer le retour à l’emploi, réduire la précarité et désendetter l’Unédic.

« Nous n’étions pas demandeurs », répètent en boucle les syndicats, en faisant la moue. Les partenaires sociaux ont déjà planché en 2018 sur une réforme qui a permis d’élargir l’indemnisation à davantage de démissionnaires et dans certains cas aux indépendants, promesse de campagne d’Emmanuel Macron. L’encre de cette réforme était d’ailleurs à peine sèche cet été que le président de la République leur a demandé de rouvrir le chantier et de réviser l’ensemble des règles d’indemnisation.

La dernière convention d’assurance-chômage, qui définit le cadre d’indemnisation pour les demandeurs d’emploi, avait été négociée juste avant l’élection présidentielle et est entrée en vigueur il y a tout juste un an.

Lire aussi :   Assurance-chômage : la négociation de la dernière chance

Les syndicats contre l’« approche budgétaire »

Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, refuse « l’approche budgétaire » de cette négociation. Pour lui, l’important est de « maintenir un niveau d’indemnisation qui permette le retour à l’emploi, (…) un bon niveau d’indemnisation » et que soit traité le problème de « l’usage abusif des contrats courts ». Cette question va être le nœud principal de la négociation.

Comment essayer d’enrayer la prolifération de ces contrats qui coûtent cher à l’Unédic ? Le candidat Macron avait promis d’imposer un « bonus-malus » pour pénaliser les entreprises qui en abusent, mais le gouvernement souffle le chaud et le froid sur cette promesse depuis plusieurs mois. Cette idée a toujours hérissé le patronat et les partenaires sociaux n’ont jamais réussi à se mettre d’accord.

L’expression « bonus-malus » n’est d’ailleurs pas inscrite dans le document de cadrage publié à la fin de septembre par l’exécutif et qui fait office de feuille de route. La CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises) s’est déjà épouvantée d’un projet du gouvernement auquel elle a eu accès, et qu’elle juge « mortifère » pour l’emploi.

Lire aussi :   Diagnostic de l’Unédic sur l’essor des contrats courts

« Aucun tabou »

Les huit organisations syndicales et patronales, gestionnaires du régime d’assurance-chômage, vont aussi se pencher sur la « permittence », c’est-à-dire l’alternance entre emploi et chômage, qui englobe plusieurs dispositifs, comme la possibilité de cumuler une partie d’allocation et de salaire. La révision du régime des intermittents est également en jeu.

La question de la dégressivité des allocations, notamment pour les cadres, devrait elle aussi s’inviter à la table. « On peut tout ouvrir, tout regarder sans aucun tabou », a expliqué à l’Agence France-Presse Hubert Mongon, négociateur assurance-chômage pour le Medef.

A l’issue des négociations, s’il n’est pas satisfait, l’Etat reprendra la plume. Il met en avant un financement opéré désormais pour partie par l’impôt (CSG) au lieu des cotisations sociales salariales pour avoir plus que jamais son mot à dire. Plusieurs syndicats alertent depuis des mois sur l’avenir même du paritarisme. A l’instar de Force ouvrière (FO), qui craint que si les partenaires sociaux n’arrivent pas « jusqu’au bout » de cette négociation, il s’agisse de la « dernière négociation Unédic ».

Côté patronat, le Medef, qui se dit « attaché à un système assurantiel et contributif géré de manière paritaire », s’inquiète de ce « système hybride ». Il ne veut pas « servir de variable d’ajustement par les cotisations » et alerte sur le fait que 200 millions d’euros manquent aujourd’hui à l’appel. La ministre du travail, Muriel Pénicaud, a été interpellée sur le sujet par courrier à la mi-octobre, les partenaires sociaux attendent sa réponse.