Olivier De Schutter, rapporteur de l’ONU sur les droits humains : « Il faut mieux rémunérer le travail qui a la plus grande valeur pour la société »

L’Europe affronte une crise du pouvoir d’achat aux proportions inédites. En 2022, l’inflation était de 9,6 % en moyenne dans les pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), et de 9,2 % dans l’Union européenne (UE), selon Eurostat. Or, les salaires n’ont augmenté dans le même temps que de 4,4 % dans l’UE, ce qui signifie une baisse des salaires réels de l’ordre de 2,4 % en Europe ; en Italie, les salaires réels se situent aujourd’hui à un niveau de 12 % au-dessous de ce qu’ils étaient en 2008. Le phénomène est mondial : l’Organisation internationale du travail (OIT) rapporte que, pour la première fois dans ce siècle, les salaires réels ont chuté (de 0,9 %) en 2022. En outre, les inégalités vont augmenter, car les plus précarisés consacrent une part plus importante de leurs revenus à des biens et des services essentiels tels que l’énergie, l’alimentation et la mobilité, dont les prix ont augmenté plus vite encore que les autres composantes des budgets des ménages.

L’affaiblissement des syndicats, la mondialisation et la menace de délocalisations, le développement du travail précaire (y compris du travail sur des plates-formes) : tout cela contribue à expliquer que, partout, la part du travail en pourcentage du produit intérieur brut (PIB) diminue depuis les années 1980. Elle est passée, par exemple, de 66,1 % à 61,7 % entre 1990 et 2009 dans les pays de l’OCDE.

Or, en parallèle, émerge le sentiment que les salaires ne reflètent pas la véritable valeur du travail fourni. Au-delà du cas extrême des personnes offrant du temps non rémunéré au sein du ménage ou de la communauté (en majorité des femmes), le malaise est général : les professions les plus utiles socialement, qui relèvent du « care » ou de l’entretien des communs, sont les moins valorisées.

Dans une étude sur les emplois devenus « essentiels » lors de la pandémie de Covid-19, l’OIT a constaté que les « travailleurs essentiels » (qui sont le plus souvent des travailleuses) gagnaient, en moyenne, 26 % de moins que les autres, alors qu’un tiers au moins de cet écart ne peut pas s’expliquer par des différences de qualifications. En d’autres termes, les travailleurs et travailleuses qui fournissent des services vitaux à la société, dans des secteurs tels que la production et le commerce de détail alimentaires, les soins de santé, le nettoyage et l’assainissement ainsi que les transports, sont sous-payés.

Manque de reconnaissance

Rien d’étonnant à cela : alors que la véritable contribution du travail au bien-être général ne peut se limiter à la valeur ajoutée monétaire, le pouvoir de négociation des travailleurs dépend en grande partie de ce que le consommateur final du bien ou du service paiera. Or, les bénéficiaires des services que fournissent les employés du « care » ne veulent pas ou ne peuvent pas payer davantage. C’est une raison supplémentaire du malaise : en raison de la manière dont la valeur du travail est actuellement estimée sur le marché du travail, celui-ci sera d’autant moins bien rémunéré qu’il répond aux besoins des personnes à faibles revenus, plutôt qu’à la demande qu’expriment les ménages les plus aisés.

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Transition écologique : des recrutements publics en hausse qui traduisent les priorités du gouvernement

Le ministre français de la transition écologique et de la cohésion des territoires, Christophe Bechu, arrive pour assister à une réunion avec le président français pour présenter le plan de planification écologique, à Paris, le 25 septembre 2023.

Il y a les chiffres qui marquent et que ne manque pas de rappeler le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires Christophe Béchu : 7 milliards de crédits de paiement pour la transition écologique, 10 en comptant les autorisations d’engagement de dépenses et, au total, 40 milliards pour un budget « vert », comprenant la rénovation des bâtiments, la décarbonation des transports ou encore la biodiversité. « Un effort sans précédent de l’État qui permet d’être au rendez-vous du déploiement sur tous les terrains de la planification écologique », commente-t-il.

Il en est d’autres, moins impressionnants mais tout aussi importants. « Pour la première fois depuis vingt ans », les effectifs du ministère sont en hausse. M. Béchu a annoncé lors de la présentation du projet de loi de finances (PLF) mercredi 27 septembre une augmentation de 760 emplois, en 2024, dans les services des ministères (écologie, énergie) ainsi que dans ceux des opérateurs. Ces effectifs avoisinent les 70 000, dont 47 000 au ministère et 23 000 dans les agences.

« C’est une bonne nouvelle bien sûr, mais cela ne compense pas la baisse de 20 % des effectifs sur les dix dernières années. Nous n’avons pas assez d’agents sur le terrain », indique Véronique Caraco-Giordano, la secrétaire générale du Syndicat national de l’environnement, SNE-FSU. Le secrétaire général de la fédération nationale Equipement-environnement CGT, Ivan Candé, relativise aussi. « C’est une hausse de moins de 1 % des effectifs, à comparer aux baisses précédentes. On ne peut pas prendre cela pour solde de tout compte, avec les réorganisations des services qui continuent, les transferts de missions aux collectivités », indique le responsable syndical. Tous les syndicats du ministère s’apprêtent à manifester, le 2 octobre, à l’occasion du prochain comité social d’administration budgétaire, l’équivalent d’un comité social et environnemental dans le privé, où leur sera présenté le PLF.

Tous les secteurs prioritaires de la transition écologique sont pourvus d’effectifs supplémentaires : 170 pour la rénovation énergétique des logements, dont plus de 50 pour l’Agence nationale de l’habitat et plus de 100 dans les services déconcentrés. Plus de 100 emplois seront créés pour la biodiversité, dont 47 à l’Office français de la biodiversité, 13 au conservatoire du littoral et 10 dans les parcs nationaux. Et 66 postes nouveaux sont affectés aux agences de l’eau. L’agence de la transition écologique, Ademe, obtient une centaine d’emplois supplémentaires, ainsi que Météo France (25 postes) ou le Cerema, centre d’expertise au service des territoires (10 emplois).

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« La Qualité de vie et des conditions de travail, l’affaire de tous ! », un ouvrage qui prône la culture de la parole face aux risques psychosociaux

Livre.De quoi la QVCT – comprenez « qualité de vie et des conditions de travail » – est-elle le nom ? Que nous dit la mise en avant récente de ce sigle aux dépens de la simple « qualité de vie au travail » ? Quels sont les ressorts du bien-être au travail, et avec eux les mécaniques qu’il convient de mettre en place pour lutter contre son pendant négatif : les risques psychosociaux (RPS) ? Un ouvrage collectif, La Qualité de vie et des conditions de travail, l’affaire de tous ! (ESF Sciences humaines, 252 pages, 24 euros), porté par Jean-Edouard Grésy et Philippe Emont, associés au sein du cabinet de conseil AlterNego, se propose d’explorer le sujet.

L’exposé se veut avant tout pratique et pédagogique. Il pose les bases des problématiques rencontrées par les collaborateurs (la dynamique du stress…), les leviers d’action pour l’entreprise (que faire quand un salarié a une addiction ?), tout en multipliant les points de droit, rappelant, par exemple, qu’un seul acte peut suffire à constituer un harcèlement discriminatoire.

Pour démontrer l’importance de la qualité de vie et des conditions de travail, les auteurs soulignent l’ampleur des risques de nature psychosociale. Risques pour les personnes concernées, bien sûr, pour leurs collègues également (« il n’est pas nécessaire d’en être directement victime pour en éprouver les effets délétères : sentiment d’insécurité, perte de confiance…  », rappelle l’ouvrage), mais aussi pour l’entreprise. « Performance économique et performance sociale sont intimement liées », notent les auteurs, qui évoquent en outre les atteintes juridiques, réputationnelles, mais aussi le risque financier, « un enjeu montant ».

Lire l’analyse des chercheurs du projet du Liepp : Article réservé à nos abonnés « La qualité de l’emploi et du travail en comparaison européenne : une contre-performance française ? »

Dès lors, comment les organisations peuvent-elles se saisir efficacement du sujet, au-delà des « dérives “bonheuristes” » et du « symbole du baby-foot » régulièrement pointés du doigt ? Les auteurs délivrent conseils et méthodes pour faire face aux risques psychosociaux, autour de deux fondamentaux : une approche systémique du sujet et une prise en charge collective, à travers la parole et l’échange.

« La réalité du terrain »

Ils invitent ainsi à porter un regard d’ensemble sur la question de la QVCT, en ne se concentrant pas uniquement sur la dimension individuelle. Le collectif a ainsi pleinement son rôle à jouer : « Le premier niveau fondamental de prévention est le lien social », assurent les auteurs, qui invitent également à porter un regard sur l’organisation elle-même : « l’environnement de travail, la répartition des charges, les processus internes ».

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Smic et bas salaires : le piège inflationniste

Deux années sous inflation ont mis la mécanique française des salaires à rude épreuve et révélé le rôle fondamental du smic, seul salaire indexé sur l’indice des prix à la consommation, dans la dynamique globale.

Avec ses avantages : les travailleurs au salaire minimum sont les seuls à ne pas avoir connu de perte de pouvoir d’achat – le niveau de salaire du reste des Français n’a, lui, « rattrapé » l’inflation qu’au deuxième trimestre 2023, au bout d’un an et demi de décrochage. Et avec ses effets de bord, sur les bas salaires et les finances de l’Etat. Ces conséquences inattendues devraient être au cœur de la conférence sociale, promise par Emmanuel Macron aux chefs de parti politique à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) et attendue mi-octobre.

Comme le veut la loi, qui prévoit une revalorisation en cours d’année dès que l’inflation croît d’au moins 2 % par rapport à la dernière hausse du smic, le salaire minimum a été augmenté à six reprises depuis octobre 2021, la dernière fois le 1er mai, pour atteindre 1 747,20 euros brut mensuels.

Un fort sentiment de déclassement

« Le problème, c’est que cela a provoqué un tassement de plus en plus prononcé des salaires dans le bas de la grille », souligne Luc Mathieu, secrétaire national de la CFDT. Comme les hausses automatiques du smic sont forcément plus rapides que celles du reste des salaires, en raison du temps nécessaire à la négociation, de plus en plus de travailleurs ont vu leur progression en matière d’ancienneté ou de responsabilité effacée. De quoi provoquer un fort sentiment de déclassement.

Début 2022, le smic concernait 2,5 millions de salariés, soit 14,5 % d’entre eux (contre 12 % un an plus tôt). Et la moitié des salariés du privé a touché moins de 2 012 euros net par mois en 2021.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Les salaires ont rattrapé l’inflation au deuxième trimestre

Pour éviter ce « tassement », le Parti communiste et La France insoumise, ainsi que des syndicats comme la CGT, FO et la CFE-CGC, réclament depuis des mois l’indexation de l’ensemble des salaires sur l’inflation. « Une telle demande serait inconcevable dans d’autres pays, où les syndicats estiment que les augmentations de salaires sont leur prérogative, s’étonne Gilbert Cette, professeur d’économie à Neoma Business School et président du groupe d’experts sur le smic. C’est aux partenaires sociaux de s’en emparer. »

Chargées de fixer les salaires minimum, ou « minima conventionnels », qui doivent s’appliquer en fonction des qualifications ou de l’ancienneté aux entreprises partageant la même convention collective, les branches professionnelles ne sont pas parvenues à sauver leurs grilles de la noyade. Lors de la dernière revalorisation du smic en mai, 147 branches professionnelles sur 171 ont vu leurs minima dépassés. Quatre mois après, 64 d’entre elles sont toujours en « inconformité ».

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« Il est temps de reconnaître la médiation sociale comme un métier à part entière »

Dans une société en profonde mutation, de nombreux Français sont confrontés à des enjeux majeurs : la précarité, l’exclusion de l’emploi, l’isolement, ou encore la fracture numérique… Ces phénomènes, qui contribuent à fragiliser le lien social, ont amplifié le sentiment d’abandon et de marginalisation ressenti par les habitants, particulièrement dans les territoires les plus en difficulté : quartiers prioritaires de la politique de la ville, zones périurbaines, territoires ruraux, territoires ultramarins.

Face au délitement du lien social, le renforcement de la présence humaine active de professionnels contribuant à la cohésion sociale sur le terrain apparaît comme indispensable. L’ensemble des travailleurs et des intervenants sociaux – notamment les acteurs de proximité que l’on nomme les médiateurs sociaux – est la clé de voûte de notre cohésion sociale.

Les différentes crises économiques et sociales ont mis en évidence le rôle essentiel de ces acteurs dans le maintien du lien entre l’individu et la société. Durant tous ces moments difficiles, ils n’ont jamais quitté le terrain, arpentant les rues afin de poursuivre un dialogue permanent avec les populations inquiètes de leur situation et de leur devenir. Ils ont su faire preuve d’adaptabilité et de réactivité pour répondre à leurs besoins, comme ils savent si bien le faire chaque jour.

Les conséquences sociales de ces différentes crises ont contribué à l’aggravation des conditions de vie des plus précaires et vont accentuer dans les mois à venir les besoins de solidarité et de soutien d’un grand nombre de nos concitoyens, mais aussi la nécessaire implication de chacun dans le vivre et le faire-ensemble.

Accompagnement des transitions

Depuis maintenant plus de quarante ans, la médiation sociale s’est progressivement enracinée dans le paysage institutionnel. Dans les territoires, elle est devenue indispensable, aussi bien pour l’accompagnement des habitants dans l’accès aux droits et aux services, du fait d’une dématérialisation galopante des services publics devenus pour la plupart inaccessibles par la fermeture des accueils, que pour le maintien de la tranquillité en prévenant et gérant les conflits inhérents à la vie quotidienne.

Elle est aussi essentielle pour l’accompagnement des transitions, qu’elle soit d’ordre économique, écologique ou social. Par leur action au plus près des populations, les médiateurs sociaux contribuent au développement des capacités de chacun dans le « faire société ».

Aussi bien dans l’espace public, l’habitat, les transports, les établissements scolaires que dans les champs de l’accès aux droits et services, l’éducation à la citoyenneté, la prévention de la délinquance ou encore l’accompagnement des transitions écologiques, sociales et numériques, le rôle des plus de douze mille médiateurs sociaux en France est reconnu par les habitants et ne souffre d’aucune contestation. Toutes les évaluations sur les résultats et impacts de la médiation sociale réalisées depuis plus de dix ans le montrent.

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Les bas salaires rattrapent l’inflation, mais pas ceux des cadres

Pour la première fois depuis le début de l’envolée des prix, en 2021, la hausse des salaires a (un peu) dépassé l’inflation. C’est ce que montrent les chiffres du deuxième trimestre de la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du travail, publiés le 22 septembre.

L’indexation du smic sur l’inflation a permis d’entraîner une hausse des plus bas salaires. Au deuxième trimestre, le salaire mensuel de base des ouvriers a ainsi augmenté de 5,3 % sur un an ; et celui des employés, de 4,9 %. Rapportés à l’inflation (de 4,4 % sur la période), ils ont ainsi rattrapé l’évolution des prix. Résultat, les salaires réels des ouvriers et employés ressortent en hausse à la fin de juin, à moins de 1 %.

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En revanche, avec une hausse de seulement 4,3 % pour les professions intermédiaires, et de 3,8 % pour les cadres, les salaires réels de ces deux dernières catégories socioprofessionnelles restent sous la ligne de flottaison. Les professions intermédiaires, de plus en plus nombreuses et féminisées selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), sont très diverses : infirmiers, assistants sociaux, professeurs des écoles, commerciaux, comptables, contremaîtres…

Quelle sera la suite ? A en croire des spécialistes des ressources humaines, les revalorisations salariales pourraient tourner autour de 4,8 % cette année, pour une inflation se situant à environ 4 % à la fin de décembre, d’après les prévisions de l’Insee.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Les salaires ont rattrapé l’inflation au deuxième trimestre

Accidents du travail : « Pour une politique zéro mort ! »

En Europe, la France fait partie des pays où l’on meurt le plus au travail, avec 3,32 accidents mortels pour 100 000 personnes en activité (données Eurostat). Deux morts par jour, plus de 600 000 accidents du travail par an. Le constat est terrible.

Mais derrière ces chiffres, il y a des vies perdues ou blessées à jamais. Il y a aussi les vies brisées de familles laissées souvent seules face aux enquêtes, à la justice, aux institutions.

Les mobilisations du 28 avril, Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail, ont permis de visibiliser et d’informer, encore timidement, sur cette « hécatombe invisible » des accidents du travail. Avec les organisations syndicales de salariés, nous y participons de toutes nos forces.

Mais il faut faire plus et plus vite. Nous défendons l’urgence d’affirmer et de mettre en œuvre une politique « zéro mort au travail ».

Une opération de communication

Le ministre du travail Olivier Dussopt a annoncé pour la fin septembre « une grande campagne de sensibilisation » sur les accidents du travail via des spots visibles sur différents supports (télévision, radio, affiches, réseaux sociaux). Personne ne peut trouver à y redire. Mais il serait faux de croire qu’une opération de communication permettra d’apporter, sur le terrain, une réponse suffisante et pérenne à la lutte contre les accidents du travail si elle n’est pas accompagnée de mesures d’urgence et d’un plan sur le long terme.

Des mesures d’urgence d’abord, en donnant aux familles dès le début des procédures une information et un droit d’accès aux éléments de l’enquête et en indemnisant de façon complète les victimes d’accidents et leurs ayants droit. Il faut aussi (re)construire un droit pénal du travail, actuel parent pauvre des tribunaux, en pénalisant fortement le non-respect des principes de prévention du code du travail, en n’hésitant pas à dire qu’un employeur qui ne respecte pas les lois du travail est un « délinquant », voire pire encore.

Les comités d’hygiène de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) doivent être restaurés dans les entreprises, eux qui ont été supprimés par les « ordonnances Macron » de 2017, et qui manquent tant dans la lutte contre les accidents du travail.

Enfin, il faut renforcer les prérogatives des inspectrices et des inspecteurs du travail en étendant (aux situations de dangers graves et imminents, aux expositions à des fortes chaleurs…) le champ des dispositifs d’arrêt d’activité permettant de retirer un salarié d’une situation dangereuse, comme cela existe en cas de risque de chute de hauteur dans le BTP.

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Réforme du RSA : des élus socialistes accusent le gouvernement de « légiférer à l’aveugle »

Le ministre du travail, Olivier Dussopt (au centre), lors de la discussion du projet de loi « plein-emploi », à l’Assemblée nationale, à Paris, le 25 septembre 2023.

Les rapports qu’entretient le ministre du travail, Olivier Dussopt, avec ses anciens collègues du Parti socialiste ne s’arrangent pas. Après la réforme de l’assurance-chômage en 2022 et celle des retraites à l’hiver 2022-2023, le projet de loi « pour le plein-emploi », dont l’examen à l’Assemblée nationale a commencé lundi 25 septembre, est à nouveau source de tensions entre les députés de gauche et le gouvernement.

L’objet des critiques des élus de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) concerne cette fois-ci la réforme du revenu de solidarité active (RSA). En particulier le volet sanction du texte. Le projet de loi prévoit que les bénéficiaires du RSA seront tenus à des heures d’activités dans le cadre d’un « contrat d’engagement réciproque » et pourront voir leur allocation suspendue en cas de manquement.

La gauche, qui fustige ces dispositions, estime que la suspension, même temporaire, du versement du RSA n’a que des effets négatifs et réclame des données au gouvernement depuis plusieurs mois sur le sujet. Raison pour laquelle, le député socialiste du Calvados Arthur Delaporte a interpellé, mardi 26 septembre, Olivier Dussopt dans l’Hémicycle, l’accusant de ne pas avoir fourni les éléments nécessaires aux parlementaires. Car son collègue de l’Essonne Jérôme Guedj a, lui, obtenu des chiffres. Profitant de son statut de coprésident de la mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la Sécurité sociale, ce dernier a demandé, le 21 septembre, à la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF) de lui fournir des données sur les sanctions, qui lui ont été communiquées lundi soir.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés La réforme du RSA suscite inquiétudes et scepticisme

« Absence totale d’arguments »

M. Guedj s’est étonné que les résultats qu’il a obtenus en quelques jours « n’aient pas fait l’objet d’études » de la part du gouvernement pour un texte « à propos duquel vous dites que la sanction sera l’alpha et l’oméga de l’incitation au retour à l’emploi ». « Nous sommes en train de légiférer dans une clarté et dans une sincérité des débats qui, une fois de plus, sont totalement absentes », a-t-il ajouté.

Plusieurs fois interpellé par M. Delaporte, Olivier Dussopt a fini par répondre au député. « Aucun de vos procès d’intention, aucun de vos anathèmes, aucune de vos invectives, aucun de vos mots méprisants ni aucune de vos insultes ne masquera votre absence totale d’arguments », a-t-il répliqué. Avant de raviver les souvenirs de la réforme des retraites : « Voulez-vous m’insulter, comme il y a six mois ? Vous pouvez le faire. »

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L’inflation a modifié le rôle et les objectifs de la rémunération variable des salariés

L’inflation et les tensions sur le marché de l’emploi poussent de nombreux employeurs à réexaminer la place de la pertinence des bonus dans la structure des rémunérations. Les augmentations moyennes ont atteint 4,5 % cette année. Elles pourraient être de 3,5 % ou plus en 2024, selon une première estimation du cabinet de recrutement et d’intérim PageGroup avant l’ouverture des négociations annuelles obligatoires (NAO). Ce, sans compter les primes collectives distribuées au titre du partage de la valeur (participation, intéressement, prime dite Macron).

« Un étage supplémentaire de rémunération, lié à l’atteinte d’objectifs notamment individuels est-il toujours nécessaire, notamment pour des fonctions non commerciales ou dirigeantes ? », s’interroge Virgile Raingeard, fondateur de Figures.hr, une plate-forme de gestion des rémunérations qui compte 1 200 entreprises clientes en Europe. « De plus en plus d’employeurs, notamment de start-up, intègrent une partie de ce variable sur objectifs dans la rémunération fixe pour répondre au besoin de sécurisation des salariés », note-t-il.

La rémunération variable est moins adaptée à la conjoncture actuelle, selon Samuel Tual, coprésident du Medef et président d’Actual Leader Group, acteur de l’intérim et du recrutement en France : « Avant 2021, elle pouvait être pertinente pour récompenser les meilleurs, dans une logique de fidélisation, analyse-t-il. Désormais, avec un marché du travail en tension et une inflation forte, il est surtout urgent d’attirer les candidats. La plupart des branches ont révisé leur grille salariale conventionnelle, les négociations en entreprise ont conduit à des augmentations importantes. De ce fait, les rémunérations variables ont été remises à plat, notamment pour réajuster les salaires fixes à la hausse. C’est bien le niveau de ces derniers qui séduit. » A Actual, la part des bonus a ainsi baissé de moitié dans le package de rémunération au profit du fixe.

Une « démission du management »

Sur certains métiers, le variable reste un avantage, « mais il ne vient plus compenser un fixe faible, même pour des commerciaux », estime Hymane Ben Aoun Fleury. La présidente de la commission conseil en recrutement de Syntec, le syndicat professionnel du secteur, s’explique : « L’inflation et le besoin de se loger, notamment pour les jeunes actifs, les conduit à chercher d’abord un bon salaire fixe. Le rapport fixe-variable de 50-50 fréquent il y a quelques années pour les commerciaux grands comptes est passé à 70-30. Et il existe d’autres instruments très regardés par les candidats les plus chassés : les bons de souscription de parts de créateur d’entreprise (BSPCE), l’ouverture du capital aux salariés, l’intéressement… qui permettent d’être “incentivés” [motivés, stimulés] sur les résultats de l’entreprise. »

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L’Asie centrale intensifie ses échanges avec la Russie

Des conteneurs de marchandises, à Lianyungang (Jiangsu), en Chine, le 24 août 2023.

La guerre en Ukraine et les sanctions occidentales n’ont pas seulement rebattu la carte énergétique de l’Europe. Elles ont aussi bouleversé la nature et le volume des échanges entre la Russie et ses voisins. En particulier, l’Asie centrale, qui devrait enregistrer une solide croissance de 5,7 % cette année, après 4,5 % en 2022, selon les nouvelles prévisions de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), publiées mercredi 27 septembre.

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« L’activité de cette région est tirée par les dépenses publiques, les exportations de matières premières vers la Chine, les gains liés aux exportations et réexportations vers la Russie, les migrations de travailleurs vers la Russie et les fonds qu’ils renvoient vers leurs pays », égrène Beata Javorcik, économiste en chef de l’institution.

Après l’introduction des sanctions économiques, en mars 2022, les exportations directes de l’Union européenne (UE), du Royaume-Uni et des Etats-Unis vers Moscou ont spectaculairement chuté. Mais, dans la foulée, les ventes de l’Europe vers l’Arménie, le Kazakhstan ou la République kirghize ont augmenté, tout comme les flux commerciaux de l’Asie centrale et du Caucase vers la Russie, qui ont plus que doublé depuis 2021.

Ces réexportations de biens « peuvent être utilisées pour contourner les sanctions, mais à une échelle limitée », estime une étude de la BERD, institution créée en 1991 après la chute du bloc communiste, pour soutenir la transition de l’Europe centrale et orientale vers l’économie de marché.

Mouvements de main-d’œuvre

Dans le détail, les exports de l’UE vers la République kirghize sont aujourd’hui de 307 % plus élevés que le niveau enregistré sur la période 2017-2021. « Les ventes directes de biens d’Asie centrale vers la Russie ont également augmenté, notamment de textiles venant de la République kirghize et d’appareils électroménagers fabriqués en Ouzbékistan, détaille la BERD. Des investissements importants dans l’entreposage, la logistique et le transport, liés à l’augmentation des flux commerciaux, ont également stimulé la croissance. » Une partie croissante de ces échanges de marchandises sont facturés en yuans, contribuant à renforcer l’influence économique de la Chine dans la région.

Ce n’est pas tout. Parce que beaucoup de Russes sont mobilisés sur le front, parce que les usines locales recommencent à produire ce qu’il n’est plus possible d’importer, la Russie a besoin de bras. Résultat : « Elle a accueilli 3,5 millions de nouveaux travailleurs migrants en 2022, dont 90 % viennent d’Asie centrale », souligne Beata Javorcik.

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