Assurance-chômage, chômage partiel et emploi des jeunes : des concertations sont à venir

Assurance-chômage, chômage partiel et emploi des jeunes : des concertations sont à venir

Bruno Le Maire et Muriel Pénicaud à l’issue d’une réunion avec les partenaires sociaux, au palais de l’Elysée à Paris, le 4 juin.
Bruno Le Maire et Muriel Pénicaud à l’issue d’une réunion avec les partenaires sociaux, au palais de l’Elysée à Paris, le 4 juin. YOAN VALAT / POOL VIA REUTERS

Assurance-chômage, chômage partiel, emploi des jeunes, formation, régulation du travail détaché : plusieurs chantiers feront l’objet de concertations ou de discussions entre le gouvernement et les partenaires sociaux dans les prochaines semaines, a indiqué, jeudi 4 juin, la ministre du travail, Muriel Pénicaud.

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Des échanges sur la réforme contestée de l’assurance-chômage devront aboutir à des décisions « d’ici à l’été », a annoncé la ministre dans la cour de l’Elysée, à l’issue d’une réunion de plus de trois heures avec syndicats et patronat.

Alors que toutes les organisations syndicales réclament l’annulation de cette réforme, dont le deuxième volet a été reporté au 1er septembre à cause de la crise, « les choses sont très, très ouvertes sur l’assurance-chômage », a précisé le ministère. « Il y a probablement certains sujets qui sont inapplicables aujourd’hui, ou en tout cas pas applicables » à une « date rapide », a relevé Muriel Pénicaud sans plus de détails.

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Ce deuxième volet prévoit de durcir le calcul de l’allocation pour ceux qui alternent contrats courts et périodes de chômage, ce qui concerne en premier lieu les travailleurs précaires. Le premier volet est en vigueur depuis novembre 2019, avec un durcissement de l’ouverture des droits (il faut avoir travaillé six mois sur les vingt-quatre derniers, contre quatre sur vingt-huit auparavant) et de leur rechargement (passé d’un mois à six mois de travail).

  • Les syndicats veulent l’annulation

Laurent Berger (CFDT), Philippe Martinez (CGT) et Yves Veyrier (FO) ont indiqué avoir insisté auprès d’Emmanuel Macron sur l’abandon de cette réforme. Le président de la République « n’a rien dit sur le sujet », a indiqué Philippe Martinez. Pourtant « c’est simple de dire : on annule, on verra plus tard », a-t-il ajouté.

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Lors de la réunion, Emmanuel Macron « a dit très clairement qu’il y avait des éléments de la réforme sur lesquels il fallait revenir », a de son côté assuré Laurent Berger. « On a compris que la durée d’affiliation était parmi ces éléments. L’affiliation, c’est ce qui frappe de plein fouet de nombreux travailleurs, et particulièrement les jeunes », a-t-il ajouté. Yves Veyrier, pour sa part, a « compris qu’on pourrait poursuivre plus longtemps la suspension » de certaines dispositions de la réforme.

  • Le chômage partiel, pas éternel

Concernant le chômage partiel, Muriel Pénicaud a fait valoir que « l’Etat ne peut pas durablement prendre en charge, payer les salaires de millions de personnes dans le secteur privé ». Elle a jugé « nécessaire » de créer « un dispositif spécifique d’activité partielle mis en place par un accord collectif d’entreprise ou de branche », qui donnerait lieu à indemnisation « en contrepartie du maintien dans l’emploi ».

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« Les conditions de cette activité partielle de longue durée seront définies d’ici à quinze jours. Dès lundi, je commence les concertations avec les partenaires sociaux sur le sujet », a-t-elle poursuivi, ajoutant que des « mesures sectorielles » pourraient compléter ce dispositif. La ministre mènera d’« autres chantiers de concertation dans les jours qui viennent ».

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  • Soutien aux jeunes

L’un concernera l’emploi des jeunes, « qui risquent d’être toujours les derniers embauchés dans un contexte de crise ». « Près de 800 000 vont sortir du système scolaire ou universitaire cet été, il faut qu’il y ait une réponse qui leur permette de se projeter dans l’avenir », a-t-elle dit. « Les jeunes ne seront pas la variable d’ajustement de la crise », a plaidé la ministre.

Le gouvernement a dévoilé jeudi des mesures de soutien à l’embauche d’apprentis, première pierre d’un plan sur l’emploi des jeunes attendu d’ici à la mi-juillet pour éviter une « génération sacrifiée » sur le marché du travail à la rentrée.

  • Accent sur la formation

Un autre chantier a trait à la formation : « Que ce soient les salariés en chômage partiel ou les demandeurs d’emploi, il faut permettre à chacun d’utiliser cette période difficile comme une occasion de rebond et de développement des compétences extrêmement nécessaires demain en matière numérique, de transition écologique, d’aide aux personnes… »

Il y aura « une discussion avec les partenaires sociaux » pour voir « comment mobiliser les instruments existants, quitte à les modifier », a-t-elle ajouté, citant le « plan d’investissement dans les compétences » et le « compte personnel de formation ».

Autre sujet de discussion : la régulation du travail détaché. « Au moment où le chômage reprend, évidemment, l’importance du travail détaché en France interroge », a relevé la ministre, disposée à « voir comment le réguler mieux ».

Enfin, le gouvernement entend se pencher, avec les partenaires sociaux, sur « les relations entre donneurs d’ordre et sous-traitants », sur les questions d’emploi, de compétences et de chômage partiel.

Le Monde

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