Airbus va supprimer jusqu’à 2 500 postes dans sa branche défense et espace, en difficulté

Airbus va supprimer jusqu’à 2 500 postes dans sa branche défense et espace, en difficulté

 Le logo d’Airbus, affiché au salon international de la défense et de la sécurité terrestres et aéroterrestres Eurosatory, à Villepinte, le 17 juin 2024.

Nouveau signe de la mauvaise passe que traverse l’industrie aérospatiale européenne, Airbus a l’intention de supprimer « d’ici à la mi-2026 » jusqu’à 2 500 postes dans sa branche produisant des satellites, qui leste ses performances financières, a annoncé l’entreprise mercredi 16 octobre.

Citant dans un communiqué la nécessité de s’adapter à « un contexte difficile pour l’activité », le géant industriel européen a dit vouloir « rationaliser [son] organisation pour améliorer la compétitivité à l’avenir ». La division concernée, « Defence and Space » (D&S), compte quelque 35 000 salariés.

Les modalités de ces réductions d’effectifs n’ont pas été précisées dans l’immédiat mais Airbus a dit vouloir éviter des « mesures contraignantes » et promis d’œuvrer à « limiter l’impact » social de cette décision.

« Compte tenu des résultats financiers assez catastrophiques qu’on a eus, on se doutait bien qu’il allait se passer quelque chose de ce genre », a déclaré à l’Agence France-Presse Hervé Pinard, coordinateur CFDT pour l’ensemble du groupe. Pour lui, « il faut que ce soit accompagné non seulement socialement pour ceux qui partent mais aussi pour ceux qui restent, pour qu’ils ne se retrouvent pas dans une situation où on va multiplier les burn-out parce que les gens auront une charge de travail qu’ils ne seront pas capables d’assumer ». La CFDT, pour l’heure, « analyse les données », a expliqué M. Pinard, et « n’est pas encore capable de dire comment [elle] va réagir ».

Le coordinateur adjoint de FO D&S, Jean-Daniel Bloquet, a quant à lui estimé que « la réduction des effectifs ne [pouvait] pas être la principale variable d’ajustement » et a jugé possible « qu’il y ait, à moyen terme, des mesures d’austérité annoncées, si on ne règle pas le problème par les solutions douces qui sont proposées à ce jour ».

Selon le délégué syndical central CFE-CGC D&S, Thierry Préfol, Airbus donnera des détails sur la répartition des mesures par pays et activité le 4 décembre, un délai qui « a un côté anxiogène » pour les salariés, a-t-il regretté, en soulignant l’importance du « jusqu’à » 2 500 suppressions. « Ça ne pourra pas augmenter mais (…) ça peut baisser. On a demandé un engagement qu’il n’y ait pas de licenciements secs. On a eu une forme d’engagement moral [selon lequel], si on arrive à mener à bien les mesures d’économies envisagées, il n’y aura pas de départs contraints », a-t-il ajouté.

« Résoudre les causes racines de ces difficultés »

Numéro un mondial des satellites de télécommunication, Airbus est affecté depuis quelques années « par un climat d’affaires très difficile et en évolution rapide, avec des ruptures de chaînes d’approvisionnement, des changements dans la conduite des conflits et une pression sur les coûts en raison de contraintes budgétaires », a justifié Michael Schoellhorn, le directeur général d’Airbus D&S, cité dans le communiqué.

Thales, un autre poids lourd du secteur, avait déjà annoncé au printemps un plan de redéploiement au sein du groupe de 1 300 postes issus de sa branche spatiale, Thales Alenia Space.

Plombé par de nouvelles charges pour son activité spatiale, Airbus a vu son bénéfice divisé par deux au premier semestre. « Notre performance financière à mi-année reflète principalement les importantes charges liées à nos activités spatiales. Nous nous appliquons à résoudre les causes racines de ces difficultés », avait déclaré le président exécutif, Guillaume Faury, au moment de la publication des résultats, en juillet.

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Le constructeur aéronautique avait déjà prévenu à la fin de juin qu’il devait passer une nouvelle provision d’« environ 900 millions d’euros » au premier semestre, liée au passage en revue des coûts de développement et des perspectives commerciales attendues de certains programmes de satellites de télécommunications et de navigation. Ce montant a finalement été affiné à 989 millions d’euros, à mesure que l’examen programme par programme s’est poursuivi.

En 2023 Airbus avait déjà inscrit une charge de 600 millions d’euros dans ses comptes pour cette même activité spatiale, qui a représenté l’année dernière environ 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires sur les 65,4 milliards réalisés par le groupe.

« Nous nous attaquons aux causes profondes de ces problèmes par le biais d’un plan de transformation, qui se concentrera notamment sur la mise en œuvre d’une stratégie plus sélective de réponse aux appels d’offres, sur le renforcement de la gouvernance et du contrôle internes, et sur le plan de maîtrise des coûts et de compétitivité », avait déclaré Guillaume Faury en juillet.

Ces réévaluations concernent avant tout les programmes de satellites de télécommunications et de navigation. Le problème tient au fait qu’il s’agit de satellites adaptés au besoin de chaque client et produits en petites quantités, empêchant les gains d’efficacité d’une production en série, explique-t-on chez Airbus.

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Le Monde avec AFP

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