Administrateurs et mandataires judiciaires souffrent d’une chute de leur activité

Administrateurs et mandataires judiciaires souffrent d’une chute de leur activité

A rebours de l’atmosphère de reprise qui semble gagner tous les secteurs économiques, c’est dans une ambiance morose que s’ouvrait, jeudi 7 octobre, à La Colle-sur-Loup (Alpes-Maritimes), le congrès annuel des administrateurs et mandataires judiciaires. Ces experts de la prévention et du règlement des difficultés des entreprises estiment avoir payé la politique du « quoi qu’il en coûte », qui a permis d’éviter le « mur des faillites » tant redouté.

Ainsi, le nombre d’ouverture de procédures collectives est passé de 45 819 en 2019 à 28 171 en 2020, contre 50 000 en moyenne les années précédentes. S’ils se félicitent que les entreprises aient été soutenues, les professionnels de la sauvegarde ou de la liquidation ont vu plonger leur chiffre d’affaires de 12,6 % en 2020. En conséquence, 70 % des 450 cabinets que compte l’Hexagone ont été contraints de recourir à un prêt garanti par l’Etat, certains se sont placés en procédure de sauvegarde et « des confrères ont même raccroché la robe », précise Me Christophe Basse, président du Conseil national des administrateurs judiciaires et des mandataires judiciaires (CNAJMJ). De surcroît, précise-t-il, « le nombre de dossiers impécunieux est monté de 50 % à 88 % ».

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Malgré la fin du « quoi qu’il en coûte », les administrateurs et mandataires judiciaires ne s’attendent pas à voir le vent tourner de sitôt. « Il y aura encore moins de procédures collectives en 2021 qu’en 2020, pronostique Me Basse, car les créanciers publics accordent plus facilement qu’avant des moratoires sur les dettes, et n’assignent plus très souvent les entreprises devant les juridictions commerciales. » D’ordinaire, entre un cinquième et un quart des procédures collectives sont générées par une assignation d’un créancier public.

La profession pâtit de son développement

Comment s’extraire de ce trou d’air ? Pour les représentants de la profession, la solution passe par un élargissement du périmètre d’activité des cabinets, aujourd’hui strictement tenus aux activités de conseil, à l’exclusion de toute activité commerciale. « Notre vocation est d’aider les entreprises à traverser les crises », rappelle Me Frédéric Abitbol, vice-président du CNAJMJ. « Il y aura demain des financements publics mis à disposition auprès d’opérateurs privés pour accompagner la reprise. Ne pourrions-nous pas être des relais utiles ? » ajoute-t-il. D’autres pistes sont évoquées, comme la diversification vers la médiation ou la fiducie (création de structures de gestion d’actifs).

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