Absences des enseignants : les deux-tiers « proviennent du fonctionnement même de l’éducation nationale », selon la Cour des comptes

Absences des enseignants : les deux-tiers « proviennent du fonctionnement même de l’éducation nationale », selon la Cour des comptes

Comment améliorer le remplacement des enseignants absents ? Comment garantir aux élèves et à leurs familles la « continuité pédagogique » mise à mal par bientôt deux années de crise sanitaire ? Alors que l’institution scolaire s’organise comme elle peut face à l’arrivée d’une cinquième vague de Covid-19, en faisant le pari de maintenir les classes ouvertes, la Cour des comptes apporte sa pierre au débat public.

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Dans un rapport divulgué jeudi 2 décembre, l’institution de la rue Cambon souffle aux candidats et aux aspirants candidats à l’investiture présidentielle de quoi étoffer des programmes encore à l’ébauche. En posant sa loupe là où on ne l’attendait pas : non pas sur la dispersion du « vivier de remplaçants » ou sur la « crise aiguë du recrutement » – ces dimensions-là, déjà documentées, seront traitées dans un rapport à venir, à l’été 2022 –, mais sur des absences dites « institutionnelles », parce que liées au fonctionnement de l’institution.

Ces absences laissent des « trous » dans les emplois du temps, chaque fois qu’un professeur est appelé par sa hiérarchie à des tâches pédagogiques autres que la présence dans sa classe : participer à un jury d’examen, accompagner une sortie ou un voyage scolaire, prendre part à un stage de formation ou à des réunions pédagogiques…

Un épiphénomène ?

« Absences institutionnelles » : l’expression a l’avantage de couper court au « procès en absentéisme » parfois fait aux enseignants, mais elle ne les satisfait pas pour autant. Ils n’ont de cesse que de rappeler que, dans le métier, tout ne se joue pas dans le face-à-face avec les élèves. Côté parents, c’est autre chose. « Absence au travail » et « absence face aux élèves » sont souvent assimilées, rappelle la Cour, parce que leurs effets sont sensiblement les mêmes pour les enfants : ils voient s’évaporer les heures – voire des jours – de cours.

Un épiphénomène, comparé aux absences stricto sensu – celles justifiées par les enseignants pour raison de santé principalement ? Pas si l’on s’en tient aux chiffres égrenés dans le rapport : en se fondant sur l’année scolaire 2018-2019 et sur les absences de courtes durées non remplacées, la Cour des comptes estime qu’un tiers des heures perdues dans le second degré (2,5 millions d’heures d’absences au total, dont 500 000 seulement de remplacées), s’explique pour des raisons individuelles (justifiées par les enseignants). Les deux tiers restant « proviennent du fonctionnement même de l’éducation nationale », écrit-elle.

Le diagnostic posé sur le « système du remplacement », au fil des pages, est alarmant à plus d’un titre – aussi parce qu’il reprend des constats dressés dans des rapports antérieurs, en 2013 et 2017, comme si rien (ou très peu de choses) n’avait changé depuis. L’antienne est connue : si, dans le premier degré, un remplacement est assuré dans près de 80 % des cas, la situation est plus complexe à gérer dans les collèges et lycées. Là, alors que les absences de plus de quinze jours sont remplacées à 96 %, le ratio plonge pour les plus courtes. Près de 10 % des heures de cours y ont été « perdues », au cours de l’année 2018-2019, principalement du fait d’absences de moins de quinze jours non remplacées. Une tendance à la hausse (+ 24 % par rapport à l’année précédente), souligne la Cour.

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LJD

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