A Pantin, émotion et colère après le suicide d’une directrice d’école maternelle

A Pantin, émotion et colère après le suicide d’une directrice d’école maternelle

L’enseignante, retrouvée morte, lundi matin, dans son école, avait adressé une lettre aux autres directeurs de Pantin, ainsi qu’à la direction d’académie. Elle y évoque des conditions de travail dégradées.

Publié le 26 septembre 2019 à 12h47, mis à jour à 09h50

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Dessins, bougies et fleurs déposés en hommage à la directrice de l’école Méhul, à Pantin (Seine-Saint-Denis), qui s’est suicidé dans l’enceinte de son établissement le 21 septembre.
Dessins, bougies et fleurs déposés en hommage à la directrice de l’école Méhul, à Pantin (Seine-Saint-Denis), qui s’est suicidé dans l’enceinte de son établissement le 21 septembre. Sandrine Berthaud / Le Monde

Sur le parvis de l’école maternelle Méhul, à Pantin (Seine-Saint-Denis), la foule est nombreuse et l’émotion palpable, jeudi 26 septembre. Plusieurs centaines de personnes sont venues, vers 18 heures, pour rendre hommage à la directrice de l’école, retrouvée morte lundi dans l’établissement. Assez vite, le recueillement fait place à la colère et les mots deviennent durs. « L’institution est responsable », tonne une militante syndicale au micro. « On aimerait que la mairie nous dise ce qu’elle compte faire au sujet des rythmes scolaires ! », enchaîne une enseignante, sous des applaudissements nourris. Nombreux sont ceux qui appellent à ce que la directrice ne soit « pas morte en vain ».

Avant son suicide, la directrice de l’école Méhul avait rédigé une lettre, adressée par la poste à tous les directeurs d’école de Pantin, ainsi qu’à la direction d’académie de Seine-Saint-Denis. Mercredi soir et jeudi, la lettre a circulé sur les réseaux sociaux, diffusée par les syndicats avec l’accord de la famille.

Dans ce courrier posté samedi, soit le jour présumé de sa mort, l’enseignante, âgée de 58 ans, évoque la solitude des directeurs d’école face au manque de soutien de la part de l’Etat, au manque d’outils de travail ou encore aux pratiques « chronophages ». Elle explique que les directeurs sont « seuls pour apprécier les situations » face à des parents qui ne « veulent pas de réponses différées ». La directrice se dit « épouvantablement fatiguée » et ajoute que les enseignants sont « épuisés » par les rythmes scolaires. Les écoles de Pantin ont conservé la semaine de quatre jours et demi après une consultation des habitants, une situation devenue rare dans le département.

« Ce qu’elle décrit, c’est ce qu’on vit »

La ville a vu de nombreux enseignants – dont plusieurs de l’école Méhul – demander leur mutation vers des communes voisines repassées à la semaine de quatre jours. Selon plusieurs proches de la directrice, elle-même souhaitait partir. Une amie enseignante (tous les fonctionnaires interrogés ont souhaité garder l’anonymat) précise qu’elle n’a pas pu, ce printemps, « consacrer suffisamment de temps » à sa demande de mutation. Un décès survenu à ce moment-là dans sa famille aurait suspendu ce projet.

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LJD

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