A Marseille, l’arrêt de « Plus belle la vie », un choc pour l’économie locale
Derrière les grands murs ocre du Pôle média de la Belle-de-Mai, dans le 3e arrondissement de Marseille, le cœur de Plus belle la vie (PBLV) bat encore. A l’entrée du parking, des petits panonceaux frappés du logo de la série remercient les fans de leur soutien et de leur fidélité, et annoncent que les acteurs n’arrêteront plus leur voiture « en raison du contexte de crise sanitaire ». Mais, à l’abri des façades aveugles, les équipes qui produisent le pionnier des feuilletons quotidiens français s’activent toujours. « On bosse, bien sûr, même si l’ambiance n’est pas la même que d’habitude. Plus belle la vie a toujours été une grande famille, mais là, les gens se resserrent encore plus », reconnaît, entre deux allers-retours en voiture, Rémi Chiarel, « capitaine transports », plus de dix ans de régie PBLV au compteur.
Le 5 mai, ici même, la terre a tremblé. Dans le petit studio, celui où tourne habituellement l’équipe D (qui se consacre aux séquences plus intimes, avec peu de comédiens), France Télévisions et Newen – respectivement diffuseur et producteur de Plus belle la vie – sont venus annoncer son arrêt. Après dix-huit ans, la plus longue aventure des séries audiovisuelles françaises prendra fin, le 30 septembre. Le dernier épisode sera diffusé le 18 novembre.
« C’était prévisible, mais, le jour de l’annonce, tout le monde était désabusé », se remémore Zoé Le Bec, technicienne lumière de 28 ans, qui, comme son mari, Félix, perchman, doit depuis quelques années son statut d’intermittente à PBLV. « Sonné », « groggy », « assommé »… Les mêmes mots reviennent en boucle parmi les 600 techniciens, acteurs, assistants qui participent, sur l’année, à la production des cinq épisodes hebdomadaires de ce « soap » familial.
« Cela n’a pas de précédent d’arrêter un programme aussi ancien », reconnaît Vincent Meslet, directeur général de Newen France. Programme prônant le vivre-ensemble, Plus belle la vie, qui a révolutionné les modes de fabrication des séries et s’est aventuré sur tous les sujets de société (transidentité, violences conjugales, légitime défense, maladie), a été précurseur à plus d’un titre. Cependant, ces dernières années, les audiences se sont érodées, passant de 7 millions de téléspectateurs dans les années 2000 à 2,7 millions sur la saison 2021-2022, selon Médiamétrie. « Les plates-formes et les talk shows de Cyril Hanouna [“Touche pas à mon poste”] et de Yann Barthès [“Quotidien”] ont grignoté le public jeune et la qualité éditoriale des trois autres [séries] quotidiennes a changé le regard sur Plus belle la vie », analyse Stéphane Sitbon-Gomez, le directeur des antennes et des programmes de France Télévisions.
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