A l’approche de la présidentielle, l’exécutif renforce sa vigilance sur les restructurations industrielles
Emmanuel Macron avait prévenu qu’il ne « monterait pas sur un camion ». En pleine campagne pour l’élection présidentielle de 2017, face aux salariés de Whirlpool qui venaient d’apprendre la délocalisation en Pologne de l’usine d’Amiens, il avait préféré ne pas imiter son prédécesseur François Hollande qui, cinq ans plus tôt, avait harangué les ouvriers des hauts-fourneaux de Florange (Moselle), nourrissant des espoirs de sauvetage qu’il n’avait même pas formulés.
Flairant le piège, le candidat Emmanuel Macron avait évité une mise en scène trop spectaculaire. « Je ne suis pas en train de dire que je vais sauver vos emplois, avait-il expliqué aux ouvriers qui fabriquaient des sèche-linge. Mais je serai là pour protéger vos intérêts dans ce plan social. »
Cinq ans plus tard, le chef de l’Etat se veut toujours aussi réaliste. Mais son gouvernement surveille quand même de près les sites industriels en difficulté. Pas question que la campagne soit polluée par un nouveau Whirlpool ou un nouveau Florange. « Dès qu’il y a un site qui est menacé de fermeture, nous nous battons pour essayer de trouver un repreneur, nous faisons à chaque fois le maximum », a insisté le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, sur Franceinfo, le 24 novembre, alors que la liquidation de la SAM, un sous-traitant de Renault, venait d’être annoncée.
Le gouvernement sait combien la fermeture d’un site industriel ou une délocalisation peuvent coûter cher politiquement. « Un dossier de restructuration mal géré, ça entache une campagne, décrypte Brice Teinturier, directeur général délégué de l’institut Ipsos. On a vu avec François Hollande combien c’était difficile, il avait défendu le site de Florange, sauvé des emplois, mais n’en a pas eu le crédit. »
En témoigne la mobilisation autour de l’aciérie Ascoval (Nord), dont la menace de délocalisation partielle a été stoppée net par les pouvoirs publics en novembre. L’opération, saluée comme une démonstration de la détermination de Bercy à défendre les usines françaises, s’est faite au prix de contreparties – il est question d’une baisse des tarifs de l’électricité par EDF et, en aval, d’une hausse des prix des rails, fabriqués avec l’acier d’Ascoval et vendus à la SNCF, tandis que la région aurait effacé une partie de la dette de l’entreprise.
Un énième sauvetage pour cette entreprise, devenu un beau symbole : l’usine, dont les carnets de commandes sont pleins pour le premier trimestre 2022, a embauché trente personnes en septembre, passant à 300 salariés. « Ça n’était pas arrivé depuis des années », rappelle Nicolas Lethellier, délégué CGT et secrétaire du comité social et économique, qui savoure ces bonnes nouvelles après des années d’instabilité industrielle depuis 2015, et la mise en vente du site par Vallourec.
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