A Fessenheim, quelques reconversions et beaucoup de craintes pour l’avenir

A Fessenheim, quelques reconversions et beaucoup de craintes pour l’avenir

Manifestation contre la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, en janvier 2018.
Manifestation contre la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, en janvier 2018. FREDERICK FLORIN/AFP

A bord de sa camionnette grise où les clés à molette côtoient les jouets de ses enfants, Clément Satori sillonne l’Alsace tous les jours pour offrir ses services de frigoriste. Les appels s’enchaînent sur son téléphone fixé au tableau de bord. Aussitôt un chantier terminé à Colmar, il reprend la route pour Strasbourg, où un climatiseur en panne l’attend. « C’est moins routinier qu’à Fessenheim, même si j’aimais ça », confie-t-il, toujours un sourire aux lèvres.

Il y a trois ans, cet électricien de formation a troqué son uniforme d’agent EDF à la centrale nucléaire de Fessenheim pour se mettre à son compte. « Je suis content de m’être épargné les angoisses autour de la fermeture », raconte-t-il. Laisser partir ce bon élément n’a pas été simple pour ses responsables, tant la perte de compétences est criante dans le secteur. Aujourd’hui, il met à contribution l’expérience acquise en centrale pour réparer et poser des systèmes de climatisation. Grandes surfaces, petites et grosses entreprises de la région, la liste de ses clients n’a cessé de s’allonger : « On peut dire que j’ai réussi ma reconversion. »

Rien ne laissait présager qu’il changerait de voie. Un poste à la centrale de Fessenheim était une aubaine pour rejoindre sa famille, déjà installée en Alsace. Les dix ans passés à écumer la France pour son premier employeur, RTE ( Réseau de transport d’électricité), pesaient sur son entourage. « Quand j’ai commencé à Fessenheim, tout le monde savait que la centrale fermerait un jour, mais ça nous paraissait loin et on nourrissait l’espoir de garder nos postes, se souvient-il. Ça nous semblait fou que les politiques décident de fermer une entreprise avec autant d’emplois. Je ne voulais pas y croire. »

« L’avenir est incertain »

La sentence est tombée en septembre 2019. La doyenne des centrales fermera définitivement en 2020. La décision plonge tout un territoire dans l’inquiétude. Nichée à 30 kilomètres de Mulhouse (Haut-Rhin) et de Colmar, la centrale nucléaire de Fessenheim emploie près de 700 salariés EDF, auxquels s’ajoutent 280 salariés d’entreprises prestataires. EDF est l’acteur économique majeur du bassin rhénan. Qu’adviendra-t-il des employés ?

« Je suis parti car, petit à petit, nos conversations entre collègues ne tournaient plus qu’autour de la fermeture »

« Je suis parti car, petit à petit, nos conversations entre collègues ne tournaient plus qu’autour de la fermeture. J’étais rongé par la peur de devoir une fois de plus quitter la région », confie Clément. L’artisan – comme il aime se qualifier – côtoie toujours son ancienne équipe de Fessenheim. « Beaucoup ont peur de partir et de tout reconstruire. Seuls certains songent à quitter le nucléaire pour travailler dans le privé », indique-t-il.

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LJD

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