Volkswagen : « La famille Porsche compte s’inviter à la grande restructuration de l’industrie automobile mondiale »
Pertes et profits. En 1947, ce qui reste des usines Volkswagen (VW) à Wolfsburg (Basse-Saxe) produit, dans des locaux à moitié détruits par les bombardements, des voitures pour les troupes d’occupation. L’officier britannique qui dirige le site en propose le rachat à des constructeurs d’outre-Manche, puis américains et français. Tous déclinent, ne voyant qu’un avenir éphémère au producteur de la Coccinelle. Dommage pour eux. Ce sont, bien plus tard, les descendants du créateur Ferdinand Porsche (1875-1951), grand admirateur d’Hitler, qui reprendront le contrôle de l’entreprise devenue le premier constructeur automobile d’Europe. La famille Porsche sera au premier rang, jeudi 9 décembre, pour le conseil de surveillance de l’entreprise.
Officiellement, le sujet du jour est le colossal plan d’investissement dans la voiture électrique, plus de 70 milliards d’euros sur cinq ans, pour faire basculer l’entreprise dans l’ère de la voiture zéro carbone et autonome. Un défi existentiel, imposé par les nouvelles normes européennes, qui banniront le moteur thermique à partir de 2035. Mais d’autres sujets plus immédiats occuperont les esprits. D’abord, le sort du patron lui-même. Volontiers cassant avec les syndicats, cet ancien ingénieur autrichien de BMW avait déclaré, en septembre, qu’il y avait probablement 30 000 personnes de trop dans l’entreprise en Allemagne. C’était oublier le poids des représentants du personnel, présents au conseil de surveillance, et de leur alliance objective avec le Land de Basse-Saxe, qui détient 20 % de la société. Selon l’agence Reuters, Herbert Diess sauverait son poste, mais sera flanqué d’un nouveau membre au directoire, Ralf Brandstätter, déjà chargé de la marque VW, pour gérer les opérations.
Concurrence de Tesla
Cela ne règle évidemment pas la question de la facture de la transition et de ses conséquences sur l’emploi. Ajoutant de l’huile sur le feu, une enquête commandée par l’association européenne des équipementiers automobiles, publiée le 6 décembre, estime que la fin du moteur thermique devrait conduire à 500 000 suppressions d’emplois, dans les cinq ans, en Europe. Elles ne seront compensées que partiellement par 226 000 créations de postes dans les nouvelles technologies. La pression est d’autant plus forte chez VW qu’à deux heures de route de son siège social la nouvelle usine Tesla de Grünheide, près de Berlin, sortira, dès 2022, des voitures, avec une productivité largement supérieure à celle du constructeur allemand.
La famille Porsche, qui, à la suite de la fusion de sa célèbre société avec Volkswagen, en 2012, détient désormais 31,4 % du groupe, ne compte pas rester les bras ballants. Le quotidien financier allemand Handelsblatt croit savoir qu’elle projette de vendre une partie de ses actions VW pour participer à la mise en Bourse de Porsche qu’envisagerait la maison mère, afin de dégager de nouvelles ressources. Les décisions ne sont pas prises, mais ce serait un étonnant retour en arrière pour les arrière-petits-enfants de Ferdinand. Une manière aussi de s’inviter à la grande restructuration, qui devrait bientôt secouer l’industrie automobile mondiale.