« Le défi du siècle, celui du changement climatique, devrait aider la France à aller vers le plein-emploi »
Tribune. A l’exception d’une brève et récente incise présidentielle, le plein-emploi est le grand oublié de la campagne présidentielle, aucun candidat ne s’engageant sur son retour, même sur le long terme, comme si le chômage actuel était une fatalité insurmontable ! Les candidats se contentent au mieux d’évoquer la création d’emplois, verts de préférence.
C’est un étrange renoncement de la droite à la gauche, alors que le chômage, surtout de long terme, est toujours un facteur de pauvreté et de destruction de la cohésion sociale. En outre, de nombreux pays avancés, à l’image de l’Allemagne, connaissent le plein-emploi ou un taux de chômage bien inférieur.
Il est vrai que, depuis quarante ans, le taux de chômage a, presque toujours, été supérieur à 8 %, trop souvent autour de 10 %. Cependant, depuis 2017, le recul du chômage est engagé et est un facteur d’optimisme que la crise sanitaire n’a pas infirmé, avec actuellement un taux de chômage d’environ 8 %, quasiment celui de 2019.
Nous affirmons, modélisation à l’appui, qu’atteindre le plein-emploi est possible en deux quinquennats, avec une résorption progressive et continue du chômage au cours des prochaines années. Selon nos calculs, c’est possible à condition de faire évoluer significativement six « répartitions ».
Un nouveau modèle de croissance
Ce sont environ 2 millions d’emplois qu’il faut créer, si on veut atteindre l’objectif d’un taux de chômage de 4 %, reconnu comme reflétant le plein-emploi. La vraie question est alors celle des conditions pour atteindre cet objectif.
A cette fin, nous avons repensé la croissance économique comme une interaction permanente entre offre, demande et innovation ; autrement dit, il nous faut réconcilier [les économistes] Keynes (1883-1946) et Schumpeter (1883-1950) au travers de politiques orientées en même temps sur ces trois composantes. L’aboutissement est un nouveau modèle de croissance qui nous a permis de déterminer des conditions précises pour réaliser le plein-emploi.
Il faut transférer progressivement autour de 4 points de produit intérieur brut (PIB) des profits vers les salaires. Ceci correspond à environ 100 milliards d’euros en fin de trajectoire
La trajectoire macroéconomique souhaitée se fonde sur des efforts partagés entre les différentes couches sociales et générations, et bien sûr adaptés à leurs revenus et leurs richesses. Aussi, nous considérons que six répartitions majeures doivent radicalement évoluer.
La première répartition, celle des revenus entre les salaires et les profits, est évidemment d’une grande importance, compte tenu de sa déformation excessive en faveur des profits depuis plusieurs décennies. Notre modèle de croissance montre qu’il faut transférer progressivement autour de 4 points de produit intérieur brut (PIB) des profits vers les salaires. Ceci correspond à environ 100 milliards d’euros en fin de trajectoire.
Il vous reste 58.63% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.