Licenciements chez InterDigital : les chercheurs dénoncent le « chèque en blanc » du crédit impôt recherche
Ils ont multiplié les déplacements à Paris, Strasbourg ou encore Bruxelles, vendredi 17 septembre, tentant d’attirer l’attention du ministère de la recherche comme de parlementaires européens. Alors que s’achèvent les négociations d’un plan qui prévoit le licenciement de 59 chercheurs sur 141, soit plus de 40 % des effectifs de recherche d’InterDigital à Cesson-Sévigné (Ille-et-Vilaine), les salariés partagent une vive amertume.
Tout avait pourtant bien commencé avec cette société américaine, qui compte 600 salariés dans le monde, 220 en France. Spécialiste de la recherche, du développement et de la monétisation de technologies avancées pour les équipements électroniques grand public (smartphones, 3G, 4G, 5G, Wi-Fi…), elle a racheté en 2018-2019 les activités recherche et innovation de Technicolor (ex-Thomson), récupérant chercheurs, licences et brevets.
Douche froide
Méfiants au départ, les salariés constatent que le rachat ne se traduit par aucun recul social. « Ils ont ajouté des jours de congé, on avait même droit à un charity day, une journée payée à consacrer à du bénévolat. On voyait des investissements en matériel et en logiciels. Jusqu’au printemps 2021, tout se passait super bien », raconte Guillaume Boisson, délégué CFDT au CSE. De quoi désarmer ceux qui avaient craint qu’InterDigital ne soit qu’un « patent troll », ces sociétés qui négligent la recherche et vivent surtout de l’achat et de la revente de brevets en récupérant de l’argent auprès d’entreprises qui les utilisent.
Mais en mai, c’est la douche froide. Une source anonyme souffle aux salariés que des licenciements s’annoncent à Cesson-Sévigné. « Quand on a demandé à la direction si elle démentait, elle a refusé de répondre. On a compris », raconte Rémy Gendrot, trésorier SUD du CSE.
Les salariés estiment que l’entreprise démontre son opportunisme en licenciant des chercheurs au bout de deux ans
Dans un communiqué assez général en réponse aux questions du Monde, InterDigital explique avoir pris cette décision « difficile » à la suite d’« un examen stratégique de [ses] priorités en matière de recherche et d’innovation », rappelant qu’elle est une entreprise « qui, depuis des décennies, investit dans la recherche fondamentale », que « plus de la moitié de ses effectifs est constituée d’ingénieurs » et « plus de 90 % de [ses] brevets ont été développés en interne par [ses] propres équipes de recherche ».
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