Les agents publics perdent le sens de leur travail, alerte un collectif

Les agents publics souffrent d’une perte de sens dans leur activité professionnelle, prévient un collectif de fonctionnaires, Nos services publics. Le groupe de réflexion a publié une enquête, lundi 20 septembre, qui révèle que 80 % des agents publics interrogés se déclarent « confrontés “régulièrement” ou “très fréquemment” à un sentiment d’absurdité dans l’exercice de leur travail ».
L’enquête a été menée entre mai et août sur Internet et sur la base du volontariat. En tout, 4 555 agents ont répondu. Ceux qui relèvent de la catégorie « A » (correspondant à des fonctions d’encadrement) sont plus nombreux que les deux autres, « B » et « C ». Le panel n’est donc pas représentatif. Mais toutes les catégories d’âge sont représentées, comme les statuts ou les secteurs d’activité. Il y a des « biais », reconnaît Arnaud Bontemps, du collectif, qui n’ont pas été redressés. Pour autant, « les résultats sont très significatifs par l’unanimité » qui s’y exprime, insiste-t-il.
De fait, l’étude révèle « un mal-être profond ». Le collectif Nos services publics a demandé aux agents s’ils s’étaient déjà dit dans leur travail : « C’est absurde. Ou si cela a un sens, ce n’est pas celui pour lequel je me suis engagé. » Seuls 3 % disent n’avoir jamais été confrontés à un tel sentiment d’absurdité. En revanche, 48 % se sont régulièrement fait cette réflexion et 32 % très fréquemment. Soit huit agents sur dix.
Ce sentiment est plus marqué quand on progresse en âge. Les moins de 29 ans sont 22 % seulement à expérimenter une perte de sens très fréquente, contre 30 % entre 30 et 39 ans, 34 % entre 40 et 49 ans et 33 % au-delà. Il est également plus marqué dans l’éducation nationale : « 43 % déclarent être confrontés “très fréquemment” à un sentiment d’absurdité, contre 27 % parmi le total des personnes interrogées hors éducation nationale », assure Nos services publics.
L’intérêt général, un moteur
Le collectif a recueilli plus de trois mille témoignages écrits. Cela lui a permis d’identifier cinq motifs récurrents expliquant la perte de sens. Parmi ceux-ci, il y a le manque de moyens, qu’il s’agisse des outils défaillants, d’une absence de ressources ou de l’obligation de devoir baisser les « coûts ». Un fonctionnaire territorial a déploré qu’on lui demande de « faire des propositions de nouveaux projets à l’automne et d’avoir à proposer de nouvelles sources d’économies six mois plus tard ». Une professeure d’anglais en lycée note : « On m’impose de faire cours à 35 élèves par classe en donnant la priorité à l’interaction orale. »
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