La purge se poursuit à Canal+

La purge se poursuit à Canal+

Le logo de la chaîne Canal+.

Chez Canal+, la chasse aux sorcières ne connaît pas de répit, après l’éviction brutale de Sébastien Thoen cet hiver. Vendredi 30 avril, la direction de l’opérateur de télévision payante a présenté devant le Comité social et économique (CSE) le projet de licenciement pour motif « disciplinaire » de Solange Tricaud, indique au Monde un témoin.

La journaliste est membre de la société des journalistes (SDJ). Elle faisait partie des salariés à l’initiative de la pétition interne signée par 150 journalistes pour protester contre le licenciement de Sébastien Thoen, coupable, aux yeux de la direction, d’avoir participé à un sketch parodiant Pascal Praud, animateur star de CNews, la chaîne d’informations de Canal+.

Selon nos informations, la direction de Canal+ reproche à la journaliste des fuites reprises dans un article des Jours, publié le 31 mars, et relatant le contenu d’une réunion intervenue le 24 mars entre la SDJ et quatre dirigeants de Canal+ : le directeur général, Frank Cadoret, le patron des antennes, Gérald-Brice Viret, le patron des sports, Thierry Cheleman, et son adjoint, Didier Lahaye.

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La SDJ avait sollicité cette rencontre, afin d’avoir des explications sur les scènes disparues au montage du documentaire, Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste, de Marie Portolano, et qui mettait Pierre Ménès en accusation. Vendredi 30 avril, pendant trois heures, la direction, notamment représentée par Gérald-Brice Viret, a détaillé les griefs retenus contre la journaliste, s’appuyant « sur une note de deux pages ».

« Violation de la confidentialité »

L’article « dont les propos sont rapportés, décrivant même certaines de leurs attitudes physiques durant la réunion, établit sans aucun doute possible la violation de la confidentialité et de l’engagement pris par Mme Tricaud », indique le document dont Le Monde a pris connaissance. Sans toutefois donner de preuves concrètes prouvant que Solange Tricaud est bien à l’origine des informations de l’article des Jours.

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« Ils n’ont rien démontré du tout », relate un représentant du personnel. « Ils étaient six à cette réunion. Comment prouver que c’était eux. Par ailleurs, Solange Tricaud, en tant que membre de la SDJ, avait fait un compte rendu de cette réunion devant 80 personnes », indique un autre. L’accusée elle-même s’est défendue de façon véhémente lors du CSE de vendredi, assurant qu’ils n’avaient pas le début d’une preuve, rapporte un témoin. Cette « démonstration [qui] se voulait sans faille » n’a donc pas convaincu le CSE, qui, « à l’unanimité, s’est prononcée contre le licenciement de la journaliste ».

Plusieurs lettres de licenciement

L’avis des représentants des salariés n’est rendu qu’à titre informatif. En revanche, la chaîne devra obtenir l’aval de l’inspection du travail pour mener ce licenciement. Mme Tricaud n’est pas la seule à faire les frais du courroux des dirigeants de Canal+.

Ces derniers ont décidé de licencier également un autre journaliste, qui était également présent à la réunion du 24 mars. Mais le cas de ce dernier, non élu, n’a pas été présenté en CSE. Interrogé, Gérald-Brice Viret ne « fait pas de commentaire sur les procédures en cours ».

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Depuis le début de la crise déclenchée par le sketch de Sébastien Thoen, qui s’est poursuivie par l’éviction du commentateur sportif Stéphane Guy et par une pétition, « entre cinq et six salariés » auraient reçu des lettres de licenciement. « On pense que c’est plus, mais que la direction n’envoie plus de lettres pour éviter les fuites et essaie de régler cela à l’amiable », confie un élu.

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LJD

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