Danone : « Les questions sociétales et environnementales sont pressantes et les entreprises doivent se transformer si elles entendent rester compétitives »
Tribune. Le conseil d’administration de Danone vient de remercier son PDG Emmanuel Faber sous la pression d’investisseurs activistes mécontents de la performance financière de l’entreprise. Pour les détracteurs d’Emmanuel Faber, son limogeage prouve que la question de l’impact social et environnemental d’une entreprise est un sujet secondaire incompatible avec l’augmentation de la valeur pour les actionnaires.
Les partisans d’un rôle accru des entreprises dans la société comme moyen d’assurer leur réussite financière future estiment, quant à eux, que Faber a été injustement écarté, parce que certains investisseurs n’ont pas compris la mission qu’il s’était fixée, ni réalisé le rôle crucial que l’ex-PDG jouait dans l’amélioration de l’impact de l’entreprise.
Si la décision a été prise après un examen attentif de la performance financière de l’entreprise, le conseil d’administration et les actionnaires de Danone ne disposaient pas des données qui leur auraient permis de juger de l’impact des produits et des activités de l’entreprise sur les êtres humains et l’environnement.
A la traîne
Les données sur l’impact de Danone et de milliers d’autres entreprises sont en train d’être compilées à l’Impact-Weighted Accounts Initiative (IWAI) de la Harvard Business School. En tenant compte de facteurs tels que le montant total de ses émissions de gaz à effet de serre, les activités de Danone ont eu en 2019 un impact négatif sur l’environnement d’environ 236 millions de dollars (environ 198,20 milliards d’euros), soit 5,5 % de son excédent brut d’exploitation (EBE). Sa performance environnementale a été inférieure à celle de Nestlé ou de General Mills, qui, avec un ratio de 3,9 %, récoltent le fruit des améliorations réalisées au cours des dernières années.
Mesurer les impacts et les exprimer en termes financiers est désormais nécessaire à la compréhension des profits, de la valeur et de la réussite des entreprises – et de la performance des cadres qui les dirigent
Danone accuse aussi un bilan bien plus mauvais en ce qui concerne l’impact de ses produits sur la santé des consommateurs. En 2018 par exemple, dernière année pour laquelle des données sont disponibles, ses clients ont absorbé 245 milliards de grammes (245 000 tonnes) de sucre ajouté en consommant ses yaourts et autres produits. Ce sucre a généré plus de 8 milliards de dollars de coûts médicaux liés à l’impact des maladies cardiovasculaires et des dépenses de santé qu’elles entraînent.
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