L’hémorragie de journalistes se poursuit à « Science & Vie »

L’hémorragie de journalistes se poursuit à « Science & Vie »

Rien n’y aura fait. Ni la patience, ni une grève, ni une motion de défiance, ni un appel au ministère de la culture n’auront pu empêcher l’anéantissement de la rédaction de Science & Vie. « Les deux rédacteurs en chef adjoints, la chef de service, le rédacteur en chef des hors-séries, la première secrétaire de rédaction, ainsi que quatre rédacteurs, dont trois pigistes, ont pris la décision de quitter Science & Vie, propriété de Reworld Media depuis août 2019 », annoncent les neuf journalistes sur le départ dans un communiqué, mardi 30 mars.

Seul un journaliste écrivant, promu rédacteur en chef adjoint, a choisi de rester, au côté d’un directeur de la rédaction nommé en novembre 2020, Philippe Bourbeillon. A cette exception près, déplore la Société des journalistes (commune au mensuel, à Science & Vie Junior, Science & Vie Découvertes et Guerres & Histoire), « la nouvelle organisation de Science & Vie se caractérise par l’absence totale d’expertise scientifique au sein de la rédaction ». Le premier numéro du magazine élaboré sur ces nouvelles bases (restent sept titulaires de la carte de presse dans les fonctions techniques) est prévu pour le mois de mai.

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C’est à l’automne 2020, soit un peu plus d’un an après le rachat des titres de Mondadori France par Reworld Media, le groupe fondé par Pascal Chevalier, que la situation a commencé à se tendre. Réduite de moitié après qu’une dizaine de personnes avait fait valoir la clause de cession, la rédaction a réclamé l’embauche de deux personnes, ainsi qu’elle leur avait été promise. Non seulement ces recrutements n’ont pas eu lieu, mais le rédacteur en chef d’alors, Hervé Poirier, a perdu la maîtrise éditoriale du site Internet – à l’origine, depuis, d’erreurs factuelles. Son départ (sur la base d’une rupture conventionnelle) a été suivi d’une grève de cinq jours, puis du vote d’une motion de défiance envers la directrice des publications, Karine Zagaroli.

La crainte que « la montagne n’accouche d’une souris »

Alertée sur la situation du magazine, la ministre de la culture, Roselyne Bachelot, a confié à Laurence Franceschini, la présidente de la Commission paritaire des publications et agences de presse (CPPAP), une mission de réflexion destinée à déterminer comment conditionner l’accès des aides à la presse à la présence de journalistes dans les rédactions. Un document élaboré par le délégué syndical SNJ-CGT du groupe Reworld, Dominique Carlier, transmis au ministère pour nourrir son analyse, fait état de la disparition de rédactions en tant que telles, de la prise en main des sites Internet des magazines par la régie publicitaire, du paiement de pigistes en factures et non pas en salaire, etc. Les conclusions et les préconisations de la mission, attendues pour les prochains jours, constitueront-elles un baroud d’honneur pour les journalistes de Science & Vie ?

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LJD

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