Emploi et handicap : vers une société plus inclusive
Yves Guillemot est conducteur d’autobus depuis 2016 au sein de la société Linevia, à proximité de Rennes. Ce père de famille assure son service matin et soir sur des lignes du réseau urbain de la métropole bretonne. Le quadragénaire effectue également quelques trajets pour des scolaires. Son véhicule ressemble à tous ceux de l’entreprise, à quelques détails près : il dispose d’une boîte de vitesses automatique et son volant est équipé d’une boule. Celle-ci lui permet d’avoir un accès direct à différentes commandes (klaxon, clignotants, essuie-glace) et de faire tourner le véhicule d’une seule main.
« Ces aménagements sont indispensables pour que je puisse conduire mon autocar », explique le salarié. Le Rennais est en effet en situation de handicap. Il a perdu l’usage de son bras gauche voici trente ans, à l’âge de 17 ans, à la suite d’un accident de mobylette. Mais grâce à ces adaptations techniques, il peut aujourd’hui exercer son métier sans contrainte, comme tous les autres conducteurs.
« C’est possible ! », se réjouit-il. Son témoignage illustre un phénomène constaté plus largement dans différents secteurs d’activité : de nouveaux métiers s’ouvrent aujourd’hui aux travailleurs en situation de handicap, grâce notamment à des innovations techniques. « Des personnes en fauteuil roulant peuvent désormais conduire un poids lourd de 38 tonnes, ce qui va à contre-courant des idées reçues », note Pascaline Tuho, chef de projet à l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph).
Nombre de professions sont, en effet, toujours considérées comme inadaptées dans l’imaginaire collectif. Elles figurent d’ailleurs dans une liste de métiers dits « ECAP » (emplois exigeant des conditions d’aptitude particulières) fixée par décret en 1988. On y retrouve les conducteurs de véhicules routiers de transports en commun, mais également les pompiers, les hôtesses de l’air ou encore les maçons qualifiés. Au total, 36 professions qui, lorsqu’elles sont présentes au sein d’une entreprise, permettent de minorer la contribution financière de la société en cas de non-respect de l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés (6 % des effectifs dans une société de 20 salariés ou plus).
Le transport, un secteur « bon élève »
Quels leviers permettent aujourd’hui cette ouverture à de nouveaux métiers ? « Certaines de ces professions ont évolué grâce aux progrès techniques, à une nouvelle organisation du travail ou même à de nouvelles approches pour réaliser les missions demandées », explique Mme Tuho. C’est le cas notamment dans le secteur du transport, qui fait figure de bon élève pour l’intégration de salariés en situation de handicap. De nombreuses innovations technologiques ont permis, ces dernières années, d’adapter des postes.
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