Jean Castex annonce le prolongement des mesures d’activité partielle et une baisse des impôts de production

Port du masque dans les salles de spectacle, plan d’aide à la culture, autorisations préfectorales, port du masque en entreprise… Dans un long entretien sur France Inter puis dans un discours donné à l’université d’été du Medef, le premier ministre, Jean Castex, a dévoilé des éléments du plan de relance et a annoncé quelques-unes des décisions prises la veille lors d’un conseil de défense.
Au micro de Léa Salamé et Nicolas Demorand, le premier ministre a affirmé que la présentation du plan de relance de l’économie, dont le montant total s’élève à 100 milliards d’euros, dont 40 milliards venus de l’Union européenne, aura lieu jeudi 3 septembre.
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2 milliards d’euros pour la culture
Le secteur de la culture bénéficiera d’une « dotation exceptionnelle » de deux milliards d’euros dans le plan de relance de 100 milliards qui sera annoncé le 3 septembre, a précisé le premier ministre. « Le secteur culturel a beaucoup souffert de cette crise », et cette réponse est « inédite », a assuré le chef du gouvernement.
« Il faut y aller, au théâtre, au cinéma, il faut soutenir le secteur culturel », a lancé Jean Castex, annonçant également des compensations pour combler les recettes perdues du fait des contraintes sanitaires. « Ça veut dire que nous pensons d’abord que la culture est une activité économique, (…) et que s’il y a une spécificité française, c’est vraiment que vivre avec le virus, c’est aussi se cultiver avec le virus. »
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Port du masque « systématique » au théâtre et au cinéma
Jean Castex a annoncé une « inversion » de la logique pour les mesures barrières dans les espaces culturels : le masque sera désormais « systématique » au cinéma et dans les théâtres – même au cours de la séance ou de la représentation, semble-t-il – et ce à la place des mesures de distanciation sociale. Dans les zones où la circulation du virus est active, cependant, la distanciation sociale reste maintenue, en plus du port du masque. « Oui, je dis aux Françaises et aux Français, allez au cinéma, allez au théâtre, vous ne risquez rien », a lancé le premier ministre.
La ministre de la culture, Roselyne Bachelot, a peu après repris ces annonces sur Twitter :
Salles de spectacle et cinémas : suppression de la distanciation et port du masque en continu. Mais dans les zones… https://t.co/tCSav3fOr1
— R_Bachelot (@Roselyne Bachelot)
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Fin des dérogations pour la jauge de 5 000 personnes en zone rouge
« Il ne sera plus possible à l’autorité préfectorale de déroger » à la jauge maximale de 5 000 personnes « dans les départements rouges, c’est-à-dire où il y a une forte circulation virale », a annoncé Jean Castex. Les préfets pourront également « carrément interdire » certains événements avec moins de 5 000 personnes. « Ce n’est pas parce qu’on ne peut plus déroger au-delà [de la jauge des 5 000 personnes] qu’on ne peut pas aussi [l’]abaisser », a justifié le premier ministre.
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Appel à la « responsabilité » pour le port du masque, des assouplissements possibles en entreprise
Jean Castex a appelé les Français « à l’esprit de responsabilité » quant au port du masque, en contestant toute « défaillance de l’Etat » en ce qui concerne la décision de ne pas généraliser sa gratuité à l’école. « Je n’ai jamais cru que l’Etat pouvait tout faire, il a sa part de responsabilité (…), mais il faut que tout le monde se sente concerné par la lutte contre l’épidémie », a insisté M. Castex, tout en concédant que le port du masque pouvait parfois être « pénible ».
Interrogé sur le refus de généraliser sa gratuité pour les élèves, il a fait valoir qu’« aucun pays au monde » n’avait pris une telle mesure, en rappelant que les personnes fragiles, pour des raisons médicales ou financières, bénéficiaient déjà de la gratuité. « On [ne] va [pas] payer des masques à des familles qui n’en ont absolument pas besoin », a-t-il encore argué, alors que le masque devient obligatoire pour les collégiens et lycéens à partir de la rentrée, mardi 1er septembre.
Quelques heures plus tard, à l’université du Medef, le chef du gouvernement a annoncé que des assouplissements seraient possibles au sujet du port du masque en entreprise, obligatoire à partir du 1er septembre, et ce afin d’éviter « une mesure trop générale et trop impérieuse ». « Les règles seront clarifiées et complètes pour le 1er septembre », a-t-il assuré.
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« Au moins un quart » des 100 milliards d’euros du plan de relance bénéficiera aux PME et TPE
« Au moins un quart » des 100 milliards d’euros prévus pour relancer l’économie française dans le contexte de crise sanitaire bénéficiera aux PME et aux TPE, a annoncé le premier ministre, qui s’est exprimé en début d’après-midi lors de l’université d’été du Medef à l’hippodrome de Longchamp, dans l’ouest de Paris. Le plan de relance sera « équilibré entre les grandes et les petites entreprises », a promis le chef du gouvernement.
Dans le cadre de son plan de relance, le gouvernement va baisser dès le 1er janvier prochain les impôts de production, à hauteur de 10 milliards d’euros par an, a-t-il également déclaré, précisant que l’impôt sur les sociétés continuerait de baisser, comme s’y est engagé le chef de l’Etat, Emmanuel Macron.
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Les mesures d’activité partielle prolongées
Les mesures d’activité partielle vont être étendues « au moins jusqu’au 1er novembre » dans les entreprises en difficulté, a par ailleurs annoncé le premier ministre : « L’activité partielle demeurera ouverte dans [les] conditions actuelles, au moins jusqu’au 1er novembre, et au-delà pendant deux ans, pour toutes les entreprises couvertes par un accord sur l’activité partielle de longue durée », a annoncé le premier ministre. « Quant aux secteurs parmi les plus touchés – la culture, le sport, le tourisme, l’événementiel –, ils conserveront jusqu’à la fin de l’année un accès à l’activité partielle, même sans accord », a-t-il ajouté.
Par ailleurs, le dispositif d’aides gouvernementales à l’embauche, décidé en juillet pour favoriser l’emploi des jeunes de moins de 26 ans, va être étendu aux chômeurs en situation de handicap, « sans limite d’âge », a annoncé mercredi le premier ministre, dont le gouvernement débloquera 100 millions d’euros à cet effet.
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Des recrutements pour la justice
« Le service public de la justice dans ce pays fonctionne insuffisamment bien, parce que l’Etat, qu’aujourd’hui je représente, n’a pas fait son travail à son égard », a affirmé le chef du gouvernement. « Dès ma prise de fonction [début juillet], c’était autant symbolique qu’effectif, j’ai demandé au ministre chargé des comptes publics, Olivier Dussopt, de créer 250 emplois en plus en cours d’année 2020 » dans le domaine de la justice, a-t-il expliqué, précisant qu’il s’agissait de postes de greffiers et de magistrats.
« Dans la loi de finances 2021, qui sera soumise au Parlement [cet automne], nous allons créer 550 emplois en plus », a assuré M. Castex, soulignant que le budget du ministère de la justice serait augmenté.
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Impôts, télétravail, StopCovid…
Impôts. Interrogé sur les conséquences du plan de relance pour les finances des Français, le premier ministre l’a assuré, « il n’y aura pas de hausse d’impôts. Ça, c’est clair ». Pour Jean Castex, « la stabilité des règles du jeu » est « un des outils de lutte contre la crise ».
Télétravail. Pour le premier ministre, c’est simple, « on repart au travail ». Mais cette reprise « ça peut être tout à fait du télétravail », assure-t-il. « Voilà un effet positif et structurel de cette crise. On va se mettre à regarder différemment le télétravail. On va même se dire que, peut-être, le télétravail, ça s’organise. »
Appel aux personnes fragiles. « Je lance un appel aux personnes de plus de 75 ans, aux personnes plus jeunes qui ont des pathologies lourdes, aux personnes avec des diabètes importants, particulièrement vulnérables. Protégez-vous ! », a lancé le premier ministre. Interrogé sur les reconfinements en Ehpad, Jean Castex a indiqué que cela pourrait intervenir « au cas par cas, si nécessaire ».
Marseille. A propos de la deuxième ville de France, où le port du masque vient d’être rendu obligatoire dans toute la ville, le premier ministre prévient d’un « taux de prévalence de pénétration d’épidémie particulièrement élevé chez les personnes âgées, ce qu’on n’avait pas, par exemple, constaté en Mayenne. Donc, on a pris des dispositions plus importantes, peut-être plus contraignantes, à Marseille », justifie-t-il.
StopCovid. Le premier ministre a reconnu, en fin d’entretien, que l’application de suivi des contacts StopCovid « n’a pas obtenu les résultats qu’on en espérait, peut-être, je veux bien en convenir, par défaut de communication ».