La rentrée plombée par la hausse inexorable du chômage

Combien y aura-t-il de chômeurs à Noël ? Si la question n’est pas abordée de front par le gouvernement, qui a commencé à distiller les mesures de son plan de relance de 100 milliards d’euros, elle est dans toutes les têtes. L’aggravation de la crise économique et sociale serait « beaucoup plus dangereuse que la crise sanitaire », a déclaré le premier ministre, Jean Castex, mercredi 26 août au matin, sur France Inter.
D’ailleurs, les Français placent l’emploi et la lutte contre le chômage au premier rang des enjeux de cette rentrée (48 %), selon un sondage Viavoice publié mercredi par Libération, devant la santé (46 %) ou l’environnement (40 %). Sans doute à juste titre : au premier semestre, près de 600 000 emplois ont été détruits en France, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).
Malgré une légère amélioration des chiffres en juillet, la première en trois mois, plus de 6,1 millions de personnes étaient inscrites à Pôle emploi, toutes catégories confondues, soit 6,6 % de plus que fin 2019.
Les chômeurs en catégorie A – qui n’ont pas travaillé du tout pendant le mois – étaient plus de 4 millions, soit 560 000 de plus qu’en février, avant le déclenchement de la crise. Et fin 2020, le taux de chômage, au sens du Bureau international du travail (BIT), devrait atteindre 11 %, d’après la banque de France, contre 8,4 % en début d’année.
Le mouvement de destructions d’emplois ne devrait pas ralentir à l’automne. L’accumulation des plans sociaux, qui, au cœur de l’été, totalisaient près de 50 000 emplois salariés, va se traduire tôt ou tard par des bataillons supplémentaires de chômeurs. « Pour le moment, grâce au dispositif de chômage partiel, les entrées à Pôle emploi pour motif de licenciement restent très basses », remarque Denis Ferrand, directeur général de Rexecode, institut de prévision qui table sur 800 000 à 1 million de chômeurs supplémentaires début 2021 par rapport à 2019.
Distorsion
Cependant, « il est très difficile d’estimer le timing » de ces vagues de licenciements, compte tenu des calendriers complexes de mise en œuvre des plans sociaux, précise l’économiste. Même chose pour les défaillances d’entreprise, qui apparaîtront au grand jour après le 31 décembre. A cette date, les patrons de sociétés en difficulté n’auront plus de délai de grâce et devront se tourner vers les tribunaux de commerce.
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