Dans le Loir-et-Cher, un artisan du BTP jugé pour violences sur un inspecteur du travail
C’est un contrôle de routine dans un lotissement propret de Vendôme (Loir-et-Cher) : ce jeudi 14 mai, l’inspecteur du travail se présente face à un artisan plaquiste, alors affairé sur le mur d’une maison individuelle. La visite inopinée du chantier ne se passe pas comme prévu. Vincent Deray, treize ans d’ancienneté, est insulté, frappé au visage et jeté au sol. L’agresseur sera placé en garde à vue et l’inspecteur en sera quitte pour sept jours d’incapacité totale de travail.
L’audience se déroulait mercredi 17 juin, au tribunal de grande instance de Blois. « Il n’est vraiment pas acceptable que nos agents, qui se présentent seuls avec un papier et un crayon, soient violentés lors de leurs contrôles », estime Pierre Garcia, à la tête de la direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi pour le Centre-Val de Loire. Avec ses collègues, il est venu afficher son soutien à M. Deray. « Nous avons une mission de protection des travailleurs contre les risques d’accident. Vous n’imaginez pas comme même les petits échafaudages peuvent être dangereux quand les salariés ne sont pas protégés. Quand ils en tombent, c’est la tête ou la hanche fracturée. »
« Un cas de conscience »
Une décision de justice est attendue début juillet. D’après les réquisitions du procureur (quatre-vingt-dix jours-amende), une peine tenant compte du profil de l’accusé devrait être retenue. « Ce plaquiste est seul pour s’occuper d’un enfant handicapé. C’est un autoentrepreneur qui sort d’une longue période de RSA et a des antécédents judiciaires. Cela pose un cas de conscience », précise M. Garcia. « Malheureusement, c’est quelqu’un d’agressif dans ses relations. Il l’a encore démontré à l’audience. »
Il rappelle la mobilisation de ses 80 inspecteurs en cette période d’épidémie, en particulier dans les supermarchés, pour s’assurer de la sécurité sanitaire des caissières, mais aussi sur les plates-formes logistiques et dans les abattoirs, comme celui de Fleury-les-Aubrais (Loiret), où 56 des 397 salariés avaient été testés positifs au Covid-19.
Ces jours-ci, ces fonctionnaires veillent au respect du dispositif du chômage partiel. « Et là, on voit bien qu’on est en train de lever pas mal de lièvres, avec de gros enjeux financiers. Des gens ont été recrutés uniquement pour être mis au chômage partiel ! », lance M. Garcia. « En face de nous, on va avoir des réseaux criminels, quasi mafieux. Des employeurs risquent de péter les plombs. Il faudra redoubler d’attention. »