Fin du confinement : « Un chômage partiel excessivement généreux peut freiner la reprise du travail »
Tribune. Le confinement actuel a des conséquences potentiellement désastreuses sur l’emploi et les revenus des ménages. Pour soutenir le revenu des salariés pendant le confinement, la France, comme la plupart des pays européens, s’appuie essentiellement sur le chômage partiel. L’Etat prend ainsi en charge une grosse part des rémunérations au plus fort de la crise afin de conserver les relations de travail intactes. Le chômage partiel évite de mettre des millions de personnes au chômage et de détruire des emplois que les entreprises devront recréer, ce qui pourrait ralentir la reprise.
Toutefois, ce rôle d’accélérateur du chômage partiel ne peut fonctionner que si la phase de déconfinement est bien gérée, car cet outil porte aussi le risque d’enferrer l’économie dans une longue récession.
Dispositif des plus généreux
De ce point de vue, la France doit être très vigilante : son dispositif de chômage partiel est désormais l’un des plus généreux des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et concerne près d’un salarié sur deux. Sachant que les carnets de commande de nombreux secteurs vont être impactés pendant un certain temps, un chômage partiel excessivement généreux peut considérablement freiner la reprise du travail.
Cela aggraverait la baisse du produit intérieur brut (PIB), avec à la clef la disparition de nombreuses très petites entreprises (TPE) et PME, malgré les autres aides de l’Etat. Les défaillances en chaîne risqueraient de fragiliser le système bancaire – une crise financière prenant alors le relais de la crise sanitaire. Le chômage finirait alors par progresser fortement et durablement, ce qui aurait des conséquences dramatiques sur la santé et la mortalité.
Pour échapper à ce scénario catastrophe, la stratégie de déconfinement partiel doit inciter à la reprise de l’activité, faciliter la poursuite du télétravail lorsque c’est possible, et cibler les aides sur les secteurs et les personnes en difficulté. En effet, nous ne sommes qu’au début de l’épidémie, qui doit durer plusieurs mois, et il n’est pas envisageable que la moitié des salariés soient en chômage partiel durant toute cette période.
Ainsi, entrepreneurs et salariés des secteurs dont l’activité va rester restreinte après le 11 mai – notamment dans le tourisme, les loisirs, les transports ou la restauration – doivent être protégés plus longtemps par l’assurance-chômage, tandis que leurs entreprises doivent pouvoir recourir au chômage partiel dans son format actuel. Leurs charges sociales et leurs impôts doivent être réduits, dès lors qu’elles maintiennent l’emploi ou qu’elles embauchent afin de poursuivre leur activité.
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