Coronavirus : « Des primes de risque bien dérisoires »

Coronavirus : « Des primes de risque bien dérisoires »

Tribune. Les différentes primes envisagées pour tous ceux qui continuent à se rendre sur leur lieu de travail pendant la crise du coronavirus sont-elles la bonne réponse devant les risques importants encourus ? Elles semblent bien dérisoires pour récompenser tous ceux qui, médecins, aides-soignantes, magasiniers, livreurs, caissières, méritent mieux que notre compassion, nos applaudissements du soir et nos encouragements sur les réseaux sociaux.

Le problème n’est pas que les vrais héros de cette drôle de guerre ont des fins de mois difficiles, le problème est qu’ils risquent leur vie pour nous et que cela exige un message très fort de tout le pays. Pas une maigre obole.

Véritable double peine

Le sentiment d’injustice n’a peut-être pas frappé immédiatement les « confinés », tous ceux d’entre nous qui continuent de mener la vie la plus normale possible grâce au sacrifice de ceux qui s’exposent sur le front. Après tout, diront certains, chaque guerre a ses soldats. Il y a pourtant une différence énorme entre la crise du Covid-19 et, par exemple, la première guerre mondiale : les poilus étaient représentatifs de l’ensemble de la population, aucune famille n’a été épargnée.

Le problème n’est pas que les vrais héros de cette drôle de guerre ont des fins de mois difficiles, le problème est qu’ils risquent leur vie pour nous et que cela exige un message très fort de tout le pays

Aujourd’hui, au contraire, il existe des inégalités flagrantes devant l’exposition au virus, et ces inégalités viennent dans bien des cas aggraver des inégalités socioéconomiques existantes. Que l’on songe aux dilemmes d’une mère célibataire qui doit choisir entre la garde de son enfant et un job ingrat mais source principale de revenus.

Cette véritable double peine doit nous conduire à réfléchir à l’instauration d’une prime de risque importante pour toutes les professions sur lesquelles pèse un risque disproportionné par rapport au reste de la population. On nous rétorquera que dans certains métiers, notamment chez les pompiers et les forces de l’ordre, des risques considérables sont pris chaque jour : oui, mais la grande différence est que ces risques sont connus à l’avance et que, sauf exception, les moyens matériels sont adéquats.

Un bon modèle pour la rémunération du risque causé par le coronavirus peut se trouver chez les diplomates : dès qu’un risque géopolitique est jugé matériel, la rémunération globale augmente très sensiblement. Ainsi, le niveau total des primes d’un ambassadeur en poste à Kaboul (Afghanistan) ou à Bagdad (Irak) est plus ou moins triplé par rapport aux primes d’un ambassadeur établi à Bruxelles (jusqu’à 4,5 fois le salaire de base).

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LJD

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