Inquiétude dans les Hauts-de-France, chez les salariés de Bombardier et Alstom
Après l’annonce, lundi 17 février, par le français Alstom d’un accord pour racheter le canadien Bombardier Transport, les 3 500 salariés des sites ferroviaires nordistes des deux groupes n’affichent pas le même enthousiasme que Bruno Le Maire. « Un mariage, c’est une manière de partager à deux les problèmes qu’on n’aurait jamais eus seuls », ironise Samir Dardari, secrétaire CGT chez Alstom à Petite-Forêt, près de Valenciennes.
Si le ministre de l’économie et des finances se « réjouit qu’Alstom, à travers l’acquisition de Bombardier Transport, joue un rôle de premier plan dans le renforcement nécessaire de l’industrie ferroviaire européenne », l’ambiance n’est pas à la fête dans les usines de Bombardier, à Crespin, et d’Alstom, à vingt kilomètres de là.
Dans un contexte de concurrence internationale de plus en plus dense, la naissance annoncée du futur numéro deux mondial du matériel ferroviaire derrière le chinois China Railroad Rolling Stock Corporation (CRRC) inquiète les syndicats du Valenciennois, centre de gravité de la filière en région, avec 60 % des emplois concentrés chez Alstom et Bombardier. « On a découvert cet accord préliminaire dans la presse, regrette Laurent Lamiaux, délégué CGT chez Bombardier Crespin. On nous a dit qu’il n’y aurait pas de soucis, mais on a des craintes sur des doublons, notamment au niveau de l’ingénierie et de la R&D. »
Même inquiétude chez le voisin Alstom : « La première préoccupation, c’est l’emploi, ajoute Vincent Jozwiak, délégué FO. Et pas seulement pour les 2 000 salariés de Bombardier et les 1 500 d’Alstom, mais aussi pour nos fournisseurs, les sous-traitants et les intérimaires. »
Les Hauts-de-France, qui assurent 40 % de la production nationale des trains, compte 14 000 salariés dans la filière, répartis entre les fabricants mondiaux de véhicules et plus de 250 fournisseurs et sous-traitants spécialisés. Des sous-traitants qui peuvent être affectés par la fusion. « Ils risquent des pertes de chiffres d’affaires, puisqu’il n’y aura plus qu’un seul donneur d’ordre », estime Samir Dardari.
Tous les syndicats sont unanimes : sans le détail du schéma industriel, impossible de quantifier l’incidence du rachat sur les emplois. Or, rien ne filtre, jusqu’à présent, sur la stratégie à venir.
« Le fait que les deux sites soient si proches nous inquiète »
Henri Poupart-Lafarge, le PDG d’Alstom, a d’ores et déjà balayé toute inquiétude, en expliquant que « l’esprit de ce rapprochement n’est pas de multiplier les restructurations et les suppressions d’emplois, mais, au contraire, d’être très offensif pour développer le rail et répondre à un marché en croissance ».