Egalité femmes-hommes en entreprise : « On ne peut se payer de mots »

Egalité femmes-hommes en entreprise : « On ne peut se payer de mots »

A l’occasion du Women’s Forum 2019, qui se déroule à Paris jusqu’au 22 novembre, cinq dirigeants d’entreprise appellent, dans une tribune au « Monde », à la création d’une plate-forme diffusant au public les données sur les progrès réels de la parité dans les entreprises.

Publié aujourd’hui à 06h00 Temps de Lecture 3 min.

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« Quelles que soient les réalités culturelles spécifiques à la France, il est un fait que, sans “name and shame” [“nommer et couvrir de honte”], entreprises et dirigeants continuent à se payer de mots. »
« Quelles que soient les réalités culturelles spécifiques à la France, il est un fait que, sans “name and shame” [“nommer et couvrir de honte”], entreprises et dirigeants continuent à se payer de mots. » Ingram / Photononstop

Tribune. « Nous devrions avoir pour objectif d’accroître le pouvoir d’influence des femmes dans la société. Je considère le pouvoir et l’influence comme la capacité de prendre des décisions, de contrôler les ressources et de façonner les perspectives », écrivait Melinda Gates dans un récent article de la Harvard Business Review (« Gender equality is within our reach », hors-série « Women, Power and Influence », septembre 2019).

Pour cela, il nous faudra, en France, beaucoup d’outils : l’index de l’égalité salariale femmes-hommes pour faire pression sur les entreprises, le soutien au financement à l’entrepreneuriat féminin, la promotion de l’ouverture aux étudiantes des filières scientifiques, technologiques, mathématiques et ingénierie, mais aussi une nouvelle culture du capitalisme et du leadership, plus équilibrée et extraite des déterminismes patriarcaux historiques et sociaux.

En dépit de progrès réels, le Forum économique mondial a rappelé, dans son rapport « Global Gender Gap », qu’il faudra, au rythme actuel, cent huit ans pour combler les inégalités et deux cent deux pour parvenir à l’égalité professionnelle.

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La « marche des cavalières » solitaires a joué son rôle : des pionnières ont pris la parole pour se présenter aux élections, défendre la place des femmes dans les instances de gouvernance, diriger des entreprises, amplifier leur présence dans les médias, démontrer que « l’alpha financier » (la super-performance financière) n’est pas une affaire de genre mais bien une affaire de diversité et de guerre des stéréotypes.

Transparence

Pour autant, la révolution des esprits n’a pas eu lieu.

En effet, les efforts doivent être concentrés et mis en commun, comme la mesure de la mise en œuvre de la parité dans les comités exécutifs des entreprises cotées (leur féminisation est aujourd’hui estimée à 17,9 % pour les entreprises du SBF 120).

Le risque est de voir s’essouffler les effets positifs de la loi Copé-Zimmerman, voire, à l’instar de ce que nous observons avec la loi Sauvadet appliquée à la fonction publique, l’oubli des objectifs, faute de suivi et de sanctions sur l’application des textes.

C’est ainsi qu’à l’occasion du Women’s Forum 2019 qui se tient du 20 au 22 novembre à Paris, nous lançons un appel pour la création d’une plate-forme privée d’utilité publique rassemblant les efforts de collecte, de mesure et de suivi des données sur les actions visant à l’égalité.

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Seules des mesures univoques et transparentes permettront de mettre en évidence les écarts entre la parole et l’action, l’avancée de la société et celle du monde économique. Cette plate-forme viserait à regrouper les travaux de structures publiques comme le Haut Conseil à l’égalité, de structures privées comme Ethics and Boards, et de start-up de traitement et de diffusion de données auprès du public.

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LJD

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