Le plan de Radio France prévoit 299 suppressions de postes
La direction a annoncé, jeudi, son plan d’économies et promet la création de 76 postes, dont 50 pour le numérique.
Le plan de réduction budgétaire de Radio France entre dans sa seconde phase. A l’occasion d’un long comité social et économique (CSE), qui a duré plus de dix heures, jeudi 14 novembre, Sibyle Veil a enfin précisé l’ampleur des départs, qui doivent lui permettre de réaliser 60 millions d’euros d’économies à l’horizon 2022.
Ainsi, la présidente de la radio publique prévoit 299 suppressions de postes, sur un effectif total de 4 600 équivalents temps plein environ. En parallèle, 76 postes seront créés, dont 50 pour le numérique. « J’ai veillé à limiter au strict nécessaire le nombre de départs volontaires de salariés. Nous avons pris en compte les départs déjà prévus dans les prochaines années et les postes actuellement vacants », a assuré Sibyle Veil dans un courrier adressé jeudi matin au personnel.
Du coup, 236 salariés seront invités à participer à ce plan de départs volontaires. Les sept radios (Franceinfo, France Inter, France Culture, France Musique, Mouv’, France Bleu et FIP) ainsi que les quatre formations musicales sont conservées. En revanche, le chœur symphonique va être sérieusement amputé : son effectif va passer de 93 à 60 personnes.
Deux autres départements seront également très touchés. La direction de la production et des antennes va fondre de 10 % avec la disparition de 41 postes de techniciens, dont 25 spécifiquement dédiés au son. Les réalisateurs et les assistants-réalisateurs, surtout présents chez France Culture et France Musique, vont perdre 30 postes, pour tomber à 92 salariés. « Certaines directions ne seront pas touchées par ces départs, à cause de leur organisation. Comme, par exemple, France Bleu », a également tweeté le syndicat SNJ, présent à la réunion.
Des coupes auront lieu un peu partout dans le groupe
Ensuite, des coupes chirurgicales auront lieu un peu partout dans le groupe, aussi bien chez les administratifs que chez les journalistes. La moitié des postes de femmes de ménage va disparaître. Chez FIP, par exemple, « la direction supprime les flashs (quatre journalistes en moins) (…) et les animatrices en région », a précisé le SNJ.
Ces départs s’étaleront sur trois ans et concerneront soit des salariés partant à la retraite, soit des personnes ayant un projet précis à l’extérieur. En revanche, les accompagnements financiers des partants « sont au ras des pâquerettes », estime une source syndicale, prenant l’exemple des quatre mois de bonification qui seront proposés aux futurs retraités. « C’est en dessous de la convention, car, souvent, ces gens ont trente-cinq à quarante ans d’ancienneté. »
Pour le moment, la direction a renoncé à évoquer la suppression de jours de congés, contrairement à ce qu’elle laissait entendre avant l’été. « C’est censé venir dans un second temps », dit un témoin de la réunion. Dans un rapport explosif de février 2019, la Cour des comptes avait estimé que « le temps de travail dans l’entreprise, fixé par l’accord du 27 janvier 2000, demeurait particulièrement faible ».
Les syndicats doivent se réunir vendredi pour décider de la suite à donner à ces annonces. Le même jour, Sibyle Veil s’exprimera également devant les salariés. Un nouveau CSE doit se réunir les 25 et 26 novembre pour « négocier », explique un syndicaliste, qui ne voit pas « trop ce qu’il y a à négocier ». Une première journée de grève avait été très suivie le 18 juin.
Elle faisait suite à la présentation par Sibyle Veil de Radio France 2022, un plan prévoyant une modernisation de l’entreprise publique pour aller vers les métiers du numérique (création de podcasts ou d’une offre « jeunes »), mais surtout 60 millions d’euros d’économies à réaliser pour un budget total de 671 millions d’euros, dont 600 millions d’euros de ressources publiques, selon les chiffres de 2018.
Perspective d’une holding
Objectif : faire face à la baisse de la dotation de l’Etat de 20 millions d’euros, à la hausse mécanique des charges de 20 millions d’euros et à une dépense supplémentaire de 20 millions d’euros pour financer le numérique.
En toile de fond du plan, la perspective d’une holding chapeautant à la fois France Télévisions et Radio France, que le gouvernement souhaite créer dans le cadre du projet de loi sur l’audiovisuel qui doit être adopté en 2020, inquiète à tous les étages de la « maison ronde ». Ce plan ne serait-il pas un « affaiblissement organisé avant un mariage forcé avec France Télévisions ? », s’interroge le SNJ. « Le risque, c’est de voir la radio publique aspirée par la télévision. Que restera-t-il alors de sa créativité, de son agilité ? », met en garde l’un des dirigeants du groupe public.