Retraites : « Il est urgent d’avoir un geste fort envers la profession agricole »

Retraites : « Il est urgent d’avoir un geste fort envers la profession agricole »

Deux députés, André Chassaigne (PC) et Olivier Damaison (LRM), explorent, dans une tribune au « Monde » trois pistes pour que la retraite minimale d’un agriculteur ayant travaillé toute sa vie atteigne 85 % du smic.

Publié aujourd’hui à 11h51 Temps de Lecture 4 min.

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« C’est une autre injustice qui est faite à ce secteur, que celle de ne pas ou peu reconnaître les conjointes comme des travailleuses agricoles, quand bien même celles-ci ne compteraient pas les heures passées à développer et entretenir l’exploitation. »
« C’est une autre injustice qui est faite à ce secteur, que celle de ne pas ou peu reconnaître les conjointes comme des travailleuses agricoles, quand bien même celles-ci ne compteraient pas les heures passées à développer et entretenir l’exploitation. » ANTHONY LEE / Ojo Images / Photononstop

Tribune. La réforme des retraites, en cours de négociation, va toucher l’ensemble des Français en 2025. Mais elle ne concernera pas les retraites déjà liquidées. S’il est une catégorie sociale qui peut réclamer, à raison et dès à présent, une revalorisation, c’est bien celle des agriculteurs.

Aujourd’hui, un agriculteur ayant travaillé toute sa vie et cotisé le nombre d’annuités requises ne touche qu’une retraite minimale équivalente à 75 % du smic. Certains retraités ne vivent même qu’avec 500 euros par mois ; une misère en regard de la difficulté et des exigences de leur profession et de son utilité majeure pour notre économie et notre autonomie alimentaire ; et une souffrance du quotidien pour tant de femmes et d’hommes âgés confrontés à la hausse du coût de la vie et à des besoins d’accompagnement et de santé liés à la dépendance.

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Assurer dès maintenant une hausse de leur retraite minimale à hauteur de 85 % du smic – l’un des principaux engagements de la réforme des retraites envers tous les Français afin d’endiguer la précarité de nos retraités – ne constitue pas une demande d’exception. C’est respecter un engagement pris par l’ensemble des députés quelques semaines avant l’élection d’Emmanuel Macron, en 2017. La proposition de loi avait été votée à l’unanimité. Elle portait l’engagement d’augmenter la retraite des agriculteurs jusqu’à ce seuil.

Le refus de sa mise en œuvre immédiate a été uniquement motivé par la contrainte budgétaire. L’enjeu financier que constitue une telle revalorisation demeure. Mais nous sommes résolus à lever ensemble cette exigence budgétaire par des leviers fiscaux adaptés et pérennes.

Respect et compréhension

Nous proposons que soient étudiés différents outils de financement qui pourraient être retenus en tout ou partie, permettant d’atteindre l’objectif de 85 % du smic minimal des pensions de retraites des non-salariés agricoles, régime de base et régime complémentaire inclus.

Trois pistes sont envisageables :

– premièrement, une taxe additionnelle à la taxe sur les transactions financières ;

– deuxièmement, une contribution d’assurance-vieillesse complémentaire instaurée sur les revenus financiers des sociétés liées au secteur agricole. Celle-ci permettrait de responsabiliser les acteurs économiques visés au regard de leur lien direct avec l’activité agricole ;

– troisièmement, enfin, le transfert du produit de la taxe sur la cession à titre onéreux des terrains nus rendus constructibles du fait de leur classement. Cette taxe créée en 2010 pourrait être renforcée, et son application rendue plus stricte au regard des contournements actuels.

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LJD

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