Les paradoxes des salariés sur le dialogue social

Les paradoxes des salariés sur le dialogue social

L’image des syndicats est légèrement meilleure et davantage de personnes envisagent le recours à la grève malgré un dialogue social « peu efficace » pour 52% de salariés, selon un sondage Ipsos pour le Cevipof. La crise des « gilets jaunes » est passée par là, explique l’éditorialiste du « Monde » Michel Noblecourt.

Par Publié le 28 juin 2019 à 09h55, mis à jour à 09h47

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Dans la deuxième édition du baromètre du dialogue social, réalisé par l’Ipsos pour le Cevipof, à l’intention du master dialogue social de Sciences Po et de l’association Dialogues, qui réunit des directeurs de ressources humaines et des syndicalistes, aucune question n’a été posée directement sur la crise des « gilets jaunes ». Mais, en en présentant les résultats, lundi 24 juin, Martial Foucault, le directeur du Cevipof, n’a pas caché qu’elle était omniprésente dans l’esprit des 1 523 salariés du privé et du public hors fonctionnaires – 596 cadres et 927 non-cadres, 623 employés dans des PME et 231 syndiqués – interrogés par Internet du 19 au 21 juin. C’est à elle que 67 % des sondés font allusion quand ils disent que des « événements concernant le climat social ont été particulièrement marquants », soit une hausse de 14 points par rapport au baromètre de juin 2018.

Cette crise inédite a aussi eu des effets sur l’état d’esprit des salariés : 37 % évoquent leur « lassitude » (+ 4 points en un an), 32 % leur « inquiétude » (+ 3). Alors que la confiance, avec 31 %, est en baisse de deux points et l’espoir (20 %) de trois, 10 % font même état de leur « dépression » (+ 2). Sur la vision du dialogue social, l’enquête fait apparaître un certain nombre de paradoxes, voire de contradictions. Ainsi pour 76 % des sondés, « le dialogue social existe », soit une hausse de 6 points, mais pour 52 % (+ 3), « il n’est pas efficace ». En même temps, le pourcentage de ceux qui jugent qu’« il ne fonctionne pas bien » est élevé (72 %), mais il marque un recul de neuf points en un an…

Au classement de la confiance, les syndicats arrivent en dixième place, dans un hit-parade inchangé qui place dans le trio de tête les PME, les collègues de travail et… la Sécurité sociale

Contrairement à 2018, les salariés ne sont pas directement interrogés sur la réforme du code du travail d’Emmanuel Macron mais ils sont autant qu’il y a un an (57 %) à voir dans la flexibilité une « menace » pour leur protection sociale. Ils ne sont plus que 55 % (− 6) à estimer qu’il faut faire de la compétitivité de l’économie « une priorité » mais, en même temps, le pourcentage de ceux qui privilégient « l’amélioration de la situation des salariés », s’il reste haut (73 %), est en baisse de sept points.

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LJD

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