Le Medef veut réviser ses ressources
Geoffroy Roux de Bézieux s’est autorisé une hyperbole en publiant son dernier projet : « C’est la réforme la plus importante depuis la création du Medef, il y a vingt ans », a-t-il exprimé, le 19 juin, lors d’une conférence de presse. Le président de la première organisation d’employeurs précisait, une série de mesures pour « transformer » son mouvement. L’une d’elles, correspondante au financement, fait d’ores et déjà débat, au sein du patronat mais aussi chez les syndicats.
D’ici à la fin de son pouvoir, en 2023, M. Roux de Bézieux veut, en conséquence, que le Medef se passe des ressources que lui accordent nombreuses institutions paritaires – soit 4,4 millions d’euros, au total, ressemblant à 11 % de son budget annuel. Les sommes en question sont attribuées pour couvrir des dépenses reliées à l’implication de représentants du Medef dans la progression de structures telles que l’Unédic (assurance-chômage) ou Action logement (dispositif en faveur de l’habitat des salariés). Les autres organisations patronales et les centrales syndicales perçoivent, elles aussi, de tels subsides.
Le déplacement de M. Roux de Bézieux se lance dans une forme de sevrage, en nombreuses étapes. Un premier pas a été accompli cette année « sans que ce soit officialisé », a déclaré Patrick Martin, le président délégué du Medef, peu de temps après la conférence de presse : l’organisation a lâché à 1,2 million d’euros, en provenance notamment de l’Unédic. Un effort qu’il convient de relativiser, car « ils n’arrivent pas à consommer l’intégralité de leur enveloppe », d’après des syndicalistes.
« Facile et un peu démagogique »
En se distribuant de ces flux financiers, le numéro un du Medef déclare vouloir mettre fin à un système qui « nuit à [l’]indépendance » de son mouvement et « n’est pas déontologique » car il est « voté par les partenaires sociaux pour les partenaires sociaux ». Il ne va néanmoins pas aussi loin que l’ambition postée durant sa campagne pour remplacer à Pierre Gattaz : faire en sorte « que le MEDEF soit capable, à terme, de vivre des seules cotisations volontaires de ses adhérents ». On n’en est plus là, actuellement, car son organisation va continuer d’empocher l’argent distribué par l’Association de gestion du fonds paritaire national (AGFPN) – une autre source de financement pour le patronat et les syndicats (alimentée, en grande partie, par une contribution des entreprises). Il s’agit là d’un dispositif « légal, transparent et audité », a défendu M. Roux de Bézieux.