« Responsable du bonheur » en société, entre chouchoutage recherche de rendement

« Responsable du bonheur » en société, entre chouchoutage recherche de rendement

Nathalie Forrestier est la « chief happiness officer » dans l’entreprise parisienne de livraison de repas à domicile Just Eat. Le 14 février, elle prépare des activités pour la Saint-Valentin.
Nathalie Forrestier est la « chief happiness officer » dans l’entreprise parisienne de livraison de repas à domicile Just Eat. Le 14 février

Etre responsable de protéger au bien-être des salariés est une profession de moins en moins négligeable en France.

« Où va le travail ? ». « On fait le point sur la Saint-Valentin ? Du croustillant à nous enseigner ? » Alentour de Nathalie Forrestier, dans une petite salle ouverte sur un ample open space, sept salariés de Just Eat interrogent leur ordinateur portable. Au menu du meeting: la « fête des amoureux », agencée dans l’entreprise jeudi 14 février. A moins d’une semaine du fait, quelques détails demeurent à régler.

« On a modéré une manucure et un barbier de 14 heures à 18 heures, réplique une salariée.

— Très bien. Et question déco ?, rejaillit Nathalie.

— On peut ordonner des ballons gonflables et des Post-It en forme de cœur », inspire une autre.

— Parfait. Du love, du love, du love », s’enthousiasme Nathalie.

Nathalie Forrestier est « chief happiness officer » (CHO) chez Just Eat (ex-Allo Resto). Salariée depuis une douzaine d’années de cette entreprise parisienne de livraison de repas à domicile, elle est occupée, comme l’indique la traduction française de son poste – « responsable du bonheur » –, d’examiner au bien-être des salariés.

Happy lunchs entre collègues, birthday parties, séminaires, ateliers de codéveloppement… Nathalie a carte blanche « pour maintenir la cohésion entre les équipes ». Cela passe par de l’événementiel interne, mais pas uniquement. L’actif quadragénaire, en jeans et sweat à capuche, assure que ses missions « sont très variées » :

« C’est moins perceptible, mais je fais aussi en sorte que les adoptes managériales soient comprises de tous. A l’écoute, prête à réfréner les conflits potentiels. »

Figure d’une CHO : Chief Happiness Officer, « c’est un poste qui s’élève autour d’un profil »

Un bien-être… stratégique

Née dans la Silicon Valley au début des années 2000, le métier de CHO en entreprise fait une timide percée en France depuis trois ou quatre ans. Si les laboratoires Boiron ont fait figure de pionniers du « management humaniste » dès les années 1980, c’est la propagation en 2015 sur Arte d’un documentaire de Martin Meissonnier appelé Le Bonheur au travail, qui a lancé la mode : le bien-être des salariés devenait stratégique.

Le nombre de CHO reste encore négligeable en France – quelques centaines tout au plus, particulièrement des femmes –, mais la fonction a suborné des grands groupes, comme Kiabi, Decathlon, Bouygues, Carrefour ou encore Publicis. « Contrairement aux idées reçues, on est plus CAC 40 que start-up », assure Olivier Toussaint, cofondateur du Club des CHO, qui joint des entreprises et des professionnels « sensibles à la question du management humaniste ».

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.