Les sociétés attirées par les récentes règles de l’apprentissage
Certains grands groupes qui ne l’ont pas déjà fait vont lancer leurs propres centres de formation internes à l’entreprise. D’une façon plus générale, la réforme de l’apprentissage demeure plus appréciée par les grandes entreprises que par les TPE et PME. Son objectif est de lutter contre le chômage des jeunes.
Le gouvernement désire accorder un sérieux coup de pouce à l’apprentissage. C’est un volet important de la loi « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel ». La France compte aujourd’hui quelque 430 000 personnes en apprentissage. L’objectif est de développer ce mode de formation massivement et à tous les degrés pour lutter contre le chômage des jeunes, « en le rapprochant du monde professionnel. L’entreprise est remise au centre du jeu », affirme Sébastien Boterdael, directeur du pôle politique de formation du cabinet de conseils Sémaphores (groupe Alpha).
La France compte de nos jours quelque 430 000 personnes en éducation. Le but est de développer ce mode de formation lourdement pour lutter contre le chômage des jeunes
« La loi va dans le bon sens, réagit Fabien Lagriffoul, directeur formation du groupe EDF. Le rapprochement de l’apprentissage et de l’entreprise va nous permettre de mieux définir nos diplômes et de les faire évoluer en même temps que nos métiers. » Les régions manquent leurs compétences sur l’offre de formation. « Ce sont les branches professionnelles qui reprennent la main sur le contenu », rappelle Manuèle Lemaire, directrice du Campus Veolia Seine & Nord et du centre de formation d’apprentis (CFA) Institut de l’environnement urbain (Val-d’Oise).
La loi du 5 septembre 2018 lève plusieurs freins au recrutement d’apprentis. Tout d’abord, les procédures administratives, particulièrement pour la signature du contrat, sont allégées et la rupture est désormais largement sécurisée. L’intégration des jeunes pourra se faire tout au long de l’année, évitant ainsi aux entreprises d’être réunies par les rythmes scolaires. D’autre part, les spécificités du droit du travail applicables aux apprentis (horaires, activités) sont assouplies. Le contrat d’initiation tend ainsi à s’aligner sur le contrat de travail classique. Sébastien Boterdael se réjouit de la fin de « ces irritants ».
Chemin plus individualisé
La limite d’âge pour entrer en instruction est repoussée à 30 ans. Les parcours sont sitôt plus individualisés puisque la durée du contrat (pouvant être modulée de six mois à trois ans) tient compte des acquis de l’apprenti. Finalement, de nouvelles méthodes pédagogiques (digital, en situation de travail…) sont incertains dans le cadre de la formation théorique. « Ce cadre moins scolaire devrait permettre d’attirer davantage de jeunes, se réjouit Manuèle Lemaire. Quant à nous, CFA, nous avons un gros travail d’ingénierie pédagogique à faire afin de moduler nos formations. »