« Le dilemme » : Est-il acceptable de mal travailler quand on est mal payé ?

Christine Noël-Lemaitre, philosophe du travail, est maître de conférences en philosophie à Aix-Marseille Université. Alors, lorsqu’un jour une assistante administrative de l’université lui a tendu sa fiche de paie en lui disant : « Regardez ce que je gagne : 900 euros [elle travaillait à temps partiel]. Qu’est-ce que vous imaginez que j’aie envie de faire pour ce salaire ? », cela lui a donné une nouvelle occasion de réfléchir à la question suivante : peut-on mal faire un travail pour lequel on est mal payé ?
Elle s’est souvenue d’une autre assistante, assurément mal rémunérée elle aussi, qui faisait toujours des pieds et des mains pour aider les étudiants, même ceux qui ne respectaient pas les délais. Faisait-elle le travail pour lequel elle était payée ou davantage ? Ce « cœur à l’ouvrage », qui s’oppose au « minimum syndical », vocable péjoratif censé désigner le seuil en deçà duquel un travailleur tire-au-flanc n’oserait pas descendre, a un autre nom : le surtravail. Soit le supplément de travail non rémunéré, non spécifié dans le contrat, que l’on attend malgré tout des employés.
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