Pour les jeunes qui vivent hors d’Ile-de-France, la galère de trouver un emploi à la hauteur de leur diplôme
Jamais elle n’aurait imaginé que la traversée du désert serait si longue. Quand elle valide son master de design, en 2016, dans une école supérieure publique de Montauban, Lucie (qui n’a pas souhaité donner son nom de famille) connaît un véritable passage à vide. En Occitanie, région où elle vient de finir ses études et dont elle est originaire, les offres d’emploi correspondant à son niveau de qualification sont rares, « pour énormément de demandes ». Dans son domaine, elle constate qu’une seule région concentre la plupart des postes : l’Ile-de-France. Mais, pour cette fille d’un magasinier et d’une aide à domicile, il est inenvisageable de « monter sur Paris ». « Cela aurait demandé trop de sacrifices : j’avais un prêt étudiant de 10 000 euros à rembourser, et mes parents n’auraient pas pu m’aider à assumer le coût de la vie là-bas », confie Lucie.
Après avoir pris un job de vendeuse, faute d’offres dans sa discipline, elle accepte de déménager en Bretagne pour un CDD d’assistante graphiste, payé « pas beaucoup plus que le smic ». Elle enchaîne sur plusieurs contrats courts au salaire guère plus élevé, « malgré un bac + 5 ». Quatre ans après sa sortie d’école, insatisfaite, elle choisit finalement de se lancer à son compte à La Rochelle, dans la création de logos et le conseil pour des collections de prêt-à-porter. « Ça commence à bien marcher, même si ce n’est pas simple tous les jours », raconte aujourd’hui la graphiste de 31 ans, qui ne peut s’empêcher de constater combien l’insertion fut plus facile pour ses camarades ayant déménagé à Paris.
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