Une avancée pour la protection des travailleurs du BTP lors d’épisodes caniculaires

Une avancée pour la protection des travailleurs du BTP lors d’épisodes caniculaires

Un chantier de construction à Airvault (Deux-Sèvres), le 5 juillet 2024.

Adaptation au réchauffement climatique oblige, un décret que les travailleurs du bâtiment et des travaux publics demandaient depuis longtemps est paru le 28 juin au Journal officiel : la canicule rejoint la liste des intempéries ouvrant le droit au chômage technique sur les chantiers.

« C’est une revendication que nous portons depuis 2018, lorsque nous avons commencé à constater de réels soucis sur les chantiers à la suite de coups de chaleur », rappelle Frédéric Mau, secrétaire de la fédération CGT Bois et construction, qui se « félicite » de ce « signal politique important : tout le monde sait désormais que travailler dehors par 40 °C représente un risque avéré pour la santé ». Il prend l’exemple des ouvriers chargés de la réfection des chaussées. « L’enrobé déposé est à 150-160 °C. Donc imaginez quand vous avez les pieds dessus avec un environnement extérieur à 40 °C… La température de l’air ambiant peut atteindre 80 °C, on l’a mesuré ! Et on a vu des évanouissements, même chez des gars aguerris ! »

Onze accidents du travail mortels en lien possible avec la chaleur sont survenus durant l’été 2023, dont près de la moitié dans le cadre d’une activité professionnelle de construction et travaux, notait, en février, Santé publique France dans son bilan « Canicule et santé ». Des chiffres sous-estimés, selon le secrétaire fédéral CGT, « parce que les causes d’un malaise mortel sont évidemment moins flagrantes que celles d’un décès consécutif à une chute de hauteur ».

Mutualiser les risques

Le nouveau décret met ainsi à jour le régime « chômage intempéries » créé dans le BTP au lendemain de la seconde guerre mondiale, un temps où les canicules ne rythmaient pas encore les étés français. Dans ce secteur où une bonne part du travail se fait en extérieur, il permet d’un côté aux salariés d’être indemnisés si des conditions météorologiques extrêmes (vent violent, fortes pluies, neige, gel) les obligent à cesser le travail. Et, de l’autre, aux entreprises de mutualiser les risques par le biais d’une cotisation à un fonds de réserve qui finance cette indemnité versée aux salariés au chômage technique.

Mercredi 10 juillet, Olivier Salleron, le président de la Fédération française du bâtiment, puissant lobby du secteur, s’est également réjoui, devant la presse, de cette avancée. Le régime intempérie se déclenchera en cas de vigilance orange ou rouge annoncée par Météo France. « La caisse remboursera alors les salaires des compagnons, c’est automatique, a-t-il expliqué. Mais aussi en cas d’arrêté préfectoral. » Pour l’année 2024, la caisse des congés ne versera toutefois que 80 % du salaire, la différence restant à la charge des entreprises.

Il vous reste 43.49% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.