Ces start-up qui tentent de passer « de l’artisanal à l’industriel »
Delphine Felder-Flesch l’avoue, « basculer dans le monde industriel est pour elle un grand saut dans le vide ». A 46 ans, cette scientifique du Centre national de la recherche scientifique, titulaire d’un doctorat de chimie organique supramoléculaire, ne se destinait pas à devenir un jour cheffe d’entreprise. Depuis 2019, pourtant, elle est à la tête de Superbranche, une start-up strasbourgeoise qui développe des nanoparticules capables de diagnostiquer et de traiter des tumeurs cancéreuses.
Sa société de biotechnologie s’apprête à passer au niveau industriel avec la création en 2026 d’une usine de production. « Après plusieurs années de recherche, on a mis au point un procédé unique de fabrication de nos nanomatériaux qui exige qu’on produise nous-mêmes si on veut les mettre sur le marché, donc qu’on industrialise », explique l’ancienne chercheuse. Une levée de fonds est en cours auprès d’investisseurs publics et privés, et sa start-up de sept salariés devrait à terme quadrupler ses effectifs.
Superbranche fait partie de la promotion 2023-2024 de la cinquantaine de start-up industrielles qui participent au programme « d’accélération » de Bpifrance, la banque publique d’investissement chargée par l’Etat de financer et de développer des entreprises. Les start-up dites « industrielles » – qui, dans leur développement, doivent passer par une hausse importante de leurs volumes de production et donc par des procédés industriels – font partie des acteurs économiques particulièrement mis en avant par le gouvernement pour participer à la réindustrialisation de la France.
Crever le plafond de verre
Bpifrance dispose d’un fonds d’investissement spécifique, intitulé « Sociétés de projets industriels » (SPI), dont le montant a été porté en 2022 à 1 milliard d’euros, tiré des 54 milliards d’euros du plan gouvernemental France 2030, pour financer des start-up et PME innovantes. Mais l’intervention de l’opérateur public n’est pas que financière. Son programme d’accélération, créé en 2015 et véritablement déployé depuis 2018, vise aussi à aider ces entreprises à maîtriser leur développement, avec des suivis qui durent entre douze et vingt-quatre mois selon les besoins.
« On apporte à la fois du conseil en formation et en audit pour les dirigeants, on les met aussi en relation avec d’autres partenaires ou investisseurs. Notre rôle consiste à faciliter leurs projets en amont et à les sécuriser en aval de la phase industrielle », explique Guillaume Mortelier, directeur exécutif chargé de l’accompagnement chez Bpifrance. Quelque 4 500 start-up ont ainsi été « accélérées » depuis 2018.
Il vous reste 55% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.