La rentrée à deux visages de l’économie française : l’activité résiste, mais les patrons s’inquiètent
Ce n’est pas une rentrée en fanfare, mais pas la bérézina non plus. « On ne constate pas de ralentissement global. On est plutôt sur une bonne tendance », admet Frédéric Guichard, directeur général de la division Pharmacie et Green Solutions de De Dietrich Process Systems, qui relève « qu’il y a davantage d’incertitudes en Allemagne ». Dans cette entreprise industrielle travaillant pour la pharmacie et la chimie, le retour de la production de certaines molécules comme le paracétamol et l’amoxicilline en France se traduit par des carnets de commandes « record ».
Dans un tout autre secteur, Alexandra Broussaud, directrice générale de Maison Broussaud, qui fabrique des chaussettes dans le Limousin, se réjouit aussi d’avoir vu les carnets de commandes se remplir brusquement au milieu de l’été, après un gros trou d’air qui l’a quelque peu affolée. « Mais maintenant, le problème c’est de pouvoir honorer ces commandes, alors qu’il me manque dix personnes dans les effectifs à l’usine », déplore-t-elle.
Après un été jugé très calme pour les entreprises, hormis celles tournées vers l’hôtellerie et la restauration, la rentrée se déroule donc plutôt mieux que prévu. Plus que le niveau de l’activité, qui demeure généralement positif, l’attention se porte aujourd’hui sur la trésorerie. « Les tensions sont réelles » de ce côté-là, note François Asselin, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises, qui représente 243 000 sociétés et 4 millions de salariés.
Risque d’un « effet de ciseau »
En cause, la nécessité désormais de rembourser les prêts garantis par l’Etat souscrits pendant la pandémie de Covid-19, tandis que le coût du financement flambe au gré des hausses de taux d’intérêt. « Ce cap est facile à franchir si l’activité reste soutenue, explique M. Asselin, mais si elle ralentit, on risque d’aboutir à un effet de ciseau qui rendra la situation plus délicate. »
Les chefs d’entreprise doivent aussi composer avec le prix de l’énergie, toujours très élevé, et la fin du bouclier tarifaire mis en place pour leur venir en aide, prévue pour le 1er janvier 2024. « L’exécutif nous avait dit qu’il allait agir pour modifier le mode de calcul du prix de l’énergie », rappelle M. Asselin. « Il reste moins de six mois pour le faire. Les entrepreneurs sont inquiets. »
La Banque de France, qui interroge chaque mois environ 8 500 chefs d’entreprise sur leur activité, confirme ce constat. « Contrairement à ce que certains indicateurs pouvaient laisser penser, il n’y a pas de retournement marqué », indiquait, mardi 12 septembre, Olivier Garnier, économiste en chef de l’institution, en présentant les résultats de cette enquête. Cela converge avec les prévisions de l’Insee : après un deuxième trimestre dopé par les exportations, ce qui a permis d’atteindre 0,5 % de croissance, le produit intérieur brut progressera de 1 % au troisième trimestre, selon les chiffres publiés jeudi 7 septembre. Toutefois, cette résilience est à géométrie variable.
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