Partout en France, à la veille de l’été, des maternités sous haute tension

Partout en France, à la veille de l’été, des maternités sous haute tension

Lors d’une manifestation pour la défense de la maternité de Nevers, devant l’agence régionale de santé de Nevers, le 15 avril 2022.

« A l’heure où je vous parle, nous avons cinq patientes qui ont des maladies qui exigent qu’on déclenche l’accouchement, mais nous n’avons aucune place en salle de naissance. » Le professeur Stéphane Bounan le dit posément, ce jeudi 16 juin. Il peut examiner chaque recoin de son service, au centre hospitalier de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), le constat est sans appel : ça coince « comme jamais », avant même le cœur de l’été, période toujours tendue.

Pas question pour le praticien de prendre le risque de transférer l’une de ces femmes vers d’autres structures. « Ce serait dangereux », dit le chef de service de cette maternité « de type III », qui accueille les grossesses les plus à risque, avec des services de réanimation néonatale et adulte dans ses murs. « On attend que des places se libèrent en salle de naissance, dit-il. Mais ce n’est pas confortable du tout. »

Voilà des mois que tout se dégrade. Avec un mal que ne connaissaient pas vraiment, jusque-là, les grandes maternités comme celle de Stéphane Bounan : les postes de sage-femme vacants. Sur un effectif de 91 temps plein, le service compte aujourd’hui… 63 postes pourvus. Il y a à peine deux ans, il était au complet, se souvient-il.

Les établissements du département de Seine-Saint-Denis font partie des maternités les plus en difficulté face à la pénurie de sages-femmes, mais l’alerte est générale, à entendre les acteurs de la périnatalité, qui s’inquiètent de la « catastrophe » à venir depuis des mois. « La situation est dramatique partout en ce moment, donc autant vous dire que, cet été, ça va être l’enfer », dit Camille Dumortier, présidente de l’Organisation nationale syndicale des sages-femmes (ONSSF), qui relève déjà des « problèmes de sécurité flagrants » dans certains établissements, en raison du sous-effectif.

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« Ça va être terrible cet été »

A Saint-Denis, ce sont d’abord les consultations non essentielles qu’il a fallu fermer, comme l’hypnose ou la sophrologie, puis les cours de préparation à l’accouchement, l’activité d’échographie… Les inscriptions ont progressivement été restreintes, passant à 300 par mois, contre 400 auparavant. Jusqu’à toucher le cœur du réacteur : depuis le début de l’année, 8 des 26 lits pour les grossesses à haut risque, et 10 lits de « suites de couche » ont fermé. Ainsi que 2 salles de naissance sur 9, et la salle de prétravail.

Avec des conséquences. Comme ce premier refus de prendre une patiente qu’il a dû opposer à la cellule régionale de transferts « in utero », qui gère la régulation des urgences concernant les grossesses pathologiques. S’il arrive toujours à une maternité de se retrouver parfois saturée – son cœur d’activité est d’accueillir du « non-programmé » –, c’est devenu bien plus fréquent.

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