Election présidentielle 2022 : conditionner le RSA à une activité, une idée qui fait son chemin dans l’entourage d’Emmanuel Macron

Election présidentielle 2022 : conditionner le RSA à une activité, une idée qui fait son chemin dans l’entourage d’Emmanuel Macron

Sur les politiques de solidarité, Emmanuel Macron ne paraît pas insensible à une idée chère à la droite : conditionner le versement du revenu de solidarité active (RSA) à l’exercice d’une activité. C’est ce que laissent supposer des déclarations faites par Gabriel Attal, mardi 15 mars. Invité de l’émission « Les 4 Vérités » sur France 2, le porte-parole du gouvernement s’est toutefois abstenu de livrer des détails, expliquant que le président de la République lèverait le voile sur ses intentions, jeudi, en présentant son programme pour le scrutin présidentiel.

M. Attal est intervenu sur le sujet pour répondre à une remarque selon laquelle le chef de l’Etat s’inspirerait de mesures défendues par Valérie Pécresse, notamment celle sur le RSA. La candidate de LR à l’Elysée veut que les bénéficiaires de ce minimum social donnent « chaque semaine quinze heures d’activité à la société ». Est-ce que M. Macron souhaite aussi s’engager dans une telle voie ? « Il y a une logique qu’on porte qui est (…) que les devoirs ouvrent les droits et non l’inverse », a indiqué le porte-parole du gouvernement, en citant comme exemple le contrat d’engagement jeune. Lancé début mars, ce dispositif offre un soutien renforcé aux 16-25 ans qui peinent à s’insérer. Il leur permet également de toucher une allocation, à condition de suivre le « parcours » proposé, sous la forme de quinze à vingt heures par semaine d’occupations diverses (formation, tâches d’intérêt général, mise en situation professionnelle…). « Evidemment, pour le RSA, c’est une logique qu’on pourrait suivre », a, prudemment, avancé M. Attal.

« Choquant et inacceptable »

Cette rhétorique hérisse des dirigeants d’associations de lutte contre l’exclusion. Elle s’inscrit dans une philosophie consistant à suggérer que les aides sont apportées « aux bons pauvres qui remplissent leurs devoirs », confie Marie-Aleth Grard, présidente de ATD Quart Monde. C’est « très choquant » et « inacceptable », poursuit-elle, car un tel discours « stigmatise » les publics concernés en sous-entendant que ceux-ci cherchent à « profiter du système » alors que l’écrasante majorité « souhaite retrouver un emploi ». « C’est une manière de diviser un peu plus la société », considère Mme Grard.

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Délégué général de la Fondation Abbé Pierre, Christophe Robert s’interroge : les propos de M. Attal constituent-ils un « effet d’annonce pour rassurer » tous ceux qui, au sein de la population, pensent que l’Etat-providence se montrerait trop généreux et pas assez exigeant ? Si le débat s’orientait dans cette direction, ce serait regrettable, aux yeux de M. Robert : la bonne question à soulever, selon lui, se situe dans les « moyens consacrés à l’accompagnement » pour que les allocataires sortent du RSA et se fraient un chemin dans le monde du travail. Les crédits prévus à cet effet avaient été considérablement réduits, jusqu’à une période récente. Résultat : fin 2019, 36 % des personnes qui percevaient la prestation se trouvaient dans ce système depuis plus de cinq ans, selon un rapport de la Cour des comptes. « Il faut que nous ayons des précisions sur cet aspect du dossier », affirme M. Robert.

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