Vendôme, un nouveau fief pour Louis Vuitton
Bernard Arnault a reçu le ministre des finances, Bruno Le Maire, mardi 22 février, dans deux nouvelles dépendances de Louis Vuitton, à Vendôme (Loir-et-Cher). Le PDG de LVMH a inauguré deux maroquineries de la marque de luxe, principale filiale du groupe aux 64 milliards d’euros de chiffre d’affaires. La plus « merveilleuse », a-t-il souligné, occupe un bâtiment du XVIIIe siècle du quartier Rochambeau, le Régence, racheté à la ville. « C’est superbe », a reconnu M. Le Maire, en franchissant le seuil de ce bâtiment entièrement rénové pour un montant de l’ordre de 18 millions d’euros.
Pourquoi ouvrir une maroquinerie à Vendôme, dans un bâtiment dont la façade est classée monument historique ? La ville a été un haut lieu de tanneries et ganteries, mais elle ne l’est plus. LVMH est connu pour avoir construit une maroquinerie Louis Vuitton ultramoderne à Beaulieu-sur-Layon (Maine-et-Loire), près d’Angers, en 2019. Et deux autres créations sont prévues cette année en France. Alors pourquoi s’imposer une rénovation aussi colossale ? « LVMH nous a dit vouloir raconter une histoire, en s’appuyant sur un site patrimonial qui a du cachet », rapporte Jean-Paul Tapia, élu au conseil municipal de Vendôme.
Le Régence est un ancien couvent, construit sur le cloître de l’abbaye de la Trinité, entre 1737 et 1740. A la Révolution française, il devient un bien public, un tribunal d’abord, puis une caserne, sous Napoléon, jusqu’à la seconde guerre mondiale, avant d’accueillir le tribunal d’instance jusqu’en 2009. Depuis, des associations l’occupaient.
Louis Vuitton a ici procédé comme à Grasse (Alpes-Maritimes) en 2012. La marque, connue pour ses sacs – dont proviennent 75 % de ses 17,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2021, selon le cabinet d’analyses boursières Citi –, s’apprêtait alors à lancer des parfums. Dans la capitale de la rose, elle s’est offert le domaine des Fontaines parfumées, une bastide à l’abandon rachetée, en partie à la ville, pour un million d’euros. Après rénovation, la marque y a installé le nez de Louis Vuitton, Jacques Cavallier-Belletrud. Depuis, elle vante les racines grassoises de chacun de ses jus. A Vendôme, elle serait animée de la même ambition marketing.
« Coup de cœur »
Baptisée « Louis Vuitton Abbaye Vendôme », la maroquinerie est consacrée à la fabrication de pièces en peaux précieuses, python, lézard et crocodile, un savoir-faire rare. LVMH en ouvrira probablement les portes au grand public lors de ses Journées particulières, événement annuel au cours duquel, depuis dix ans, le groupe fait visiter ses caves et manufactures pour flatter ses métiers et son savoir-faire. A Vendôme, ce serait du pur storytelling, puisque la marque n’est pas née dans un bâtiment du XVIIIe siècle, mais dans le faubourg des chiffonniers de Paris, à Asnières (Hauts-de-Seine), en 1854.
Il vous reste 73.97% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.