Une nouvelle vague de start-up françaises déferle dans la technologie quantique

Une nouvelle vague de start-up françaises déferle dans la technologie quantique

Les ingénieurs Guillaume Villaret et Clémence Briosne Fréjaville, à l’Institut d’optique de Palaiseau (Essonne), le 10 février 2022.

Tom Darras est tout sourire. Fin janvier ce jeune docteur de 28 ans vient de recevoir son Kbis, le document prouvant l’existence de sa jeune entreprise, WeLinQ, dernière née d’une trentaine de start-up françaises d’un secteur émergent, reconnaissables souvent à la lettre Q dans leur nom. Un « Q » qui signifie quantique et se verrait bien rimer avec révolution technologique.

L’adjectif fait référence à la théorie née dans l’entre-deux-guerres qui décrit le mieux le comportement de la matière au niveau des atomes. Grâce à elle, les physiciens savent désormais aussi bien pourquoi le ciel est bleu, pourquoi une étoile brille, ou pourquoi une luciole est fluorescente. Surtout, les ingénieurs ont utilisé cette théorie pour façonner des matériaux semi-conducteurs, à la base des puces et mémoires des ordinateurs et des mobiles. La théorie quantique est aussi à l’origine du laser qui lit les CD ou guide les voitures sans pilote. Les diodes électroluminescentes sont aussi quantiques. Tout comme les horloges de haute précision qui battent le tempo dans les satellites de géolocalisation.

« Se dire que ce dont on rêvait il y a vingt ans va devenir réalité est très excitant » Julien Laurat, cofondateur de WeLinQ

Mais une seconde vague est en train de se répandre, tirant profit d’autres propriétés de la théorie encore peu exploitées et mises en évidence seulement à partir des années 1980 dans les laboratoires de recherche. Elle promet des communications plus sûres car sensibles à la moindre interception. Mais aussi des calculs plus rapides ou impossibles même sur de superordinateurs. Ou encore des capteurs de lumière, de champ magnétique, de gravitation, d’ondes… plus précis et plus petits, ouvrant la voie à du guidage sans satellite de géolocalisation ou à des séances d’IRM dans des appareils moins volumineux.

Petites sous-unités synchronisées

Calcul, cybersécurité et métrologie (la science des capteurs) sont les trois piliers de la révolution annoncée. Auxquels il faut ajouter les technologies dites « habilitantes », c’est-à-dire nécessaires pour faire fonctionner les autres : des lasers, des réfrigérateurs à très basse température (ou cryostats) à – 270 °C, des pompes à vide…

Le fameux ordinateur quantique, Graal du domaine, n’est donc pas la seule application visée dans un marché mondial évalué par la société Yole Développement à près de 3 milliards de dollars (plus de 2,6 milliards d’euros) en 2030.

En France, une trentaine de PME et start-up parient donc sur cet avenir quantique. « Se dire que ce dont on rêvait il y a vingt ans va devenir réalité est très excitant », témoigne Julien Laurat, cofondateur de WeLinQ, professeur à Sorbonne Université et ancien directeur de thèse de Tom Darras, le PDG de la start-up. Leur rêve à concrétiser est une mémoire quantique, permettant de préserver pendant quelques quinzaines de microsecondes une précieuse information.

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LJD

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