Archive dans juin 2025

L’Europe a-t-elle oublié la catastrophe du Rana Plaza ?

Entreprises. Dans leur empressement à réduire les normes qui pèsent sur les entreprises européennes, plusieurs pays, dont la France, plaident pour le retrait de la directive européenne sur le devoir de vigilance.

Parents de victimes de la catastrophe du Rana Plaza, lors d’une cérémonie souvenir organisée en 2019, au Bangladesh.

Inspirée pourtant par la loi française de 2017, cette directive imposerait aux entreprises de l’Union européenne (au-delà d’une certaine taille) de se doter d’un plan de réduction des risques relatifs aux droits fondamentaux des travailleurs sur toute la chaîne mondiale d’approvisionnement.

Or, supprimer cette directive en l’accusant d’être une entrave administrative à la compétitivité repose sur trois erreurs dont les conséquences sur les droits humains dans le monde seraient graves.

Première erreur : le devoir de vigilance serait une tracasserie inutile. Or, il s’agit du seul garde-fou contre les formes particulièrement meurtrières de la production mondialisée et dont la catastrophe du Rana Plaza, au Bangladesh, a été la terrible révélation. Qui imaginait, en 2013, que les grandes enseignes de la mode et du vêtement faisaient assembler leurs produits dans un bâtiment mal construit, auquel on avait rajouté des étages sans autorisation et où étaient entassées sans règles de sécurité plusieurs milliers d’ouvrières ?

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A Bléré, l’expérimentation qui a sorti 130 personnes du chômage de longue durée

La date du 2 novembre 2022 est restée gravée dans la mémoire de Katia, Odile et Laurent (ils ont souhaité apparaître avec leurs seuls prénoms), qui ont fait partie des premiers embauchés de La Boîte d’à côté, après avoir connu des contrats courts ou aidés, le chômage ou le RSA.

« Ils étaient plus de 20 habitants éloignés de l’emploi, souvent depuis dix ou quinze ans, à signer d’emblée un CDI : leur émotion, c’était quelque chose d’incroyable », se félicite Fabien Nebel, maire sans étiquette de Bléré (Indre-et-Loire). L’édile ne regrette pas de s’être battu, avec tout son conseil municipal, pour faire exister ce projet, l’une des 83 expérimentations nationales « Territoires zéro chômeur de longue durée ». Et il attend avec impatience le vote d’une proposition de loi transpartisane visant à pérenniser et à étendre ce dispositif, soumise aux députés mardi 3 juin.

Pour lui, le pari est d’ores et déjà réussi, avec environ 130 habitants de sa commune sortis du chômage longue durée : le comité local de l’emploi, qu’il préside, a permis d’identifier, rencontrer et accompagner plus de 230 personnes privées durablement d’emploi. Une soixantaine d’entre elles ont pu trouver du travail dans le tissu économique préexistant. Soixante et onze autres ont été embauchées à La Boîte d’à côté, au fur et à mesure du développement de ses activités, et une vingtaine sont sur liste d’attente.

La structure est devenue la troisième entreprise de la commune en nombre de salariés, avec un modèle à rebours des logiques habituelles, préfiguré par l’association ATD Quart Monde. Il s’agit d’une entreprise à but d’emploi, qui ne doit pas concurrencer celles qui existent déjà ; elle embauche au smic, en CDI, des volontaires, sans les sélectionner ; elle s’adapte à leurs compétences, souhaits et possibilités horaires, et leur permet de partir s’essayer à un autre emploi, avec l’assurance de pouvoir revenir s’ils le souhaitent. « Une utopie réaliste », soutient le directeur de La Boîte d’à côté, Thierry Petonnet.

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Le défi de l’insertion des jeunes diplômés dans l’humanitaire : « Pour un poste, on peut recevoir 200 ou 300 candidatures »

Face à la multiplication des crises dans le monde et à la professionnalisation croissante du secteur, de plus en plus d’étudiants se tournent vers des formations spécialisées. Mais, entre la localisation de l’aide, qui privilégie l’embauche de personnels locaux, et les récentes coupes budgétaires, l’insertion n’est pas aisée.

Aldebaran, la vedette de la robotique française, placée en liquidation judiciaire

Une démonstration du robot Nao d’Aldebaran, à Genève (Suisse), le 5 juillet 2023.

Depuis son placement en procédure de sauvegarde judiciaire en janvier puis en redressement le mois suivant, l’issue semblait fatale pour Aldebaran. Le fabricant des robots Nao et Pepper, symbole de l’innovation française dans la robotique humanoïde, s’est vu signifier sa liquidation par le tribunal de commerce de Paris, lundi 2 juin en début d’après-midi.

La décision n’a pas étonné les 106 salariés de l’entreprise (ils étaient 167 au début de l’année, et 350 à 400 en 2019), qui disaient dès la semaine dernière « ne plus y croire ». Leur licenciement économique sera effectif d’ici à la mi-juin, et ils ont jusqu’au mercredi 4 juin à 18 heures pour rendre leur matériel.

Plusieurs d’entre eux étaient présents au tribunal. « C’est juste du gâchis, car il y avait plusieurs possibilités de se relever », déplore Jaouher Ben Mimoun, ingénieur industrialisation et élu au comité social et économique. « C’est le dernier acte de la chronique d’une mort annoncée, renchérit Thomas Novalic, avocat du CSE. L’Etat a versé beaucoup de crédit d’impôt recherche pour ce résultat. »

Perspectives peu précises

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Meublés Airbnb : quand ubérisation du ménage et main-d’œuvre vulnérable font tourner la machine

Une femme de ménage travaille dans un appartement en location Airbnb, à Paris, en septembre 2018.

C’est une recommandation qu’Airbnb formule sur son site Internet, à destination de sa communauté de loueurs de meublés touristiques. Sous la tête de chapitre « Tout ce que vous devez savoir sur les frais de ménage », afin de « garder un prix compétitif », la plateforme préconise : « Négociez avec la personne chargée du ménage. Envisagez de lui demander si elle peut accepter un tarif plus bas en échange de prestations plus régulières. »

Le nettoyage, rouage crucial dans l’activité des meublés de tourisme pour assurer une occupation à flux tendu, constitue, en effet, une dépense que les propriétaires, les plateformes et les grandes conciergeries – spécialisées dans la gestion de la location, de l’annonce au dépôt des clés – cherchent à réduire au maximum, pour préserver leurs marges. Derrière les portes closes des meublés touristiques, la massification des Airbnb et la rentabilité attendue de ce type de locations entraînent des cadences et des conditions de travail difficiles.

Retraitée, Maryvone (les personnes citées par un prénom ont requis l’anonymat) habite dans le Val-d’Oise et complète sa pension en faisant le ménage dans deux studios loués par Airbnb dans le quartier du Marais, à Paris. Elle gagne 30 euros pour un « passage » : soit une heure et demie de ménage (20 euros) et l’entretien du linge (10 euros). « Il y a un lit en mezzanine et un canapé convertible : je récupère les draps et les serviettes, je les trimballe avec une valise et je les lave chez moi – il faut faire deux machines —, je les fais sécher et je les rapporte. Donc ce n’est pas cher payé », témoigne-t-elle. D’autant que le coût des transports n’est pas remboursé.

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Ce qui change le 1ᵉʳ juin pour le budget des ménages : frais de notaire, contrôle des chômeurs, etc.

Comme chaque premier jour du mois, une série de nouveautés affectant les finances personnelles entrent en vigueur.

« Frais de notaire » : davantage de départements appliquent la hausse

Après avoir été relevés dans vingt-sept départements en avril, et dans quarante-cinq autres en mai, les droits de mutation à titre onéreux (DMTO), communément appelés « frais de notaire » ou « frais d’acquisition immobilière », doivent augmenter dans une série de nouveaux départements ce 1er juin.

La loi de finances pour 2025 autorise en effet ces collectivités à relever à 5 % au maximum, le taux de la taxe de publicité foncière et du droit d’enregistrement qu’elles perçoivent à l’achat d’un bien immobilier dans l’ancien, entre avril 2025 et mars 2028. Cette taxe est la principale composante des DMTO. Auparavant, le plafond était fixé à 4,5 % – il le reste si l’acheteur est un primo-accédant.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Immobilier : des acheteurs prudents, qui se rétractent davantage

Parmi les collectivités ayant délibéré en faveur de l’application de cette mesure le 1er juin : la Corse, les Deux-Sèvres, l’Isère, le Territoire de Belfort. L’administration fiscale doit actualiser la liste des taux des différents départements dans les jours à venir.

Certains départements ont, à l’inverse, annoncé leur intention de ne pas augmenter le taux cette année, parmi lesquels l’Ain, l’Ardèche, la Drôme, l’Eure, les Hautes-Pyrénées, l’Oise ou encore l’Indre, seul département métropolitain à conserver un taux inférieur à 4,50 % (3,80 %).

Le contrôle et les sanctions des demandeurs d’emploi évoluent

Les procédures de contrôle des demandeurs d’emploi doivent évoluer à partir de ce mois de juin. France Travail prévoit de généraliser à l’ensemble du territoire le « CRE rénové » (le contrôle de la recherche d’emploi), qui a été expérimenté progressivement depuis l’été 2024 dans treize régions de métropole et d’outre-mer.

L’objectif est de « gagner en efficacité », alors que le gouvernement s’est fixé un objectif de 1,5 million de contrôles en 2027, a expliqué France Travail, fin avril, à l’occasion d’un bilan de l’expérimentation.

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