Les risques d’une semaine en quatre jours
Carnet de bureau. « Précisons que la semaine en quatre jours n’est pas plébiscitée par les salariés. » C’est en ces termes que l’économiste Eric Heyer, directeur du département analyse et prévision de l’Observatoire français des conjonctures économiques, introduisait les dernières Rencontres RH sur le sujet qui se sont tenues à Paris en septembre 2023. Pourtant, l’expérimentation en cours depuis 2022 à la Caisse nationale d’assurance-vieillesse (CNAV) est bien « en quatre jours » plutôt que « de quatre jours », soit sans réduction du temps de travail et en priorité pour ceux qui ne sont pas éligibles au télétravail. « Parce que nous sommes service public, on n’avait pas le choix », justifiait alors Jérôme Friteau. Sur 3 600 salariés, seuls une vingtaine s’étaient portés volontaires. « Il n’y a pas d’engouement total », commentait alors le directeur des relations humaines et de la transformation de la CNAV.
Aujourd’hui, Gabriel Attal a retenu cette approche préférée par les directions des ressources humaines au nom d’un meilleur équilibre vie privée-vie professionnelle ou de l’équité à l’égard de ceux qui n’ont pas accès au télétravail, plutôt que celle de la semaine de quatre jours attendue par les salariés pour gagner en qualité de vie et en autonomie d’organisation de leur travail.
Dans son discours de politique générale du 30 janvier, le premier ministre a ainsi annoncé la mise en place d’une telle expérimentation dans les ministères afin de « mieux prendre en compte [le] rapport » au travail. Une enquête réalisée en octobre 2023 pour le groupe de réflexion Sens du service public nourrit son propos : 79 % des agents publics seraient favorables à proposer la semaine en quatre jours (avec le même volume horaire) à ceux qui ne peuvent pas télétravailler. Une mesure d’équité en quelque sorte.
La question des rémunérations
Mais cette alternative n’est pas du goût des syndicats de fonctionnaires interrogés par l’agence d’informations AEF. Une organisation « en quatre jours, sans réduction du temps de travail », est à leurs yeux au mieux inopportune, au pire risquée pour les salariés. Leur première préoccupation étant la question des rémunérations, « augmenter le temps de travail sur quatre jours n’est pas une réponse au problème actuel, a réagi Gaëlle Martinez, la secrétaire nationale de Solidaires fonction publique. C’est une dégradation des conditions de travail, alors qu’elles se sont déjà bien dégradées ». La CFDT Fonctions publiques a regretté qu’il n’y ait « aucune réflexion sur l’allégement du temps de travail ». Quant à la CGT, elle aimerait qu’on parle des 32 heures. « Cela ne pourra pas se faire partout », a souligné Luc Farré, de l’UNSA Fonction publique.
Il vous reste 25% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.