Nestlé, une décennie de retrait industriel en France
Buitoni à Caudry, c’est fini. Le géant helvétique Nestlé a fait tomber le couperet sur cette usine du Nord, le 30 mars. Ce jour-là, des dirigeants de la filiale française du groupe d’agroalimentaire sont venus annoncer la sombre nouvelle aux représentants des salariés. Depuis, les employés du site ne désarment pas et se relaient plusieurs jours par semaine devant les grilles du site. Si Nestlé s’est engagé à ne licencier personne avant la fin de l’année 2023 et à favoriser les reclassements au sein du groupe, les négociations sur le plan de sauvegarde de l’emploi se sont ouvertes. Les syndicats veulent mettre tout leur poids dans la discussion.
Les projecteurs de l’actualité se sont braqués sur l’usine Buitoni de Caudry il y a un peu plus de un an, le 18 mars 2022. Ce jour-là, elle cessait son activité au moment même où un communiqué était diffusé pour annoncer le retrait des pizzas surgelées à pâte crue vendues sous la marque Fraîch’Up, fabriquées sur ce site. En cause, la détection de bactéries Escherichia coli. Cet agent pathogène présent dans un lot de produits est suspecté d’avoir causé la mort de deux enfants et d’en avoir intoxiqué une cinquantaine.
Quelques jours plus tard, le 1er avril 2022, le préfet du Nord annonçait la fermeture officielle de l’usine de Caudry. Après neuf mois d’arrêt, Nestlé avait décidé de rouvrir partiellement le site à la mi-décembre 2022. Seule la ligne de pizzas à pâte cuite, non concernée par le scandale, avait été autorisée à redémarrer, après un investissement de près de 2 millions d’euros. Las, le géant de l’agroalimentaire a stoppé net la machine en mars, évoquant une chute des commandes.
La carte de la discrétion
Dans le premier temps du scandale sanitaire, Nestlé a tenté de jouer la carte de la discrétion, mettant en avant la seule marque Buitoni. Mais c’est bien le groupe suisse qui s’est retrouvé concerné par l’information judiciaire ouverte, à Paris, en mai 2022, pour homicide et blessures involontaires. La procédure pénale est en cours et l’entreprise n’a pas été mise en examen. Pour clore le volet civil, elle a annoncé, le 17 avril, avoir signé un accord d’indemnisation avec les familles des victimes. Aucun montant n’a été communiqué. L’avocat des plaignants avait chiffré sa demande à 250 millions d’euros.
Cet accord n’a pas manqué de secouer les 125 salariés de Caudry. « Si Nestlé peut verser des millions d’euros aux familles de victimes, il doit aussi nous indemniser. Nous sommes également des victimes », réagit Stéphane Derammelaere, délégué syndical Force ouvrière. Il affirme sans plus de précision que la direction a, pour l’instant, mis sur la table une proposition d’accompagnement financier des salariés licenciés comparable à celle qui avait été faite aux employés d’Itancourt (Aisne). Ce site fabriquait, jusqu’en 2020, les bouillons Maggi avant de fermer ses portes.
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