Archive dans 2022

Emmanuel Macron met en avant une nouvelle réforme de l’assurance-chômage parmi ses propositions sur l’emploi

Sans surprise, Emmanuel Macron n’a pas manqué d’évoquer le thème du travail lors de la grande conférence de presse présentant son programme, jeudi 17 mars. Le président candidat a dit vouloir poursuivre l’orientation des réformes du monde du travail prise il y a cinq ans lors d’un éventuel second mandat et viser le « plein-emploi » dans les cinq ans, grâce à des réformes « favorisant le retour à l’emploi » des chômeurs, objectif selon lui « atteignable » au vu de la baisse du chômage depuis 2017.

Après avoir rappelé vouloir mener à son terme la réforme des retraites, repoussée début 2020, et abordé la question de la formation professionnelle, le président sortant a proposé une nouvelle réforme de l’assurance-chômage. « Nous transformerons aussi Pôle emploi en le transformant en France Travail, ce qui est un changement profond », estime-t-il.

Le chef de l’Etat ambitionne de faire de l’institution « un lieu où on accompagne celles et ceux qui ont vocation à revenir à l’emploi de manière beaucoup plus simple et où on met toutes les compétences autour de la table » – soit une sorte de « guichet unique » de l’emploi, même si Emmanuel Macron dit réprouver ce terme.

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Le président a également confirmé son souhait de réformer le revenu de solidarité active (RSA) en conditionnant l’ouverture de ce droit à « l’obligation de consacrer quinze à vingt heures par semaine pour une activité permettant d’aller vers l’insertion professionnelle ». Il précise ensuite :

« Je n’ai pas voulu le RSA pour les 18-25 ans et je l’assume totalement parce que je considère que c’est en quelque sorte nous satisfaire d’une idée qu’on traiterait la pauvreté ou la précarité uniquement à travers des prestations monétaires. Oui, il faut des prestations monétaires mais il faut, en plus de ça, reconnaître la dignité de chacun, demander une part d’effort pour toutes celles et ceux qui le peuvent. »

Le Monde

Procès Deliveroo : Arthur, Simon, Edouard, témoins d’une d’époque révolue des coursiers

Manifestation de livreurs Deliveroo, le 9 mars 2022 place de la République, à Paris.

Ils se prénomment Arthur, Ilan, Ludovic, Kevin, Simon, Edouard, ont la trentaine, s’expriment avec aisance et ont travaillé pour Deliveroo entre 2015 et 2018. Ils étaient étudiants, intermittents du spectacle, en attente d’un emploi, et pour la plupart, vivaient leur première expérience professionnelle. De la plate-forme, ils gardent un souvenir amer, qu’ils sont venus raconter, mercredi 9 mars, devant le tribunal correctionnel de Paris. Tous se sont constitués parties civiles, aux côtés de plus de deux cents autres coursiers, représentés par Me Kevin Mention, qui les défend depuis 2016, et des syndicats SUD et CGT.

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Arthur Hay a travaillé pour Deliveroo à Bordeaux pendant un an, de 2016 à 2017, et fait partie des premiers à avoir engagé des actions contre la plate-forme. « On a commencé à se réunir chaque semaine dans un magasin de vélo, a-t-il raconté. On était une dizaine, on découvrait le monde du travail, en fait. Pour dénoncer nos contrats de travail, on a lancé une opération escargot, c’est-à-dire qu’on a simplement respecté le code de la route pendant nos livraisons… »

Mineurs ou sans-papiers

Pour lui, comme pour Edouard Bernasse et Ludovic Boison, l’expérience a été la genèse d’un engagement militant. Arthur est toujours coursier mais dans une société coopérative et il est devenu délégué syndical CGT. Ludovic est lui aussi resté coursier « auprès d’une société qui salarie ses employés » et milite également à la CGT. Edouard, collaborateur d’un sénateur communiste, est secrétaire général du Collectif des livreurs autonomes de Paris (CLAP). Des témoignages qui ne représentent qu’une minorité des milliers de coursiers arpentant à vélo ou en scooter les grandes agglomérations, leur sac isotherme sur le dos, et qui ont offert à l’avocat de Deliveroo, Me Antonin Levy, l’occasion de dénoncer « les airs de forum politique » pris par le procès. Ils racontent surtout une époque révolue, celle des débuts de Deliveroo, qui ne correspond plus à ce que l’on observe aujourd’hui.

L’un des témoins est d’ailleurs le premier à en convenir : « Avant, on prêtait son compte à un copain. Aujourd’hui, les livreurs filent leur numéro à un mineur ou à un sans-papiers. » Ceux-là, que l’on voit circuler sur des vélos en libre-service, ou qui se partagent à plusieurs l’abonnement au vélo électrique d’un tiers, en échange du versement d’une commission, n’étaient pas représentés au procès Deliveroo. Ils constituent la nouvelle infanterie de livreurs, qui permet aux plates-formes de se prévaloir à juste titre de donner du travail à une population rejetée partout ailleurs. Mais qui, comme l’a observé Me Eric Gaftarnik, avocat du Syndicat national des transports légers (SNTL) – celui de la « logistique du dernier kilomètre » – explique aussi la bienveillance des pouvoirs publics à l’égard de ces plates-formes qui permettent de « baisser les chiffres du chômage, d’augmenter le nombre de créations d’entreprises, de calmer les banlieues et d’acheter la paix sociale, mais qui, à terme, détruisent l’emploi salarié ».

La situation de l’emploi s’est fortement améliorée sous le quinquennat d’Emmanuel Macron

En matière d’emploi, le quinquennat d’Emmanuel Macron s’achève sur des résultats spectaculaires. Alors que la récession liée à l’épidémie de Covid-19 laissait craindre le pire, il y a un peu moins de deux ans, l’activité a rebondi avec une vigueur inédite, ramenant le taux de chômage à 7,4 % – soit à quatre dixièmes de point de l’objectif que le chef de l’Etat s’était fixé pour le terme de son mandat (7 %). Dans une note diffusée jeudi 17 mars, l’Observatoire français des conjonctures économique (OFCE) analyse les ingrédients de « cette bonne tenue du marché du travail ». La politique du « quoi qu’il en coûte », qui s’est traduite par un soutien massif des entreprises et des salariés, a joué un rôle déterminant. L’une des questions qui se pose, maintenant, est de savoir si la reprise sera fragilisée par la levée graduelle des aides.

Entre la mi-2017 et la fin 2021, le nombre de personnes en poste s’est accru de 1,2 million, si l’on agrège toutes les catégories (privé, public, indépendants). Une telle performance repose principalement sur la boulimie de main-d’œuvre des sociétés, qui ont embauché à tour de bras (+ 4,8 % sur la période). Grâce à ce dynamisme, les effectifs dans le secteur marchand ont, pour la première fois, dépassé la barre symbolique des 20 millions, au dernier trimestre 2021.

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Désormais, la part des individus de 15 à 64 ans qui ont un emploi atteint 67,8 %, soit le ratio le « plus haut » depuis que l’Insee le calcule (c’est-à-dire depuis 1975). Pour les jeunes, cet indicateur monte à 33,8 %, ce qui ne s’était pas vu au cours des trente dernières années. Pas étonnant, dans ce contexte, de voir le taux de chômage refluer : il est inférieur de 2,1 points par rapport à la mi-2017, au moment où M. Macron est entré à l’Elysée, et retrouve son niveau antérieur à « la “Grande Récession” de 2008 », écrit l’OFCE.

« Retour » des difficultés de recrutement

Les mesures prises depuis mars 2020 pour affronter la crise sanitaire ont permis à notre économie de surmonter cette mauvaise passe et de redémarrer à toute vitesse. Un dispositif a eu une forte incidence : les primes versées aux patrons qui recrutent des salariés en alternance. Quelque « 422 000 emplois d’apprentis auraient été créés en deux ans, expliquant l’immense majorité des [postes] créés depuis 2019 », indiquent les auteurs de l’étude. Dès lors, le recul du chômage durant la période récente « reposerait (…) sur une contribution très importante de l’apprentissage, lui-même dopé par un niveau de subvention atypique ». Toutefois, prévient l’OFCE, cet effet-là a une « pérennité incertaine » car il risque de s’amoindrir lorsque les aides disparaîtront.

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Cadres ou pas, de plus en plus de salariés se mettent au vert

Plus d’espaces, plus de mètres carrés, moins de stress… Ces derniers mois, les arguments en faveur de « la petite maison à la campagne » revenaient sans cesse dans les dîners en ville. Restait à savoir combien de salariés passaient des mots aux actes.

Les chiffres officiels du service des statistiques du ministère du travail (Dares) viennent de tomber et confirment le phénomène : de plus en plus de salariés quittent Paris et les centres-villes des grandes métropoles pour s’installer dans un environnement plus rural.

« Le désamour de la grande ville atteint également la province. Sur un an, les salariés qui ont déménagé à plus de 100 kilomètres ont davantage quitté les départements comptant une grande métropole (+ 3 points), au profit d’un département rural. »

« Entre les mois d’avril 2020 et 2021, les départs à plus de 100 kilomètres de Paris augmentent de 34 % (…) et les arrivées y reculent de 12 % », indique la Dares, dans une étude intitulée « Quelles mobilités géographiques des salariés du privé durant la crise sanitaire ? », parue mercredi 16 mars. Soit 4 000 déménagements en plus et 1 600 arrivées en moins sur un an. Une tendance « déjà entamée » avant la crise sanitaire, précise le service des statistiques des ministères du travail, du fait de la flambée des prix du mètre carré parisien.

Désamour

Le désamour de la grande ville atteint également la province. Sur un an, les salariés qui ont déménagé à plus de 100 kilomètres ont davantage quitté les départements comptant une grande métropole (+ 3 points), au profit d’un département rural.

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Même si les territoires de la « France profonde » restent des points de chute minoritaires, leur part dans le total des déménagements à plus de 100 kilomètres grimpe de 26,3 % à 28,6 % sur un an. Inversement, en avril 2021, la proportion de départs des grandes métropoles atteignait presque un tiers des déménagements longue distance (29 %).

Au vu de la carte établie par la Dares, les départements qui profitent le plus de cette attractivité retrouvée sont principalement les territoires situés à deux heures de Paris : l’Orne (61), le Loir-et-Cher (41) et l’Aube (10). Dans cette redistribution des cartes au profit des espaces ruraux, la Dordogne (24), la Haute-Vienne (87) et la Lozère (48) tirent aussi leur épingle du jeu. Dans ces départements, le prix d’une maison peut afficher un zéro en moins que le même bien situé en Île-de-France.

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Sans conteste, le télétravail a facilité cette mise au vert. « Sont notamment concernés [par ces déménagements] les domaines des services administratifs, comptables et financiers, de l’informatique ou encore de la banque et assurance », note le service des statistiques du ministère du travail. Autrement dit, des activités pouvant être facilement exercées à distance.

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L’inflation va miner le pouvoir d’achat et grever la croissance, prévient l’Insee

Comment mesurer le coût de la guerre en Ukraine pour l’économie française ? L’ampleur des incertitudes sur l’évolution du conflit, sur l’effet des sanctions ou des contre-sanctions, les pénuries éventuelles de matières premières ou les difficultés d’approvisionnement et, enfin, le « choc de confiance » rendent l’exercice particulièrement incertain et périlleux.

Dans sa note de conjoncture publiée mercredi 16 mars, l’Insee redouble de prudence, se refusant à donner une prévision de croissance pour l’ensemble de l’année 2022. La Banque de France, elle, a élaboré deux scénarios, publiés lundi 14 mars : l’un où la croissance atteint 3,4 % en fin d’année, et l’autre, plus dégradé, où elle se limite à 2,8 %.

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Mais, parmi les conséquences du conflit, celui sur les prix ne fait aucun doute. Selon l’Insee, en prenant l’hypothèse d’un baril de pétrole à 125 dollars (113,60 euros), l’inflation sur un an dépasserait les 4 % à la fin mars, contre 3,6 % à la fin février, avant d’atteindre 4,5 % entre avril et juin. Et encore ce chiffre a-t-il été atténué par le bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement, fin 2021, pour protéger les ménages des effets de la hausse des coûts du gaz, des carburants et de l’électricité.

L’Insee estime que, en l’absence de cette mesure, l’inflation aurait frôlé la barre des 5 % en février. Un niveau tel que, contrairement à ce qui s’est passé pendant la crise liée au Covid-19, où les dépenses publiques ont annulé le choc sur le porte-monnaie des ménages, le pouvoir d’achat ne sortirait pas indemne du conflit russo-ukrainien.

Une humeur peu encline aux dépenses

Exprimé en « unité de consommation » – c’est-à-dire, en tenant compte de la taille des ménages –, le pouvoir d’achat reculera d’au moins 0,9 % par rapport à 2021 sur l’ensemble de l’année, calcule l’Insee. Sur le seul premier trimestre, ce recul est encore plus significatif, puisqu’il atteint 1,4 % – mais ce chiffre est à interpréter avec précaution, car il succède à un trimestre atypique. « Le versement de l’indemnité inflation, qui représente un point de revenu disponible trimestriel, a fortement soutenu le revenu des ménages, fin 2021 », explique Julien Pouget, chef du département de la conjoncture à l’Insee. La fin de cette aide accentue la baisse de pouvoir d’achat.

Les ménages, en tout cas, ne s’y trompent pas. « Les enquêtes montrent une nette baisse du solde d’opinion sur le niveau de vie général en France », souligne M. Pouget. Le taux d’épargne, qui avait atteint des sommets pendant la crise liée au Covid-19, et qui était toujours, fin 2021, au-dessus de sa moyenne de longue période, est désormais orienté à la baisse, tout comme l’idée que la période est propice aux achats importants, comme les biens d’équipement ou les voitures.

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Election présidentielle 2022 : conditionner le RSA à une activité, une idée qui fait son chemin dans l’entourage d’Emmanuel Macron

Sur les politiques de solidarité, Emmanuel Macron ne paraît pas insensible à une idée chère à la droite : conditionner le versement du revenu de solidarité active (RSA) à l’exercice d’une activité. C’est ce que laissent supposer des déclarations faites par Gabriel Attal, mardi 15 mars. Invité de l’émission « Les 4 Vérités » sur France 2, le porte-parole du gouvernement s’est toutefois abstenu de livrer des détails, expliquant que le président de la République lèverait le voile sur ses intentions, jeudi, en présentant son programme pour le scrutin présidentiel.

M. Attal est intervenu sur le sujet pour répondre à une remarque selon laquelle le chef de l’Etat s’inspirerait de mesures défendues par Valérie Pécresse, notamment celle sur le RSA. La candidate de LR à l’Elysée veut que les bénéficiaires de ce minimum social donnent « chaque semaine quinze heures d’activité à la société ». Est-ce que M. Macron souhaite aussi s’engager dans une telle voie ? « Il y a une logique qu’on porte qui est (…) que les devoirs ouvrent les droits et non l’inverse », a indiqué le porte-parole du gouvernement, en citant comme exemple le contrat d’engagement jeune. Lancé début mars, ce dispositif offre un soutien renforcé aux 16-25 ans qui peinent à s’insérer. Il leur permet également de toucher une allocation, à condition de suivre le « parcours » proposé, sous la forme de quinze à vingt heures par semaine d’occupations diverses (formation, tâches d’intérêt général, mise en situation professionnelle…). « Evidemment, pour le RSA, c’est une logique qu’on pourrait suivre », a, prudemment, avancé M. Attal.

« Choquant et inacceptable »

Cette rhétorique hérisse des dirigeants d’associations de lutte contre l’exclusion. Elle s’inscrit dans une philosophie consistant à suggérer que les aides sont apportées « aux bons pauvres qui remplissent leurs devoirs », confie Marie-Aleth Grard, présidente de ATD Quart Monde. C’est « très choquant » et « inacceptable », poursuit-elle, car un tel discours « stigmatise » les publics concernés en sous-entendant que ceux-ci cherchent à « profiter du système » alors que l’écrasante majorité « souhaite retrouver un emploi ». « C’est une manière de diviser un peu plus la société », considère Mme Grard.

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Délégué général de la Fondation Abbé Pierre, Christophe Robert s’interroge : les propos de M. Attal constituent-ils un « effet d’annonce pour rassurer » tous ceux qui, au sein de la population, pensent que l’Etat-providence se montrerait trop généreux et pas assez exigeant ? Si le débat s’orientait dans cette direction, ce serait regrettable, aux yeux de M. Robert : la bonne question à soulever, selon lui, se situe dans les « moyens consacrés à l’accompagnement » pour que les allocataires sortent du RSA et se fraient un chemin dans le monde du travail. Les crédits prévus à cet effet avaient été considérablement réduits, jusqu’à une période récente. Résultat : fin 2019, 36 % des personnes qui percevaient la prestation se trouvaient dans ce système depuis plus de cinq ans, selon un rapport de la Cour des comptes. « Il faut que nous ayons des précisions sur cet aspect du dossier », affirme M. Robert.

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Election présidentielle 2022 : l’idée d’un revenu universel d’activité relancée par le candidat Macron

Le revenu universel d’activité revient dans l’actualité. Le candidat Emmanuel Macron donne en effet suite à l’idée du président Macron de fusionner plusieurs prestations et minima sociaux. Il l’avait évoqué le 6 janvier, au congrès de la Fédération des acteurs de la solidarité, puis le 2 février, lors de la journée sur le mal-logement organisée par la Fondation Abbé Pierre, et Richard Ferrand, président de l’Assemblée nationale (La République en marche), le confirme, mardi 15 mars, dans un tweet : « Un versement automatique des prestations sociales sera mis en œuvre en cas de deuxième mandat d’Emmanuel Macron. »

Le 13 septembre 2018, à l’occasion de la présentation de sa stratégie de lutte contre la pauvreté, le chef de l’Etat avait déclaré devant plusieurs centaines d’élus, membres d’associations et fonctionnaires réunis dans le cadre prestigieux du Musée de l’homme : « Je souhaite lancer aujourd’hui une transformation profonde de notre système de minima sociaux. » Il critiquait « un système opaque qui érode la confiance et nourrit la défiance et le discours lancinant sur les profiteurs, les assistés… Je souhaite créer sur la base d’un travail collectif, par une loi, en 2020, un revenu universel d’activité qui fusionne le plus grand nombre possible de prestations et dont l’Etat serait entièrement responsable ».

Harmoniser sans fusionner

La réforme, ambitieuse, n’a cependant pu être menée à terme à cause de l’irruption, au printemps 2020, du Covid-19 et parce que sa mise en œuvre s’avère plus ardue que prévu. « Il y a eu de nombreuses et longues réunions, des groupes de travail thématiques, des ateliers régionaux, se souvient Patrick Doutreligne, président de l’Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux. Nous avons été beaucoup consultés mais peu écoutés. » La crainte des associations était que cette réforme soit le prétexte à des économies, en rognant notamment sur les aides au logement.

Fabrice Lenglart, désigné en janvier 2019 rapporteur général à cette réforme, a conduit les travaux plus techniques auprès des douze ministères et vingt-quatre administrations concernées, dont la Caisse d’allocations familiales, distributrice, chaque année, des 91 milliards d’euros d’aides sociales. « Avec dix minima sociaux et quinze prestations sociales, notre système permet de contenir la pauvreté et la grande pauvreté, mais il est illisible et parfois peu incitatif à la reprise d’une activité », résume M. Lenglart qui, après l’interruption des travaux au printemps 2020, à cause de la pandémie, a repris l’ouvrage. Il a donc remis au premier ministre, en décembre 2021, un rapport de préfiguration resté confidentiel, ce qui ne rassure guère les associations concernées.

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Créer les conditions favorables à l’accession des femmes aux plus hautes responsabilités

« Seules seize entreprises sur quelque 40 000 n’ont pas su, en quatre ans, corriger les inégalités mesurées par l’index et tombent aujourd’hui sous le coup de la sanction prévue par la loi de 1 % maximum de la masse salariale. »

« Longtemps on a pensé que l’accès des femmes aux postes à responsabilité se ferait naturellement. Mais il n’a pas eu lieu sans intervention législative, a rappelé Quentin Lippmann, maître de conférences en sciences économiques de l’université Paris-II-Panthéon-Assas en introduction des Rencontres RH du 8 mars. Du point de vue de la recherche, la loi Copé-Zimmermann sur les quotas a très bien marché, en faisant passer la part des femmes aux conseils d’administration de 10 % en 2010 à 46 % en 2021, mais l’effet de ruissellement n’a pas eu lieu. D’où la loi Rixain pour faire monter les femmes dans les comités exécutifs (Comex) des entreprises et enfin le name and shame [“nommer et faire honte”] avec l’index sur l’égalité femmes-hommes [dans les entreprises]

La note globale moyenne de l’index 2022 publiée le 7 mars par le ministère du travail est de 86 sur 100, en progrès chaque année, tout comme les cinq indicateurs qui la composent, y compris les deux plus difficiles à respecter comme celui sur la hausse de salaire au retour de congé maternité ou la parité dans les dix plus hautes rémunérations.

Archives : Egalité femmes-hommes : les petites mesures sont parfois plus efficaces que les grandes politiques

Seules seize entreprises sur quelque 40 000 n’ont pas su, en quatre ans, corriger les inégalités mesurées par l’index et tombent aujourd’hui sous le coup de la sanction prévue par la loi de 1 % maximum de la masse salariale. La dynamique d’ensemble est positive, « mais est-ce que ça a réduit les inégalités ? » interroge Quentin Lippmann.

Réserves sur l’« index Pénicaud »

Une dizaine de DRH de secteurs aussi différents que les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), la bancassurance, ou les services à la personne, réunis à Paris à l’occasion de ce rendez-vous mensuel de l’actualité du management, créé par Le Monde en 2019 en partenariat avec ManpowerGroup, ont tenté d’y répondre. Ils ont échangé leurs interrogations, les pratiques au sein de leur entreprise et l’efficacité de leur politique de réduction des inégalités femmes-hommes, en particulier concernant l’évolution de carrière.

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Les lignes ont bougé. Relativement unanimes sur les progrès récents et l’efficacité des politiques de quotas, les responsables des ressources humaines ont toutefois exprimé leurs réserves sur les limites de l’« index Pénicaud » et les solutions envisagées pour faire face aux problèmes structurels. L’index « oblige à se poser des questions », « permet d’identifier et de mesurer les réalités ». « Il a mis au jour qu’un nombre important d’entreprises ne respectaient pas l’augmentation de salaire au retour de congé maternité », remarque Caroline Courtin, responsable RH chez BNP Paribas. « Mais il ne fait pas tout. Il faut le mettre en corrélation avec d’autres choses », résume Anne-Marie Husser, la DRH France d’Amazon.

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L’anglais en entreprise, entre nécessité et effet de mode

Connaissez-vous le métier de « growth hacker » (littéralement « pirate de la croissance ») ? Cet intitulé de poste, fréquent dans le numérique, est souvent moqué, car personne ne sait ce qu’il recouvre : pour Valentin Pouillart, PDG de la plate-forme CVDesignR, « un jeune qui fait ce métier va dire qu’il est un peu le couteau suisse du développement de la boîte. Mais dans les pays anglo-saxons, le growth hacking est une fonction de développement commercial. L’exportation en France d’intitulés de postes anglais peut changer leur sens, d’autant que tout le monde ne saura pas à quoi ils renvoient… »

L’anglais tient une place importante dans la société et les entreprises françaises, et la semaine de la francophonie, qui se tient du 12 au 20 mars, aura sans doute l’occasion de le rappeler. Sa maîtrise est aujourd’hui un atout pour obtenir un emploi : selon une étude publiée en décembre 2021 sur le site d’emploi Monster, 13 % des offres d’emploi disponibles en France exigent une sérieuse maîtrise de l’anglais, et le chiffre monte à 31 % dans le secteur de l’information et des nouvelles technologies.

La tendance est aussi à angliciser les noms de métiers, majoritairement pour les cadres, les secteurs du numérique, du marketing et du management. L’intitulé de poste en anglais est ainsi devenu une norme, selon Julien Broue, cofondateur du cabinet de recrutement Easy Partner, « du chef de produit devenu “product owner” au simple mot “manager”, car l’entreprise qui garde la terminologie française ne sera même plus visible sur le marché de l’emploi. »

« Entre 2020 et 2022, la part des intitulés de poste en anglais a été multipliée par deux sur nos offres, de 0,8 % à 1,6 % », précise Flavien Chantrel, directeur éditorial chez HelloWork, qui édite plusieurs plates-formes d’emploi. « On en voit passer beaucoup plus, sous l’effet de l’essor des métiers de la tech, reconnaît Alexandre Judes, économiste au Hiring Lab du site d’emploi Indeed. Le principal objectif est de rendre l’emploi plus attractif, montrer qu’on appartient à un écosystème dynamique. Mais il faut reconnaître qu’un certain nombre d’indicateurs et de concepts sont difficilement traduisibles en français. » Les entreprises ouvertes à l’international sont soucieuses de standardiser leur fonctionnement dans plusieurs pays avec les mêmes documents, les mêmes outils informatiques et la même dénomination de poste.

Traduction obligatoire

Mais dans le milieu des start-up, l’usage de l’anglais relève souvent d’une culture, où son utilisation est synonyme d’innovation. « Les mots-clés les plus utilisés sont “chief officer”, tout ce qui se termine par “manager” (“community manager”, par exemple), tout ce qui concerne le business, avec des termes comme “growth”, “account”, “owner”, “sales”, “key”… C’est très lié à l’univers des start-up et ça infuse du côté commercial », décrypte Flavien Chantrel. « Certaines jeunes structures injectent abusivement des anglicismes, se plongent dans cette tendance mais n’en ont pas forcément besoin », déplore Julien Broue.

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Situation de crise à la rédaction de « Livres Hebdo »

Des arrêts maladie en pagaille, des salariés obligés de se médicamenter pour trouver le sommeil, des crises de larmes soudaines… A Livres Hebdo, le mensuel destiné aux professionnels du livre (éditeurs, libraires, bibliothécaires), la vie de bureau tient davantage du désenchantement crépusculaire façon Connemara, le dernier roman de Nicolas Mathieu, que de situation modèle pour ouvrage de développement personnel. Alors qu’une réorganisation hiérarchique était attendue au début du mois, les équipes craignaient qu’elle ne réinstalle leur ancien rédacteur en chef, devenu directeur du développement éditorial entre-temps, dans le poste. De fait, jeudi 10 mars, Fabrice Piault a été rétabli dans la fonction qu’il occupait jusqu’à l’été 2020, faisant redouter le retour d’un management qualifié de « toxique » par plusieurs sources, ainsi que celui d’une liberté éditoriale relative.

Les licenciements intervenus dans le cadre du plan de 2020 font l’objet de huit contestations aux prud’hommes

Dès début juin 2021, quelques jours avant que le sexagénaire ne reprenne le travail après plusieurs mois d’arrêt, la rédaction avait demandé à ses représentants de « faire part de son inquiétude » en conseil économique et social. « Comment se prémunir contre les risques psychosociaux que déclenche son retour à la rédaction ? », faisait-elle demander à la direction. Le plan social qui l’a dévastée au premier semestre 2020, la réduisant de moitié, a laissé chez les huit derniers salariés et la vingtaine de pigistes des souvenirs douloureux. Intervenu dans la foulée, le licenciement pour « agressivité » d’une journaliste, Pauline Leduc, sans qu’elle puisse bénéficier des conditions du plan de départ, avait été vécu comme une injustice. « Nos relations [avec M. Piault] s’étaient brutalement dégradées quand j’ai pris la présidence de la Société des journalistes, raconte la jeune femme. Je ne faisais rien de mal, seulement porter la parole de la rédaction. »

Mise à la porte à son retour de congés maternité, après le premier confinement, elle demande désormais la nullité de son licenciement et espère obtenir une décision qui puisse faire jurisprudence – contrairement aux délégués syndicaux, les membres des sociétés de journalistes ne bénéficient d’aucune protection juridique. En tout, les licenciements intervenus dans le cadre du plan de 2020 font l’objet de huit contestations aux prud’hommes.

Positions inconfortables

La direction d’Electre, propriétaire de Livres Hebdo, s’est résolue à « déclencher une démarche d’évaluation des risques psychosociaux » le 11 janvier dernier. La plupart des réunions destinées à établir ce diagnostic s’étant déroulées « en présence de la personne à l’origine du malaise », selon plusieurs témoins, les salariés n’en attendaient pas grand-chose. Restituée oralement le 10 mars, l’enquête reconnaîtrait une « situation de crise » au magazine, mais pas de faits de harcèlement, par exemple, qui doivent empêcher le travail collectif. « On nous a dit que tout le monde, donc y compris la direction, avait souffert de la situation », indique une source.

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