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Patronat : « Nous avons la responsabilité de continuer à rendre l’entreprise désirable »

Alors que la cinquième vague de Covid-19 semble derrière nous, une toute nouvelle vague, cette fois sociale, commence à déferler sur la France : celle du « Big Quit » [« grande démission »], venue des Etats-Unis, où elle s’est manifestée par la démission de 4,5 millions de salariés en mars.

Le phénomène, en France, est loin des superlatifs américains, mais quelques chiffres suffisent à dessiner les contours d’une tendance préoccupante. En février, la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère du travail (Dares) annonçait une hausse de 21 % des départs volontaires, entre juillet et octobre 2021, dans les entreprises de 10 à 49 salariés.

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Selon un baromètre Harris Interactive, 91 % des Français estiment que les difficultés psychologiques sont de plus en plus répandues au travail, 50 % déclarent y être confrontés personnellement, dont les trois quarts envisagent de changer de poste, d’entreprise ou une reconversion.

Performance économique et performance sociale

Plus aucun doute : la crise sanitaire a généré, en France, sinon accéléré de profondes mutations, dans le monde du travail. Ces mutations sociales auront nécessairement des répercussions économiques demain, car il n’y a pas de performance économique sans performance sociale.

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Nous, chefs d’entreprise, avons le pouvoir d’agir en construisant, dans nos entreprises, un bouclier social face à la menace du « Big Quit ». Nous avons la responsabilité de continuer à rendre l’entreprise désirable, en inventant un management par le bien-être reposant sur cinq principes : transparence, souplesse, partage, engagement et transmission.

Transparence : « Il n’y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va », disait le philosophe romain Sénèque. Le premier facteur de bien-être en entreprise est la compréhension de la vision globale et de sa stratégie. Le confinement, qui a signé la fin des échanges informels, a mis à mal cet essentiel partage d’informations et de sens du travail de chacun. Il y a urgence à le remettre au cœur du lien qui unit salariés et dirigeants.

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Souplesse : nos sociétés contemporaines ont accéléré et morcelé le temps. Avec la crise du Covid-19, le professionnel a envahi le privé. Nous, chefs d’entreprise, avons la responsabilité de rééquilibrer en donnant davantage, au salarié, la liberté d’organiser son temps de travail. Pas pour tous les secteurs ni toutes les entreprises, mais nous sommes nombreux à pouvoir innover sur le sujet, en ayant recours au télétravail ou encore à la semaine de quatre jours.

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Echange CV contre petit cadeau : une méthode efficace pour recruter ?

Sur le principe un peu différent du « golden hello » (« bonus d’arrivée »), Connectt a promis aux potentiels candidats une « prime de bienvenue » de 100 euros s’ils travaillaient au moins soixante-dix premières heures pour la société d’intérim.

Un chèque de 100 000 euros : en guise de carotte dans la chasse aux CV, le cabinet de recrutement Lynks Partner mise sur un appât alléchant. Afin d’attirer de nouveaux candidats dans un marché du travail tendu, la société a annoncé le lancement d’une loterie insolite au 1er juin. Toutes les personnes qui déposeront leur CV sur le site dévolu au concours et qui inviteront deux autres candidats potentiels auront le droit d’y participer. A la clé, plusieurs lots en numéraire et, surtout, une belle publicité pour ce cabinet de recrutement.

La mise en place de ce concours est un moyen de « capter un maximum de profils », revendique Jean-Michel Laurent, son fondateur. « En trente ans d’expérience, je n’ai jamais connu un marché aussi tendu. Les bons candidats restent très peu de temps sur le marché et certains ne prennent même pas la peine de s’inscrire sur les “jobboards”. C’est pour contrer cette tendance que nous avons décidé de réagir. ».

Les jeux-concours sont une ficelle largement éprouvée par les pros du marketing. Vieille comme le monde, cette technique pour engranger de nouveaux prospects débarque sur le marché de l’emploi. Aux yeux de nombreux recruteurs, les candidats sont devenus des « consommateurs de jobs », une cible qu’il faut arriver à capter. Mais faire miroiter un chèque contre l’envoi d’un CV permet-il vraiment d’attirer de nouvelles recrues ?

Astuce marketing

Lynks Partner n’est pas le seul employeur à utiliser ce procédé. Les sociétés d’intérim les plus renommées lancent leur propre loterie : Adecco Luxembourg propose un concours pour gagner des voyages en Grèce à toutes les personnes qui auront travaillé au moins un jour pour l’agence entre le 19 janvier et le 31 mars. En février, le groupe de BTP Panorama Impact Management a aussi décidé de lancer sa « loterie du CV » pour attirer de nouveaux profils, rapporte le magazine L’Echo de la baie.

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Sur le principe un peu différent du « golden hello » (« bonus d’arrivée »), Connectt a promis aux potentiels candidats une « prime de bienvenue » de 100 euros s’ils travaillaient au moins soixante-dix premières heures pour la société d’intérim. Sur les réseaux sociaux, l’entreprise organise aussi un concours avec, à la clé, des places pour assister à un match de catch. Eric Haddad, son PDG, ne s’en cache pas : « Notre objectif est de capter des intérimaires qui viennent d’ailleurs et de renforcer notre vivier de candidats. » Les intéressés ne regarderont-ils pas d’abord les modalités des emplois proposés ? « La première étape, c’est de capter le candidat ; ensuite, on entre dans la phase de négociation », rétorque, en parfait commercial, Eric Haddad.

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Chômage : Très légère hausse du nombre de demandeurs d’emploi en avril

S’agit-il d’une inversion de la courbe dans le mauvais sens ? Pour la première fois en un an, le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité (catégorie A) s’est très légèrement accru en avril : il a atteint 3,179 millions sur l’ensemble du territoire (outre-mer compris, sauf Mayotte), soit une progression de 0,3 % en un mois, selon les statistiques diffusées mercredi 25 mai par la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) au ministère du travail.

Cette variation doit être commentée avec prudence, d’abord parce qu’elle porte sur des données mensuelles qui sont très volatiles et, ensuite, malaisées à interpréter – la Dares recommandant de privilégier les chiffres trimestriels pour se livrer à des analyses. En outre, l’évolution tient de l’épaisseur du trait.

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Mais elle retient l’attention, dans un contexte de croissance nulle entre début janvier et fin mars, d’après les premières estimations de l’Insee. Plusieurs phénomènes ont joué : invasion de l’Ukraine, qui accentue les tensions préexistantes sur les prix de l’énergie et plusieurs matières premières, gel de l’activité de nombreuses entreprises en Chine pour contrer le redémarrage de l’épidémie de Covid-19, recul de la consommation en mars dans l’Hexagone, etc.

« Ménages et entreprises très prudents »

La – toute petite – augmentation du nombre de demandeurs d’emploi observée en avril survient donc à un moment où l’économie mondiale traverse une zone de fortes turbulences. « Sur les dernières années, on a déjà connu des petits hoquets à la hausse de ce type, commente Gilbert Cette, professeur à la Neoma Business School. A ce stade, cela ne peut pas être lu comme un retournement structurel. » Cependant, enchaîne-t-il, « il ne serait pas étonnant que les créations d’emploi et la baisse du chômage connaissent un coup d’arrêt ». « L’incertitude actuelle risque de rendre les ménages et les entreprises très prudents », juge-t-il.

Mathieu Plane, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), formule un pronostic un peu plus tranché. « Il est probable que l’on soit dans un début de retournement de marché du travail au regard de l’évolution de l’activité, dit-il. Il ne serait pas surprenant d’enregistrer une hausse du chômage dans les trimestres à venir. »

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Pour l’heure, le marché de l’emploi résiste. En avril, le nombre de déclarations d’embauche de plus d’un mois (hors intérim) s’est accru de 0,3 %, alors qu’il avait reflué de 0,6 % en mars, selon l’Urssaf. Les patrons continuent d’enrôler de la main-d’œuvre, à des niveaux plus élevés que ceux qui prévalaient juste avant le début de la crise sanitaire (+ 8,9 % par rapport à février 2020).

Le gouvernement, lui, maintient son aide pour éviter que les recrutements piquent du nez. Ainsi, les primes exceptionnelles allouées aux entreprises qui font appel à des alternants (contrats d’apprentissage et de professionnalisation) vont être prolongées « au moins jusqu’à la fin de l’année », a indiqué, mardi, le nouveau ministre du travail, Olivier Dussopt. Cet arbitrage est important, car il concerne un dispositif mis en place à la mi-2020, qui a très largement contribué au dynamisme de l’emploi sur la période récente.

L’Argentine souhaite attirer les nomades numériques

Dans le quartier de Palermo, à Buenos Aires, en 2018.

La veille, encore : restaurant. Le lendemain : brunch. Le soir : un afterwork, dans le quartier de Buenos Aires qui borde le rio de la Plata, Puerto Madero, et des verres sur un rooftop. Ensuite, chaque mois, une escapade est prévue aux quatre coins du pays : bientôt, les spectaculaires chutes d’Iguazu – à la frontière brésilienne –, puis Salta et ses montagnes colorées dans le Nord-Ouest. « On flambe », admet en souriant Ricardo (les personnes citées dont le nom n’apparaît pas ont souhaité garder l’anonymat), 28 ans, qui a quitté la Belgique avec sa compagne pour rejoindre l’Argentine, fin avril, comme « nomade numérique », pour six mois environ. Ses projets ne sont pas uniquement touristiques : la journée, il continue de travailler, totalement à distance, à raison de trente-deux heures hebdomadaires, comme administrateur des achats pour une entreprise néerlandaise.

« Je n’y vois que des avantages ; à Buenos Aires, je ne me sens pas dépaysé. En même temps, j’apprends une nouvelle langue et puis, avec un salaire européen, la vie n’est vraiment pas chère, je vais même pouvoir mettre de côté », remarque-t-il, ravi des premiers contacts. Pour l’instant, il s’en sort avec sa maîtrise du portugais.

« Nos atouts, c’est le coût de la vie, imbattable au regard de l’offre culturelle, gastronomique, en divertissement, mais aussi un climat agréable toute l’année. » Francisco Resnicoff, sous-secrétaire aux relations internationales

Depuis le 10 mai et le lancement d’un visa qui leur est consacré – d’une durée de six mois, renouvelable une fois –, l’Argentine mise officiellement sur l’arrivée de ces nouveaux travailleurs dans le pays. « La pandémie de Covid-19 a accéléré tout ce qui, d’une façon ou d’une autre, allait finir par arriver », a justifié, lors de l’annonce, Florencia Carignano, directrice des services migratoires, en référence à ce nouveau profil de visiteurs. « Les personnes qui intègrent cette communauté ont entre 20 et 40 ans, la majorité d’entre elles ont un diplôme universitaire. On estime qu’elles consomment plus que les autres visiteurs : 6 000 dollars [5 670 euros] lors d’un séjour type », calcule le gouvernement.

« Ces dépenses dynamisent l’économie »

Buenos Aires, la ville d’arrivée des nomades, avait déjà formellement endossé cette stratégie au mois de décembre 2020, puis en novembre 2021, avec « la première conférence pour les nomades numériques d’Amérique latine ». Objectif : attirer 22 000 personnes correspondant à ce profil d’ici à 2023. La ville offre un « kit de bienvenue » à ces visiteurs, incluant, entre autres, une carte de transport et une carte SIM, des promotions dans différents hôtels. La manne espérée s’élève à 150 millions de dollars. Si le gouvernement affiche d’emblée son souhait de « générer un impact positif pour l’entrée de devises » dans un pays qui en a toujours cruellement besoin, les nomades, dans la majorité des Américains ou des Européens, selon les autorités, s’échangent les bonnes adresses pour obtenir des pesos sur le circuit parallèle. Le taux y est plus avantageux. Et les euros ou dollars échappent aux réserves officielles.

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Olivier Dussopt lance un cycle de rencontres avec les partenaires sociaux et reçoit la CFDT

Olivier Dussopt, ministre du travail, du plein-emploi et de l’insertion, à l’Elysée (Paris), le 23 mais 2022.

Vingt-quatre heures après sa prise de fonctions, le nouveau ministre du travail, du plein-emploi et de l’insertion, Olivier Dussopt, a engagé, mardi 24 mai, un cycle de rencontres bilatérales avec les partenaires sociaux. Premier invité : Laurent Berger. Le secrétaire général de la CFDT a été reçu durant une heure avec la numéro deux de sa confédération, Marylise Léon, et deux secrétaires nationaux – Yvan Ricordeau et Frédéric Sève. Le fait que ces séries d’échanges commencent par la centrale cédétiste n’est sans doute pas anodin : Emmanuel Macron et le gouvernement d’Elisabeth Borne veulent essayer de détendre les relations avec le syndicat numéro un, résolument opposé – comme tous les autres – à la réforme des retraites.

Lire la tribune de Laurent Berger (CFDT) : Article réservé à nos abonnés Laurent Berger : « Monsieur le président, vous ne pourrez pas relever ces défis tout seul »

Sur le report à 65 ans de l’âge d’ouverture des droits à une pension, « on a redit qu’on ne souhaitait pas du tout traiter le sujet (…) durant l’été », a déclaré M. Berger à l’issue de son tête-à-tête avec M. Dussopt. « Je crois que ce n’est pas d’actualité pour nous, il faut être sérieux », a-t-il ajouté. Un vœu qui sera peut-être exaucé car la première « préoccupation du ministre, c’est la question du pouvoir d’achat », selon le leader de la CFDT. M. Berger souhaite qu’« une conférence » soit « très très vite » organisée sur cette thématique, « avant la présentation de la loi » qui contiendra différentes mesures pour soutenir le niveau de vie des ménages, le but étant que « chacun puisse faire valoir ses propositions ».

Premier contact positif

Le responsable cédétiste a qualifié de « bonne nouvelle » la confirmation, mardi matin par M. Dussopt, de la revalorisation des pensions durant l’été. Il a par ailleurs réaffirmé sa demande d’une hausse des minima sociaux. Il a également indiqué que la discussion avec le ministre avait permis d’aborder les ordonnances de septembre 2017 relatives à la réécriture du Code du travail. Des textes que la CFDT critique car ils ont appauvri, selon elle, le dialogue social, en particulier dans les entreprises.

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« Il faut revoir [ces ordonnances], a martelé M. Berger. LA CFDT ne parle pas de leur abrogation, mais de donner plus de moyens aux représentants du personnel, plus de moyens pour traiter les questions de sécurité et de santé au travail, plus de place pour les suppléants [dans les instances]. »

Le syndicaliste a jugé le premier contact positif. « C’est un bon signe que le ministre du travail veuille rencontrer les organisations syndicales et les organisations patronales assez vite après son arrivée [rue de Grenelle] », a résumé M. Berger. Celui-ci y a vu « une volonté de travailler avec une méthode qui soit celle de la concertation et du dialogue ». Mercredi, M. Dussopt doit rencontrer le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux.

Malgré le record des ventes de Chanel en 2021, le secteur du luxe replonge dans l’incertitude

Défilé Chanel pour la collection de prêt-à-porter féminin automne-hiver 2022-2023, à Paris, le 8 mars 2022.

Le chiffre stupéfie. Chanel a dévoilé, mardi 24 mai, avoir atteint 15,6 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2021, soit 14,5 milliards d’euros. La maison de luxe a profité d’une envolée de 49,6 % de ses ventes pour effacer l’annus horribilis de 2020 au cours de laquelle son activité avait dévissé de 18 %, pour s’établir à 8,3 milliards d’euros. Le groupe détenu par les frères Alain et Gérard Wertheimer a surpassé de 27 % l’activité de l’exercice 2019, pré-pandémie. Grâce, notamment, à de très fortes hausses de prix, sa rentabilité excède de 170 % celle de 2020, à 5,46 milliards de dollars de résultat opérationnel. Son résultat net franchit la barre des 4 milliards de dollars, en hausse de 68 % sur le dernier exercice par rapport à 2019.

« Malgré le contexte difficile de 2021, nos résultats ont mis en évidence une forte demande de notre clientèle », fait valoir Philippe Blondiaux, directeur financier de Chanel, par communiqué. En 2021, la maison fondée par Gabrielle Chanel avait, il est vrai, continué à investir pour soutenir la notoriété de la marque : l’enveloppe consacrée à sa promotion a alors atteint 1,8 milliard de dollars, soit 32 % de plus qu’en 2020.

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Qu’en sera-t-il en 2022 ? Le directeur financier du groupe promet que l’année sera « une nouvelle année d’investissements importants ». Ils excéderont un milliard de dollars. Et plus de 3 500 personnes seront embauchées chez Chanel cette année. A Paris, la marque vient de rouvrir sa boutique de joaillerie de la place Vendôme, après un an de travaux. Et les défilés des collections dessinées par Virginie Viard bénéficient à nouveau d’une théâtralisation hors normes. Après Dubaï, les mannequins de la griffe se sont envolées pour Monaco, le 5 mai, pour présenter les 67 silhouettes de la collection croisière.

Portes closes

Toutefois, plusieurs marchés peuvent inquiéter la maison de luxe qui emploie 28 500 employés et exploite 523 boutiques dans le monde. La marque a coupé les ponts avec la Russie. Tout comme ses concurrents. Depuis le 4 mars, les magasins russes de Chanel sont portes closes. En Chine, la marque ne peut pas non plus exploiter l’ensemble de son réseau commercial compte tenu du confinement imposé par l’administration chinoise pour lutter contre la propagation du coronavirus. La marque précise au Monde que 35 de ses boutiques de parfums et de produits de beauté Chanel sont actuellement fermées. Tout comme cinq de ses seize magasins de mode et de joaillerie. En avril, la marque y a essuyé un recul d’activité « à deux chiffres ».

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Ryanair condamnée pour travail dissimulé

La compagnie aérienne irlandaise Ryanair vient de subir un nouveau revers dans la bataille judiciaire qui l’oppose depuis une décennie à des organismes sociaux et à des syndicats français. La cour d’appel de Paris a confirmé la culpabilité du transporteur à bas coûts dans une affaire de travail dissimulé. Le délibéré avait été rendu le 13 mai, mais les protagonistes n’ont reçu une copie de l’arrêt qu’une semaine après. Les motivations de la décision sont sévères, les magistrats estimant que la société s’est « soustraite volontairement à la législation sociale » tricolore par le biais d’une « fraude » caractérisée.

La procédure à l’encontre de Ryanair a vu le jour à la fin de 2009, à la suite d’un signalement de l’Office central de lutte contre le travail illégal et de plaintes émanant de plusieurs organisations de salariés et de la Caisse de retraite du personnel navigant (CRPN). Les faits concernent la base de la compagnie à l’aéroport de Marseille-Marignane, qu’elle avait ouverte sans s’immatriculer au registre du commerce ni déclarer les quelque 130 alariés à l’Urssaf – ceux-ci relevant de la Sécurité sociale irlandaise. La direction s’était également abstenue de créer des instances de représentation de ses collaborateurs (comité d’entreprise, délégués du personnel, etc.).

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Autant de pratiques que Ryanair a justifiées en arguant que ses équipes établies à Marignane exerçaient leur activité dans des avions enregistrés en Irlande et en faisant valoir que son siège social se trouvait dans ce même pays : dès lors, les salariés concernés pouvaient, d’après elle, se voir appliquer le droit irlandais.

A l’issue de l’enquête, la société a été renvoyée devant le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence et condamnée, en octobre 2013, à quelque 8,67 millions d’euros de dommages-intérêts. Un peu plus de 80 % de ce montant a été attribué à l’Urssaf et à la CRPN, afin de compenser le préjudice lié au fait que le transporteur avait payé ses cotisations non pas en France, mais en Irlande, où le niveau de prélèvements est moins élevé. Pour les magistrats, Ryanair « a organisé un véritable dumping social » et « créé une situation de concurrence déloyale vis-à-vis des autres compagnies aériennes respectant la législation nationale ».

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Réglementation sciemment contournée

En appel, la peine a été confirmée. Mais la Cour de cassation a partiellement invalidé, en 2018, la sanction infligée à Ryanair et a demandé que l’affaire soit rejugée en tenant compte de décisions rendues quelques mois auparavant par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). C’est ainsi que le dossier a atterri devant la cour d’appel de Paris.

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« Dans le monde des cheffes d’entreprise, la Californie fait un pas en arrière »

Nouveau revers pour les Américaines. Sans comparaison bien sûr avec la potentielle remise en question du droit à l’avortement dans la moitié du pays, mais tout de même. Dans le monde – certes privilégié – des cheffes d’entreprise, c’est un pas en arrière. Le 13 mai, une juge de Los Angeles a remis en question la loi qui avait placé la Californie à l’avant-garde pour l’accès des femmes aux instances dirigeantes des grandes entreprises, du moins parmi les Etats américains – la France, entre autres pays européens, a mis en place depuis plus de dix ans une législation qui impose une « représentation équilibrée des femmes et des hommes » au sein des conseils d’administration et de surveillance.

Le texte californien, adopté en 2018, imposait aux entreprises cotées et domiciliées dans l’Etat d’inclure au moins une femme avant fin 2019 dans leur conseil d’administration, deux femmes avant fin janvier 2022, trois femmes quand le conseil compte plus de six membres. La loi prévoyait des amendes de 100 000 à 300 000 dollars pour les contrevenants.

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L’association conservatrice Judicial Watch a attaqué le texte devant le tribunal, estimant que l’imposition d’un quota contrevenait à l’article de la Constitution qui garantit une égale protection pour tous. Maureen Duffy-Lewis, juge de la cour supérieure du comté de Los Angeles, lui a donné raison. « Le but de la loi n’est pas de remédier à une discrimination, mais de trouver un équilibre sur la base du genre », a-t-elle critiqué. Une loi similaire, mais relative à la présence de minorités raciales ou sexuelles dans les conseils d’administration, avait été invalidée début avril par un autre juge de Los Angeles, pour la même raison. A l’opposé, les partisans de ces mesures réfutent le terme de « quotas ». Pour eux, il suffit aux entreprises d’augmenter la taille des conseils de gouvernance.

L’exemple français

En fait, la loi était quasiment condamnée d’avance. En la promulguant, le gouverneur Jerry Brown avait lui-même mis en doute sa constitutionnalité, tout en insistant sur la nécessité de faire avancer la cause des femmes – c’était l’époque #metoo. Ses services avaient aussi noté qu’il leur serait probablement impossible de faire payer les amendes. De fait, ils n’en ont imposé aucune.

A quoi bon adopter des lois qui n’ont aucune chance d’être mises en œuvre ? Il semble que cela soit devenu une spécialité californienne. En 2019, les élus avaient décidé d’en remontrer à Trump en imposant aux candidats à la Maison Blanche de publier leur déclaration d’impôts. La mesure avait été aussitôt invalidée, à l’unanimité de la Cour suprême de l’Etat. En 2021, ils ont interdit la vente d’armes semi-automatiques aux jeunes de moins de 21 ans : l’initiative a été annulée le 11 mai par une cour d’appel fédérale. Le même traitement est à attendre pour le projet permettant aux citoyens de poursuivre les fabricants d’armes, modelé sur la loi anti-avortement du Texas, qui autorise n’importe qui à porter plainte contre ceux qui « facilitent » les avortements.

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