Archive dans 2022

« Sans eux, je ferme boutique » : de Paris au Pays basque, des patrons plaident pour la régularisation des travailleurs sans-papiers

FactuelFace aux pénuries de main-d’œuvre dans la restauration ou le bâtiment, de plus en plus d’employeurs défendent un meilleur accès aux titres de séjour.

Avec bagou et passion, souvent une cigarette roulée entre ses doigts, Etienne Guerraud parle des heures de son affaire, la « dernière grande brasserie indépendante de Paris ». Pour faire tourner Le Café du commerce, dans le 15e arrondissement, il recourt depuis des années à une main-d’œuvre étrangère. « Sans eux, je ferme boutique », dit-il, sans détour.

Les étrangers représentent 40 % de ses quelque cinquante salariés. Il y a Idriss et Hamadi, deux Mauritaniens, respectivement pâtissier et commis de cuisine, mais aussi Dieuvenor, un plongeur haïtien et Mamadou, un cuisinier malien… « Je ne les échangerais pas pour un Gaulois, ce sont des gars super. »

Dieuvenor, 30 ans, plongeur, est arrivé d'Haïti en 2017. Sa procédure de régularisation est en cours d’examen. Ici, dans la cuisine du Café du commerce, à Paris, en juin 2022.

Les procédures de régularisation, Etienne Guerraud les connaît bien aussi. Combien de fois un salarié s’est présenté à lui, après plusieurs mois de contrat, pour lui avouer qu’il lui avait présenté à l’embauche la carte de séjour d’un autre et qu’en réalité, il est sans-papiers ? On appelle cela travailler sous alias. A chaque fois, M. Guerraud a accompagné ses salariés tout au long de la fastidieuse et incertaine procédure de régularisation par le travail.

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Selon la circulaire ministérielle de 2012, dite Valls, qui fixe les critères selon lesquels un préfet peut exceptionnellement accorder un titre de séjour à un travailleur, celui-ci doit présenter vingt-quatre feuilles de paie, être présent en France depuis au moins trois ans et présenter une promesse d’embauche. Un peu plus de 8 000 personnes en ont bénéficié en 2021.

« Permettre un traitement plus rapide des régularisations »

Rien de simple. Dieuvenor, le plongeur haïtien de 30 ans, qui réunit toutes les conditions de régularisation depuis juin 2021, n’a obtenu un rendez-vous à la préfecture des Yvelines qu’en décembre 2022 pour déposer sa demande de titre de séjour. Il lui faudra attendre certainement plus d’un an avant d’avoir une réponse. D’ici là, il a « peur ». « On est au bout du bout, lâche Etienne Guerraud. Il faut simplifier les choses. »

Dieuvenor, plongeur au Café du commerce, montre la photo des funérailles de sa mère qui a eu lieu la semaine d’avant à Haïti. Ne pouvant pas s’y rendre, il a demandé à un ami de confiance de le représenter. A Paris, en juin 2022.

C’est pour dénoncer cette ineptie et l’inaccessibilité des préfectures aux travailleurs étrangers que la CGT devait organiser, mercredi 29 juin, un rassemblement devant la Direction générale des étrangers en France (DGEF) à Paris. Le syndicat veut « en finir avec le “bon vouloir” des préfectures » et que des régularisations puissent être enclenchées sur la simple présentation de preuves de travail. « Des pans entiers de l’économie ne fonctionneraient pas sans leur force de travail », insiste la CGT.

Ce discours, de plus en plus d’employeurs l’endossent. « La réalité c’est que tous les restaurateurs à Paris ont un travailleur sous alias, confie à son tour Jean Ganizate, cofondateur du groupe de restaurants Melt. Les Français ne veulent plus bosser dans les métiers difficiles. » M. Ganizate connaît bien la CGT qui l’a accompagné sur plusieurs dossiers de régularisation de commis sénégalais, papous ou bangladais. Aujourd’hui encore, il demande au syndicat de l’aider alors qu’un de ses sous-chefs, un Sri-Lankais en France depuis plus de dix ans, craint de basculer dans la clandestinité alors qu’il est sans nouvelle de sa demande de renouvellement de titre de séjour.

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Le constructeur des maisons Phénix placé en liquidation judiciaire

Une maison Phénix à Wizernes, dans le Pas-de-Calais, en 2019.

« Phénix, pour que chacun ait sa maison. » Ce slogan publicitaire qui a marqué les années 1970 a fait du groupe Geoxia, constructeur des célèbres maisons Phénix, un symbole de l’accession de masse à la maison individuelle. Son modèle a fait long feu. Le tribunal de commerce de Nanterre a placé quatorze sociétés sur les dix-sept du groupe en liquidation judiciaire, mardi 28 juin, faute d’offres de repreneurs pour son activité.

« J’y ai cru jusqu’à la dernière minute, c’est un peu le sol qui s’effondre sous mes pieds », a réagi Lucy Grolleau, secrétaire du comité social et économique (CSE) de l’entreprise. La liquidation « est à effet immédiat », a-t-elle ajouté, « j’ai demandé à tous les salariés de quitter leur lieu de travail ». Geoxia, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 252 millions d’euros en 2021, employait près de 1 150 personnes.

« Une nouvelle audience est prévue le 5 juillet pour examiner la poursuite d’activité des usines de Geoxia pendant trois mois, afin de produire les pièces utiles aux chantiers en cours », a détaillé le groupe dans un communiqué. L’AGS (le régime de garantie des salaires) « s’est saisie du dossier, afin que les salariés de Geoxia puissent toucher rapidement ce qui leur est dû », ajoute le groupe.

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Le plan de grands licenciements, qui cible les entreprises de plus de 200 employés, a été activé, a expliqué Bercy, « pour aider les salariés à retrouver un emploi dans un secteur que l’on sait en forte demande de main-d’œuvre ».

Faute d’avoir accès aux financements bancaires, après de premières difficultés à la fin des années 2000, la direction de Geoxia avait frappé à la porte du ministère de l’économie pour lui réclamer 70 millions d’euros. Elle s’était vu opposer une fin de non-recevoir.

« L’Etat ne peut pas financer seul les pertes passées et futures, sans aucun actionnaire. Il peut soutenir un repreneur mais ne peut pas se substituer à un actionnaire, a tranché Bercy. L’absence de repreneur est bien le signal des difficultés structurelles de l’entreprise. »

Inquiétude pour les chantiers en cours

Il faut, néanmoins, mener à bien les chantiers en cours. « Phénix a 300 maisons à finir », ce qui représente trois mois de travail, a assuré Fernando Cabete Neves, délégué syndical CFTC. Les trois usines de l’entreprise, qui fabriquait elle-même les dalles et charpentes de ses maisons, ont obtenu un sursis : l’Etat a décidé de financer leur poursuite d’activité pour mener à bien les chantiers en cours, a signifié le ministère de l’économie à l’Agence France-Presse.

Pour les chantiers ouverts, les assureurs vont prendre le relais, a précisé Bercy, en recrutant la main-d’œuvre et en prenant en charge les pénalités de retard et les surcoûts. « Ce sont eux qui vont prendre contact avec les assurés dans les prochains jours pour les tenir informés des prochaines étapes pour terminer leur chantier », poursuit le ministère.

Modèle économique fragilisé

Créé en 1946, Maisons Phénix s’est développé en France grâce à un modèle standardisé de maison individuelle, rapide et peu chère à construire. Le groupe fabriquait dans ses propres usines leur ossature, des charpentes métalliques, ensuite, apportées toutes faites sur les chantiers. Il avait connu des premières difficultés à la fin des années 2000, qui lui avaient coupé l’accès aux financements des banques.

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« C’est un peu un choc dans l’univers de la construction, parce que c’était la marque la plus renommée, mais les mésaventures de Geoxia ne sont pas forcément représentatives du marché de la maison individuelle ces dernières années », a réagi Damien Hereng, président de la Fédération des constructeurs de maisons individuelles.

La hausse des prix de l’immobilier et l’assèchement des aides à l’accession à la propriété, qui ont éloigné les ménages modestes de l’achat immobilier, l’ont privé de son cœur de cible. Et le groupe n’est pas parvenu à monter en gamme à temps. La crise sanitaire, puis la guerre en Ukraine, ainsi que la flambée des prix des matériaux et de l’énergie qui les ont accompagnées, lui ont porté le coup de grâce.

« Avec les contraintes de construction qui se sont ajoutées année après année, l’envolée des prix des matériaux et l’augmentation des prix des terrains, le client moyen qui achète une maison, aujourd’hui, est sensiblement différent de celui qui achetait il y a cinq ou six ans », résume Damien Hereng, président de la Fédération française des constructeurs de maisons individuelles.

Le Monde avec AFP

Radiations, suppressions d’allocations… Les demandeurs d’emploi doivent faire face à des sanctions plus musclées

Les demandeurs d’emploi qui manquent à leurs obligations font l’objet de sanctions plus musclées. C’est l’un des constats saillants du rapport annuel présenté mardi 28 juin par Jean-Louis Walter, le médiateur national de Pôle emploi chargé de traiter les différends entre l’opérateur public et les usagers. Cette tendance est liée, d’après lui, à l’une des dispositions de la réforme de l’assurance-chômage, adoptée durant le premier quinquennat d’Emmanuel Macron.

Les personnes inscrites à Pôle emploi ont des droits – par exemple être épaulées par un conseiller – mais aussi des devoirs – rechercher activement un poste, se présenter aux rendez-vous, mettre à jour leur dossier, etc. Celles qui ne tiennent pas leurs engagements s’exposent à des mesures répressives, pouvant se traduire par une radiation des listes assortie, le cas échéant, d’une suppression de l’allocation, pour des périodes plus ou moins longues.

Dans la loi de septembre 2018 « pour la liberté de choisir son avenir professionnel », le gouvernement d’Edouard Philippe a introduit de nouvelles règles, qui ont « semblé répondre à [la] préoccupation » d’établir une « gradation des sanctions », écrit M. Walter. Mais ce texte a, en réalité, « rigidifié les pratiques, en les enfermant dans un barème plus sévère encore et en fournissant une légitimité nouvelle aux postures excessives ». Sans livrer de chiffres, le médiateur observe « un usage fréquent des radiations de six mois et surtout [la] suppression définitive du revenu de remplacement », c’est-à-dire de l’indemnisation versée par le système. Certaines décisions, ajoute-t-il, paraissent « véritablement disproportionnées, tant dans leur gravité que dans leurs conséquences », les individus concernés étant privés de prestation et d’accompagnement.

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Injonctions des pouvoirs publics

De telles procédures avaient été suspendues au début de la crise sanitaire, tout comme les vérifications sur les recherches d’emploi effectuées par les chômeurs. Puis elles ont repris leur cours. En novembre 2021, M. Macron a annoncé un « renforcement des contrôles », comme le rappelle le rapport. C’est pourquoi le médiateur explique que les sanctions ne résultent pas uniquement d’une « vision des choses » portée par ceux qui les prononcent : elles découlent de l’application de textes et d’injonctions émanant des pouvoirs publics.

Précision importante : les requêtes imputables à des radiations représentent « à peine 3 % » des demandes adressées à M. Walter et à son réseau de médiateurs régionaux. Si les sanctions retiennent l’attention, c’est donc plus en raison de leur « inadéquation » que de « leur fréquence ». Dès lors, il convient « de prendre en compte la situation spécifique de la personne », en se fondant « sur des faits et non sur l’application mécanique d’un barème ».

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SNCF : derrière la grève du 6 juillet, un mal-être social

Nadia dit en « avoir mal au bide » quand elle va travailler. Cette gestionnaire des plannings des conducteurs de trains de banlieue au nord de Paris, également déléguée SUD-Rail (son prénom a été changé), a participé à une grève locale les 23 et 24 juin derniers qui a touché les établissements de Paris-Nord et Paris-Saint-Lazare. « J’ai vingt-deux ans d’ancienneté et je n’ai jamais vu un tel niveau d’attaques contre nos savoir-faire, un tel niveau de souffrance physique et morale », raconte-t-elle. Sa bête noire personnelle, c’est un logiciel baptisé Orion en train d’être déployé chez Transilien – les trains et RER d’Ile-de-France. Le nouvel outil est accusé de « forcer la productivité, de conduire à des suppressions d’emploi, à une déshumanisation du travail ».

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Le cas de Nadia est emblématique d’un mal-être qui traverse le corps social de la SNCF et qui semble s’accentuer depuis quelques mois. Il s’exprimera à travers une grève nationale le mercredi 6 juillet pour la défense des salaires et du pouvoir d’achat. Trois syndicats, la CGT-Cheminot, première organisation représentative du groupe ferroviaire, SUD-Rail, le numéro trois, et la CFDT, le numéro quatre, appellent de façon unitaire à débrayer au cours de la première semaine de départs en vacances. L’UNSA-Ferroviaire, deuxième syndicat de l’entreprise, devait décider, mardi 28 juin, lors d’un bureau fédéral, s’il rejoint le préavis commun.

Mouvements sporadiques

Mais cette journée du 6 juillet n’est que la face cachée d’une grogne sociale qui prend la forme de dizaines de petites grèves, journées de débrayages et de protestation contre, là, une réorganisation, ici, la suppression de quelques postes, ailleurs, la crainte de l’arrivée de la concurrence dans les TER locaux.

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L’agitation aurait tendance à se concentrer en Ile-de-France, en Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), première région à avoir attribué une ligne TER à un concurrent, laquelle a connu deux journées de perturbation les 20 et 21 juin, ainsi que dans la région Nouvelle-Aquitaine, en proie à des mouvements sporadiques depuis plusieurs semaines et où une grève a perturbé le trafic des TER lundi 20 juin. Des mouvements sociaux affectent également plusieurs établissements de maintenance, où les salaires sont parmi les plus bas de l’entreprise, et où les difficultés de recrutement de la main-d’œuvre ont conduit à de nombreuses annulations de TGV la semaine dernière.

« Dans tous les métiers, conduite, maintenance, gestion du réseau, on n’arrive plus à recruter » Didier Mathis, secrétaire général de l’UNSA-Ferroviaire

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Le gouvernement met fin au gel du point d’indice des fonctionnaires avec une augmentation de 3,5 %

Stanislas Guerini, le ministre de la fonction et de la transformation publiques, à l’Elysée, le 21 juin 2022.

Le suspense durait depuis des mois. Mardi 28 juin, Stanislas Guerini, le nouveau ministre de la transformation et de la fonction publiques, y a mis fin : les agents publics bénéficieront d’une augmentation générale de 3,5 %, en une seule fois et ce dès le 1er juillet. Cela représentera 7,5 milliards d’euros. M. Guerini a réservé la primeur de l’annonce de cette revalorisation, pensée comme « une mesure efficace pour protéger le pouvoir d’achat des fonctionnaires » en cette période de forte inflation, aux organisations syndicales et aux employeurs publics, mardi matin, lors d’une conférence salariale.

« C’est l’augmentation la plus forte depuis 1985, précise l’entourage du ministre. A cela s’ajoutent les augmentations individuelles automatiques de 1,5 % en moyenne par an. Aujourd’hui, nous avons 700 000 agents au smic. Avec cette mesure, il n’y en aura plus. »

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Il n’est pas certain que l’argumentation suffise cependant à convaincre le secteur public. La première organisation représentative, la CGT, demandait « 10 % minimum », une rétroactivité au 1er janvier et une indexation du point d’indice sur l’inflation. « Nous estimons la perte de pouvoir d’achat à 10 % ou 11 % depuis 2010, explique Céline Verzeletti, secrétaire confédérale de la CGT, et l’on continue à en perdre. » Pour la CGT, 3 % ou 4 % d’augmentation du point, « ce serait du mépris et de la provocation ». Force ouvrière, troisième syndicat, réclamait, lundi encore, « une revalorisation du point d’indice et un rattrapage des pertes subies depuis 2000, à savoir 25 % », assorties de diverses mesures financières.

La CFDT, de son côté, souhaitait que la hausse soit « bien supérieure à 3 % ». Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT-Fonctions publiques, deuxième organisation, rappelle que, « plus vous augmentez la valeur du point, plus ça bénéficie aux hauts salaires et plus vous accentuez donc les écarts ». Certes, la CFDT demandait « une mesure significative qui se voit pour tout le monde », mais, insiste-t-elle, cela ne doit pas empêcher de s’occuper des « bas de grille des [catégories de fonctionnaires] B et des C, qui sont au smic ».

Inflation « forte et durable »

De fait, Stanislas Guerini devait également présenter de nouvelles mesures destinées aux moins rémunérés de la catégorie B. Car, depuis le rattrapage consenti aux fonctionnaires de catégorie C passés sous le smic, ils avaient perdu leur avantage salarial. D’autres améliorations sont prévues, liées aux frais de déplacement ou à la restauration.

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« Et donc je suis partie un mois en télétravail à Bali » : pour retenir les jeunes diplômés, le pari de l’ultraflexibilité

C’est lundi au bureau, et pourtant il flotte un air de vendredi après-midi dans les locaux de Welcome to the Jungle, entreprise de 270 salariés, située dans le quartier du Sentier, à Paris. Les étages, aménagés en « flex office », sont presque déserts. Une jeune femme nous salue, traînant derrière elle sa valise à roulettes. Mais où sont les gens ? A Nantes, à Marseille, à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), dans le Perche. En télétravail.

En cette nouvelle ère post-Covid-19, les salariés de cette grosse start-up spécialisée dans les annonces d’emploi en ligne (avec une moyenne d’âge de 30 ans) ne sont tenus de venir au bureau qu’un seul jour par mois. Le reste du temps, ils fréquentent les locaux à leur convenance. « Du moment qu’ils atteignent leurs objectifs, les gens organisent leur journée comme ils veulent, travaillent d’où ils veulent. Si quelqu’un veut commencer sa journée de chez lui, puis venir au bureau à midi, ce n’est plus tabou. S’il veut aller à la piscine et travailler plus tard, c’est à lui de voir », expose Pierre-Gaël Pasquiou, l’un des associés.

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Nombre de salariés de Welcome to the Jungle ont profité de ces nouvelles règles pour rendre les clés de leur appartement parisien. D’autant que, pour la journée mensuelle obligatoire au bureau, organisée au niveau de chaque équipe, l’entreprise prend en charge le train et la nuit d’hôtel à Paris. « Ce jour-là, nous en profitons pour maximiser les effets de la présence de tout le monde, avec des réunions, des ateliers, un déjeuner commun, un apéro le soir », poursuit Pierre-Gaël Pasquiou.

Commerciale chez Welcome to the Jungle, Constance Goncalves a largué ses 30 mètres carrés près du canal Saint-Martin et acheté en mars un 60 mètres carrés à Marseille, « rue d’Endoume, dans le 7e, comme plein de Parisiens. Dans cette ville, j’ai l’impression d’être en vacances toute l’année. Le midi, je peux aller faire un tour à la plage. » Le bureau lui manque parfois, un peu moins depuis que « Welcome » lui loue un espace dans un coworking sur le Vieux-Port. « Ça permet de retrouver, quelques jours par semaine, une ambiance, des collègues. On est six de l’entreprise à avoir déménagé à Marseille, pour la qualité de vie », raconte cette diplômée d’un master en communication.

« Un management qui ne flique pas »

Après l’expérience du télétravail pendant les confinements, les mobilités et la liberté d’organisation que celui-ci a enclenchées, le retour à la vie d’avant est devenu impossible. Le génie est sorti de la lampe. Les experts interrogés par Le Monde le confirment : sans possibilité de télétravail, sans flexibilité dans l’organisation de celui-ci, difficile d’attirer ou de retenir les jeunes diplômés, à l’heure où le marché de l’emploi les place en position de force, avec de grosses tensions dans certains domaines de compétences.

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Congés : le silence peut valoir acceptation

Droit social. Tout salarié a droit à des jours de congés rémunérés par son employeur sous la forme d’une indemnité de congés payés. Chaque mois de travail effectif complet ouvre ainsi droit à un congé payé de 2,5 jours ouvrables.

Si le calcul des droits acquis à congés donne lieu à un contentieux non négligeable au vu de la complexité du code du travail et des conventions collectives parfois applicables, l’organisation des congés payés au sein de l’entreprise génère aussi nombre de litiges.

La loi fixe un cadre impératif auquel ni les conventions collectives qui peuvent compléter le code du travail, ni a fortiori la décision unilatérale de l’employeur ne peuvent déroger. Ainsi, le droit à congés est nécessairement annuel.

Au moins douze jours de congés continus doivent être accordés dans la période du 1er mai au 31 octobre de chaque année. Le congé principal peut être fractionné lorsqu’il est d’une durée supérieure à douze jours ouvrables avec l’accord du salarié.

Sauf dans certaines circonstances, la cinquième semaine et, plus généralement, les jours acquis au-delà de vingt-quatre jours doivent être pris à part. Les conjoints et les partenaires liés par un PACS travaillant dans une même entreprise ont droit à un congé simultané. De plus, des règles particulières s’appliquent aux jeunes salariés, aux salariés étudiants et aux salariés ayant des enfants à charge.

La responsabilité de l’employeur

Sous réserve de l’application de ces règles, l’employeur a, en vertu de son pouvoir de direction, celui de fixer les dates de prise de congés après avis du comité social et économique lorsqu’il en existe dans l’entreprise. Aussi, est considéré comme une faute susceptible d’une sanction pouvant aller jusqu’au licenciement le départ d’un salarié en juillet, alors que l’employeur lui avait imposé de prendre ses vacances en septembre.

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Il est toutefois très fréquent, lorsque les congés sont donnés par roulement, que les salariés d’un même service s’arrangent entre eux sur la fixation des dates, l’employeur se contentant de les enregistrer ou de trancher les différends.

De même, un salarié peut proposer des dates qui lui conviennent et il arrive que la demande soit formulée à l’oral. Des difficultés peuvent survenir lorsque, sans réponse expresse de l’employeur, le salarié part tout de même en congé. Une absence dans ces circonstances peut être qualifiée de faute par l’employeur. Il prononce alors une sanction disciplinaire.

Une telle affaire vient d’être tranchée par la chambre sociale de la Cour de cassation le 6 avril 2022. Conformément à une interprétation constante de ce type de situation, la haute juridiction judiciaire approuve la cour d’appel qui avait annulé la sanction. L’employeur ne justifiait d’aucune consigne précise imposant au salarié d’obtenir un accord exprès préalable à la prise de congés et il n’a de surcroît pas pu apporter la preuve d’un refus exprès.

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Bordeaux : les soignants du CHU appelés à une grève illimitée à partir de mardi

Les urgences de nuit de l’hôpital Pellegrin sont régulées la nuit depuis la fin mai 2022, faute de personnel en nombre suffisant.

Ils réclament des embauches et des augmentations de salaire, avant un été qui s’annonce « très compliqué ». Les soignants du CHU de Bordeaux, l’un des plus gros de France, sont appelés à une grève illimitée par leurs syndicats à partir du mardi 28 juin.

Citant en vrac « le point d’indice gelé », les « primes aléatoires », le « manque de recrutement », la « fermeture des services et des lits », « l’externalisation galopante », le « rappel illégal sur repos et congés », les syndicats FO, CGT et SUD-Santé demandent des embauches, alors que le manque de bras a déjà poussé la direction à filtrer l’accès aux urgences à partir de 17 heures, depuis la fin du mois de mai.

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Pour attirer de nouvelles recrues, les syndicats réclament ainsi une hausse des salaires « de 300 euros minimum » pour les personnels soignants, administratifs et techniciens.

« C’est la première fois qu’une grève illimitée est organisée l’été. On est au point de non-retour », a expliqué Alain Es Sebbar, secrétaire de la CGT de l’hôpital Pellegrin, l’un des trois établissements du CHU.

Selon Jacques Ollivier, délégué SUD-Santé pour le CHU, cet appel s’adresse à tout le personnel soignant, soit quelque 11 000 personnes, « infirmières et aides-soignantes, mais aussi 180 autres métiers, comme techniciens de laboratoire, secrétaires médicales, manipulateurs radiologistes, kinés, assistantes sociales, blanchisseurs ». Avec plus de 14 000 employés, le CHU est le premier employeur de Nouvelle-Aquitaine.

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« A ce stade, nous comptabilisons cinq préavis sur les 8 222 agents prévus au planning [mardi] matin », a précisé, lundi soir, le service de communication de l’hôpital. Même en grève, le personnel hospitalier est tenu d’assurer un service minimum.

Selon Pascal Gaubert, représentant FO au CHU, « cette grève est plutôt politique et symbolique, pour faire pression sur la direction cet été, pour voir s’ils tiennent leur promesse d’embaucher ».

600 lits fermés cet été

Pour soulager les personnels, la direction a déjà annoncé la semaine dernière que 600 lits seraient fermés cet été. « Il faut pouvoir donner des congés, trois semaines, entre juin et septembre, car on veut protéger les équipes, les professionnels qui aiment leur travail, pour ne pas qu’ils fuient l’hôpital », expliquait Stéphanie Fazi-Leblanc, directrice générale adjointe du CHU. Mais pour Alain Es Sebbar, « ce n’est pas nouveau, [les 600 lits] sont déjà fermés ».

Il faut absolument embaucher, « sinon, c’est le crash », insiste Pascal Gaubert, de FO. « Il nous manque 200 postes vacants sur le CHU, surtout chez les infirmières et les aides-soignants, et nous avons un absentéisme de 12 % en moyenne, avec aujourd’hui près de 250 personnes en arrêt. Cela fait quasiment 500 agents en moins. »

« Tout le monde est touché, pas seulement les soignants. Rien que sur les préparateurs en pharmacie, cinq partent cet été », alerte aussi Alain Es Sebbar.

Selon ces élus syndicaux, la direction a promis l’arrivée de 250 agents sortis d’école de la fin août à octobre. « Mais encore faut-il (…) qu’on arrive à les garder et pérenniser sur les postes », tempère M. Gaubert.

Le Monde avec AFP

Avortement : les entreprises américaines entre soutien et embarras

Des militants du droit à l’avortement manifestent contre la décision de la Cour suprême de revenir sur le droit à l’IVG, à Washington, le 26 juin 2022.

Avec la loi au Texas prohibant depuis 2021 l’avortement au-delà de six semaines et la fuite dans la presse, début mai, de la décision de la Cour suprême des Etats-Unis renvoyant aux Etats la charge de légiférer sur l’accès à l’avortement, les entreprises américaines avaient eu le temps de se préparer.

Depuis des semaines, les grandes compagnies de la tech, des médias ou de la finance ont annoncé qu’elles prendraient en charge les frais de déplacement de leurs salariées, si celles-ci ne peuvent pas avoir accès à un avortement près de leur domicile.

Apple, ATT, Tesla, J.P. Morgan, Citigroup, Starbucks, Uber, Yelp, toutes ont annoncé leur intention de pallier les conséquences de la décision de la Cour suprême des Etats-Unis. Dans le détail, le plan santé de Netflix offre une enveloppe de 10 000 dollars (9 450 euros) tout au long de la vie, pour des traitements non couverts dans l’Etat de résidence. Amazon dit prendre en charge les déplacements de ses salariés à hauteur de 4 000 dollars par an.

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Cette liste de noms cache des grands muets. Lorsque la décision est tombée vendredi 24 juin, McDonald’s, PepsiCo, Coca-Cola, General Motors, Tyson et Marriott n’ont pas répondu aux sollicitations de l’agence AP, tout comme Walmart. Le premier employeur du pays avec 1,7 million de salariés est particulièrement implanté dans le sud du Midwest, cette région où l’avortement va devenir très largement interdit.

Disney, qui a maille à partir avec l’Etat conservateur de Floride, a attendu l’arrêt pour communiquer sur sa prise en charge des déplacements des femmes. Si la plupart des assurances des grandes entreprises couvrent les frais médicaux d’avortement, 10 % des salariés américains sont sous un plan qui l’interdit explicitement dans la plupart des cas, selon une enquête 2019 de la Kaiser Family Foundation.

« Prendre position »

« Les avantages médicaux commencent soudainement à devenir très politiques, et cela oblige les employeurs à prendre position », déclare au Wall Street Journal (WSJ) le courtier en assurance Michael Turpin (USI Holdings). Les entreprises doivent aussi trouver un équilibre entre l’émotion, les revendications de leurs employés et de certains de leurs clients choqués et leurs interlocuteurs républicains ; ces derniers approuvent à 78 % la décision de la Cour suprême, selon un sondage CBS, tandis que le rejet global de la population est de 59 %. La Business Roundtable, qui représente certaines des entreprises les plus puissantes du pays, a déclaré au Washington Post qu’elle « n’a pas de position sur le fond de l’affaire ».

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Des routiers en grève pour réclamer des revalorisations salariales, des barrages filtrants dans plusieurs zones industrielles

Des barrages filtrants avec distribution de tracts étaient organisés, lundi 27 juin dans la matinée, à l’entrée de plusieurs zones industrielles un peu partout en France à l’appel des syndicats de routiers qui réclament des revalorisations salariales.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Les employés du transport routier lancent une campagne de mobilisation pour les salaires

Des barrages étaient en place dès l’aube à Orléans (Loiret), Miramas (Bouches-du-Rhône) ou encore Lunéville (Meurthe-et-Moselle), d’après la Confédération générale du travail (CGT), occasionnant des ralentissements.

Dans les Hauts-de-France, deux barrages filtrants organisés à l’entrée de deux grandes zones d’activité logistiques, l’une à la sortie de Lille et l’autre près d’Arras (Pas-de-Calais), ont provoqué d’importantes files de véhicules à l’heure de pointe.

A Lille, sur une sortie d’autoroute en direction de Valenciennes, une cinquantaine de personnes en gilets orange de la Confédération française démocratique du travail (CFDT) étaient mobilisées, bloquant la sortie d’autoroute qui mène à la zone d’activité du Mélantois, non loin de l’aéroport, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse.

Ils distribuaient des tracts aux automobilistes, critiquant la « politique de l’autruche » en matière de salaire des « patrons du transport et du gouvernement », en dépit des « hausses successives dues à une inflation galopante et exponentielle, une forte pénurie de salariés (…) et le pouvoir d’achat qui fond comme neige au soleil ».

Perspective d’une rentrée potentiellement agitée

« La plupart des minima des branches conventionnelles sont en dessous du smic », a expliqué Fabrice Michaud, délégué CGT-Transports, avant d’ajouter :

« En plus, il n’y a pas de volonté du patronat [d’augmenter les salaires], car plus ils donnent des salaires proches du smic, plus ils ont des exonérations. »

Les syndicats de routiers demandent la réouverture immédiate des négociations salariales après celles d’octobre, qui avaient débouché sur une revalorisation des grilles de 6 %.

L’objectif de cette journée « est de se compter », dans la perspective d’une rentrée potentiellement agitée, selon M. Michaud. « On s’est fixés septembre pour un mouvement significatif si on n’a pas d’écho favorable du gouvernement et du patronat », a-t-il prévenu.

Un peu plus tard dans la matinée, les zones industrielles de Nantes (Loire-Atlantique), Caen (Calvados) et Moissy-Cramayel (Seine-et-Marne) étaient à leur tour ralenties par des barrages filtrants.

A 11 heures, les routiers avaient pour projet d’installer le même dispositif devant l’entrepôt Amazon situé près de Metz.

L’ensemble des professionnels du transport routier, qui comprend les routiers ainsi que les chauffeurs de car, les ambulanciers ou les transporteurs de fonds, sont appelés à la grève par une intersyndicale composée de la CGT, la CFDT, Force ouvrière (FO), la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) et la Confédération française de l’encadrement-Confédération générale des cadres (CFE-CGC).

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Dans la cabine des routières : « On est toutes piquées au gasoil ! On aime les bruits de piston, on aime nos camions, on fait équipe ensemble »

Le Monde avec AFP